La Tunisie, la Libye et l'Algérie cherchent à accroître leurs relations commerciales et à créer des zones de libre-échange
Des organisations professionnelles, des décideurs politiques et des entreprises privées se réunissent à l'occasion du 6e Forum annuel d'investissement Tunisie-Libye-Algérie afin de promouvoir l'ouverture des marchés et d'améliorer les chiffres du commerce

Le 6e Forum annuel d'investissement Tunisie-Libye-Algérie, organisé par le Conseil suprême des hommes d'affaires tunisiens et libyens, s'est achevé le dimanche 29 septembre.
Le forum, dont le thème était « Les perspectives d'investissement dans les pays voisins », s'est tenu sur l'île tunisienne de Djerba, où se sont réunis des représentants d'organisations professionnelles, d'entreprises privées, d'administrations publiques et des représentants politiques des trois pays d'Afrique du nord.
Objectif : améliorer les échanges
Les principaux objectifs de ce forum, qui en est à sa sixième édition, sont, d'une part, d'exploiter les capacités logistiques des trois pays en établissant des liaisons terrestres, maritimes et aériennes pour faciliter les échanges commerciaux et, d'autre part, de rechercher des mécanismes efficaces pour assurer l'ouverture réciproque des marchés des trois pays en protégeant les marques et les appellations d'origine.

Tout cela dans le but de renforcer les trois économies et d'améliorer les chiffres de leurs échanges dans les années à venir, qui pourraient être considérablement améliorés. Il est à espérer que la tenue de ces forums permettra de débloquer des dossiers en suspens entre les trois pays, tels que la nécessité d'ouvrir davantage de postes frontières entre la Tunisie et l'Algérie, ou de relancer le projet de zone économique Tunisie-Libye, gelé depuis un certain temps.
Selon les derniers chiffres disponibles, les échanges commerciaux entre la Tunisie et la Libye ont augmenté de 10,8 % au cours des deux dernières années, dépassant pour la première fois le milliard de dollars par an. Les deux gouvernements visent un chiffre de 1,7 milliard de dollars par an à moyen terme.

Pour sa part, la valeur des échanges entre la Tunisie et l'Algérie a atteint 1,3 milliard de dollars en 2023, soit une augmentation de 24 % par rapport à l'année précédente.
Les échanges entre la Libye et l'Algérie sont en moins bonne posture, avec à peine 65 millions de dollars par an, mais il ne faut pas oublier que les économies des deux pays, tous deux membres de l'OPEP, sont basées sur les exportations de pétrole et de gaz naturel, et qu'il est donc logique que les échanges entre les deux pays soient moins importants.
Des propositions concrètes
La réunion a permis de mettre sur la table des propositions concrètes. Parmi ces mesures figure, par exemple, l'ouverture d'un des points de passage entre la Tunisie et la Libye, celui de Mashhad Saleh, qui a été fermé, ainsi que celui de Ras Jdeir, à la suite de la crise frontalière provoquée par l'afflux d'immigrés subsahariens.
Le point de passage de Ras Jdeir a été ouvert en juillet dernier, suite à un accord entre les gouvernements tunisien et libyen, mais le point de passage de Mashhad Saleh reste fermé, ce qui affecte les échanges commerciaux entre les deux pays.

D'autre part, au cours des deux sessions du 6e Forum annuel de l'investissement, la création d'une nouvelle ligne maritime reliant la ville de Zarzis, dans le sud-est de la Tunisie, à Tripoli, la capitale de la Libye, a été proposée.
En outre, il est également proposé d'établir des vols directs entre l'aéroport de Djerba (Tunis) et diverses destinations en Libye et en Algérie.
Selon Abdul Hafeez Al-Sakroufi, président du Conseil suprême des hommes d'affaires tunisiens et libyens, organisateur du forum, « toute coopération contribuera à fournir davantage d'opportunités d'emploi et à établir des projets conjoints qui feront progresser les économies de ces pays et bénéficieront des opportunités et des capacités disponibles dans chaque pays ».

Pour sa part, Abdul Muttalib Ali Baqis, membre du Conseil suprême de l'Etat en Libye, a considéré le forum comme une opportunité pour promouvoir l'investissement, discuter des obstacles à surmonter et créer un environnement économique encourageant entre les trois pays en fournissant un environnement législatif approprié, ainsi que des incitations et des privilèges aux investisseurs.
Du côté algérien, Khaled Bulbul, président de la Confédération algérienne des entrepreneurs, a souligné que le forum est une occasion d'étendre les réseaux sociaux, d'échanger des expériences et des connaissances, d'activer davantage les partenariats, d'unifier les visions, de coopérer et de soutenir les investissements.
Maysar Al-Baroudi, de la Fédération tunisienne des entreprises, a souligné la nécessité d'une coopération conjointe entre les organisations d'entreprises tunisiennes, libyennes et algériennes afin de progresser dans le secteur de la formation professionnelle, un axe stratégique pour le développement des ressources humaines.

Coopération tripartite
Les forums d'investissement qui réunissent les trois pays répondent à la nécessité d'intensifier les relations commerciales entre les trois pays, afin de constituer un bloc économique qui canalise les investissements étrangers vers le reste du continent africain.
Cet objectif a été mis sur la table lors d'une rencontre en avril dernier entre les dirigeants des trois pays : le président tunisien Kais Saied, le président algérien Abdelmadjijd Tebboune et le chef du Conseil présidentiel libyen, Mohamed Menfi.