L'Algérie ouvre l'exploitation de ses réserves de gaz naturel aux États-Unis

Le gouvernement algérien négocie avec deux entreprises américaines la concession de l'exploitation des importantes réserves de gaz naturel du pays

Responsables de Exxon y de la empresa estatal argelina Sonatrach - PHOTO/Redes sociales
Responsables d'Exxon et de la société publique algérienne Sonatrach - PHOTO/Réseaux sociaux
  1. Accord sans précédent
  2. Message aux États-Unis
  3. Troisième réserve mondiale
  4. Principal fournisseur de gaz de l'Espagne

L'Algérie a franchi une étape importante dans sa stratégie de rapprochement avec Washington, craignant que son alliance traditionnelle avec la Russie ne la mette en difficulté vis-à-vis de la politique étrangère de l'administration Trump.

Accord sans précédent

Cette avancée consiste en la négociation avec deux entreprises énergétiques américaines, ExxonMobil et Chevron, d'un accord sans précédent qui leur permettra d'exploiter les réserves algériennes de gaz naturel, une première dans l'histoire du secteur énergétique algérien.

L'accord portera sur l'exploitation des réserves de gaz dit « de schiste », qui est le gaz naturel piégé dans des formations rocheuses à faible perméabilité, en particulier dans les roches schisteuses. L'extraction de ce type de gaz nécessite des techniques spéciales telles que la fracturation hydraulique, connue sous le nom de « fracking », pour accéder aux pores et aux fractures de la roche à de grandes profondeurs. Ces techniques sont à la portée de grandes entreprises telles que les sociétés américaines.

Selon Samir Bakhti, responsable de l'Autorité de régulation de l'énergie pétrolière algérienne, les négociations sont entrées dans leur phase finale et les aspects techniques de l'accord ont déjà été finalisés. Seuls les détails commerciaux, qui sont encore en cours de négociation, restent à régler.

Sede de la empresa estatal de energía Sonatrach en Argel, Argelia - REUTERS/RAMZI BOUDINA
Siège de la société publique d'énergie Sonatrach à Alger, Algérie - REUTERS/RAMZI BOUDINA

Message aux États-Unis

M. Bakhti a souligné que l'accord avec ExxonMobil et Chevron constitue un message important, à un moment où le pays mise sur l'exploitation du gaz de schiste pour augmenter les recettes de l'État. Il faut garder à l'esprit que l'Algérie dépend largement du secteur pétrolier et gazier, qui représente plus des trois quarts de ses exploitations annuelles.

Le message auquel faisait référence le responsable de l'Autorité algérienne du pétrole est lié au contexte géopolitique actuel : l'Algérie s'efforce de se rapprocher des États-Unis depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, craignant que son alliance avec la Russie ne lui vaut des sanctions de la part de Washington.

C'est Marco Rubio, l'actuel secrétaire d'État, qui, lorsqu'il était sénateur, a appelé à l'imposition de sanctions contre l'Algérie en raison des accords militaires qu'elle avait conclus avec la Russie.

C'est pourquoi, peu après la victoire de Trump aux dernières élections présidentielles, l'ambassadeur d'Algérie à Washington, Sabri Bouadoum, a exprimé la volonté de son pays d'ouvrir ses portes aux investissements des entreprises américaines.

Troisième réserve mondiale

L'accord avec ExxonMobil et Chevron pourrait marquer le début de l'arrivée d'investisseurs américains en Algérie, car le secteur du gaz de schiste est très intéressant pour les États-Unis : l'Algérie possède la troisième plus grande réserve prouvée de ce type de gaz au monde, derrière la Chine et l'Argentine, et devant les États-Unis.

De plus, la nécessité pour l'Europe de trouver des sources d'énergie alternatives au gaz russe constitue un avantage stratégique dont le gouvernement algérien souhaite tirer parti, imitant précisément les États-Unis qui, grâce à l'exploitation du gaz de schiste par la fracturation hydraulique, sont passés en 15 ans du statut d'importateur net d'énergie à celui de l'un des plus grands exportateurs mondiaux.

En effet, l'Algérie dispose déjà de certaines infrastructures qui permettraient d'avancer dans ce processus : le premier puits pilote d'extraction de gaz de schiste a été ouvert en 2014 dans les bassins d'Ahent et de Barkin, des zones riches en ce combustible.

Le pays a profité de la nécessité pour les pays européens de trouver une source d'approvisionnement alternative au gaz russe depuis l'invasion de l'Ukraine et s'est positionné sur le marché international du gaz, grâce à divers accords avec des entreprises italiennes, britanniques et américaines, par l'intermédiaire de son entreprise publique Sonatrach.

Yacimiento de gas de Hassirmel, en Argelia - PHOTO/Sonatrach
Gisement gazier de Hassirmel, en Algérie - PHOTO/Sonatrach

Principal fournisseur de gaz de l'Espagne

Dans le cas de l'Espagne, l'Algérie est le principal fournisseur de gaz naturel, avec 38,5 % du total des importations en 2024, devant la Russie. L'Algérie a fourni à notre pays un total de 131 202 GWh en 2024, dont 105 891 GWh via le gazoduc Medgaz et 25 311 GWh sous forme de gaz naturel liquéfié. Ce chiffre représente une augmentation de 12,8 % par rapport au gaz naturel importé d'Algérie en 2023.

Au cours des dernières années, ce n'est qu'en 2022 que l'Algérie a perdu son statut de premier fournisseur de gaz de l'Espagne, lorsque, en raison de la crise énergétique, ses chiffres ont été dépassés par ceux des États-Unis.