L'Algérie approuve un budget avec le déficit le plus élevé de son histoire
Un mois après sa réélection à la présidence de l'Algérie, Abdelmadjid Tebboune a approuvé, lors d'une réunion du Conseil des ministres, les nouveaux budgets de l'État dans le cadre du nouveau projet de loi de finances (PLF) pour les années 2025, 2026 et 2027.
Avec un record historique de 125,34 milliards de dollars, le budget approuvé par l'exécutif algérien est en hausse de 9,9 % par rapport à celui ratifié l'année dernière. Sur la base du prix fiscal du baril de pétrole à 60 dollars et 70 dollars sur le marché, la Banque nationale d'Algérie a estimé la croissance du produit intérieur brut (PIB) à 4,5 % en 2025, en raison d'une augmentation de 1,9 % des exportations d'hydrocarbures. Cette croissance est en partie due à l'évolution du taux de change du dinar algérien qui est passé de 253 à 257 pour un euro. De ce fait, l'augmentation n'a pas augmenté les caisses de l'Etat.
Suite à cette augmentation, le déficit budgétaire atteindra 61,72 milliards de dollars, soit 21,8 % du PIB, ce qui représente une augmentation de 3,5 % par rapport à 2024, malgré l'augmentation de 9 % des recettes fiscales due aux hausses d'impôts approuvées lors de la dernière année du mandat de Tebboune.
L'augmentation du déficit budgétaire est inquiétante car, selon une loi universelle, elle peut accélérer l'inflation. Le désastre économique causé par l'administration actuelle est si dévastateur que, pour maintenir l'équilibre budgétaire, le prix du baril de pétrole devrait être d'au moins 140 dollars en 2023 et de plus de 150 dollars en 2024, par rapport aux 110 dollars requis pour 2021-2022.
La dépréciation du dinar officiel par rapport au marché parallèle, avec un taux de change de 253 à 257 dinars pour un euro entre le 10 et le 13 octobre 2024, augmente artificiellement les recettes fiscales du dinar des hydrocarbures. Les exportations s'améliorent, mais l'inflation sur les produits importés s'aggrave.
L'un des signes les plus inquiétants de l'état du gouvernement est l'augmentation du budget de la défense, estimé à 25 milliards de dollars, ce qui en fait le poste le plus important de tous. Avec une augmentation de 2 milliards de dollars par rapport à 2024, le ministère de la Défense recevra 19,8 % du total.
Cela a provoqué un large désaccord au sein de la population, car la principale victime de ces augmentations est le poste des dépenses sociales. Avec 4 953 millions, ce poste a été réduit de plus de 750 % au cours des trois dernières années.
La situation régionale difficile et la compétition pour le contrôle stratégique ont affecté la planification du budget annuel, puisque des fonds supplémentaires ont été alloués au secteur de la défense pour d'éventuels contrats d'armement. En outre, les forces de Khalifa Haftar se rapprochent des villes stratégiques algériennes, ce qui nécessite davantage de fonds pour couvrir les besoins croissants en matière de défense.
Le budget de la défense de l'année dernière a suscité la controverse dans le monde entier, les États-Unis s'inquiétant du fait que les fonds pourraient être utilisés pour conclure des contrats d'armement avec la Russie. Plusieurs sénateurs se sont intéressés à la question et ont demandé à l'administration américaine d'intervenir pour placer l'Algérie sur la liste des pays ennemis en raison de son intérêt pour la signature d'un contrat d'armement avec la Russie.
Cependant, la guerre russo-ukrainienne et l'opposition des membres fondateurs à l'entrée de l'Algérie dans le groupe des BRICS ont provoqué des tensions entre les deux pays. Cela a conduit à une impasse dans les négociations sur les nouveaux contrats d'armement, la Russie n'étant pas en mesure de répondre aux exigences de l'Algérie. En conséquence, l'Algérie semble chercher d'autres marchés pour ses besoins en armement.
Sur le total, 2,619 milliards de dollars seront distribués pour les céréales, 750 millions de dollars pour les produits laitiers, 660 millions de dollars pour l'eau potable, 173 millions de dollars pour les dépenses énergétiques et 750 millions de dollars pour le sucre et la stabilisation des prix du pétrole.
La croissance économique devrait tout de même atteindre 4,5 % entre 2025 et 2026, mais devrait ralentir à 3,7 % en 2027 en raison du ralentissement de la croissance du secteur des hydrocarbures. Le secteur des hydrocarbures connaîtra une croissance de 2,4 % en 2025, restera stable en 2026 et devrait ensuite chuter de 2,6 % en 2027. Hors hydrocarbures, la croissance économique devrait être en moyenne de 5 % sur les années 2025-2027, avec 5 % en 2025, 5,3 % en 2026 et 4,8 % en 2027.
Le PIB sera de 278,71 milliards de dollars en 2025, 300,71 milliards de dollars en 2026 et 308,13 milliards de dollars en 2027. En 2025, la balance des paiements affichera un excédent de 1,17 milliard de dollars, qui passera à un déficit de 540 millions de dollars en 2026, en raison du déficit attendu des services et des recettes, mais devrait s'équilibrer en 2027.
Malgré une économie stable grâce aux revenus des hydrocarbures et à des réserves de change de 70 milliards de dollars, l'inflation et le chômage restent élevés. La dette nationale brute/PIB augmenterait, selon le FMI et d'autres institutions internationales, pour atteindre 55,1 % en 2023, 58,8 % en 2024 et 63,9 % en 2025. Ces éléments montrent l'importance d'une bonne gestion des finances publiques pour assurer la stabilité économique à long terme.