Le Maroc : futur centre régional du lithium et des batteries électriques

Le pays s'impose comme un acteur de premier plan dans le secteur du lithium et des batteries électriques grâce à des projets ambitieux avec des partenaires asiatiques et européens 
<p>Batería de iones de litio para vehículos eléctricos - REUTERS/ BENOIT TESSIER&nbsp;</p>
Batterie lithium-ion pour véhicules électriques - REUTERS/ BENOIT TESSIER
  1. Avantages tarifaires
  2. Une nouvelle étape vers l'industrialisation verte du Maroc
  3. Projets technologiques de pointe
  4. Diplomatie économique : ressources naturelles et décarbonisation

Grâce à ses ressources naturelles, sa position géographique avantageuse et ses partenariats stratégiques avec des acteurs mondiaux, le Maroc aspire à devenir un centre régional des technologies durables pour l'Afrique et l'Europe, en investissant massivement dans l'industrie du lithium et des batteries électriques. 

Le pays souhaite se doter d'une capacité de production de batteries pour véhicules électriques à la hauteur des attentes mondiales, en s'appuyant sur un coût de production compétitif.

Aujourd'hui, une batterie produite au Maroc coûte près de 36 % moins cher qu'une batterie similaire fabriquée en Asie, ce qui représente une opportunité pour les investisseurs étrangers à la recherche d'un coût de l'électricité plus abordable et d'une chaîne d'approvisionnement locale optimisée. 

<p>Celdas de batería con el logotipo de LG Energy Solution - REUTERS/ KIM HONG-JI </p>
Cellules de batterie portant le logo LG Energy Solution - REUTERS/ KIM HONG-JI

Avantages tarifaires

Dans un contexte de croissance rapide du marché mondial des véhicules électriques et de durcissement des normes et des mesures politiques, le Maroc se positionne, grâce à ses avantages tarifaires, comme un fournisseur stratégique et compétitif pour les constructeurs automobiles européens, grâce à sa volonté de jouer un rôle central dans la nouvelle géographie industrielle de l'énergie verte. 

À cet égard, le pays se profile comme un futur hub régional pour le lithium et les batteries électriques, grâce à ses accords avec le géant sud-coréen LG Energy Solution, leader mondial des solutions de stockage d'énergie, et avec l'acteur chinois spécialisé dans le lithium Yahua Group.

Une nouvelle étape vers l'industrialisation verte du Maroc

Dans le cadre d'une stratégie visant à faire du Maroc une plateforme industrielle de référence dans les secteurs stratégiques liés à la transition énergétique, le projet de création d'une unité de raffinage du lithium, mené par LG Energy Solution et Yahua, s'inscrit dans la stratégie visant à assurer un développement industriel durable et à attirer des investissements à forte valeur ajoutée. 

Avec un investissement initial de plus de 5,5 milliards de dirhams (523 millions d'euros), le projet a officiellement reçu le statut de projet stratégique bénéficiant du plus grand soutien de l'État en matière d'accès au foncier, d'accompagnement administratif et d'intégration dans les filières logistiques nationales. 

Cette dynamique aura des synergies dans les secteurs connexes, tels que la recherche appliquée, la logistique spécialisée, le développement durable et la formation technique. 

Outre sa participation à la naissance d'un pôle industriel dédié aux matériaux pour l'industrie des batteries, l'unité de raffinage du lithium générera plus de 430 emplois directs, pour la plupart hautement qualifiés.

<p>Baterías para las camionetas pickup y SUV eléctricas - REUTERS/ REBECCA COOK </p>
Batteries pour camionnettes et SUV électriques - REUTERS/ REBECCA COOK

Projets technologiques de pointe

Avec l'ouverture d'une première unité de production de matériaux pour batteries lithium-ion à Jorf Lasfar, COBCO a lancé la création d'un écosystème industriel stratégique au Maroc dédié à la mobilité électrique et au stockage d'énergie. 

Avec une capacité équivalente à 70 GWh/an, cette plateforme pourra équiper jusqu'à un million de véhicules électriques chaque année. Installé sur plus de 200 hectares, ce projet structurant est le premier du genre hors d'Asie pour la fabrication de précurseurs de cathodes NMC, composants clés des batteries pour véhicules électriques (nickel-manganèse-cobalt). 

Le complexe comprendra 120 000 tonnes/an de précurseurs NMC, 60 000 tonnes/an de cathodes LFP (lithium-fer-phosphate), ainsi que des unités de raffinage des métaux critiques et de recyclage, capables de traiter plus de 60 000 tonnes/an. 

Fruit du partenariat entre le fonds d'investissement panafricain AL MADA et le groupe chinois CNGR Advanced Materials, le projet COBCO à forte valeur stratégique situé à Jorf Lasfar bénéficie de la proximité de l'Europe et des États-Unis, de l'accès à une énergie verte compétitive, de la richesse minière du Royaume et du réseau d'accords de libre-échange. 

Le projet prévoit la création de 1 800 emplois directs qualifiés et de nombreux autres emplois indirects, en plus des 5 000 emplois qui seront générés pendant la phase de construction. 

Conçu comme un site à faible empreinte carbone, le complexe s'appuie sur une stratégie ESG ambitieuse : 80 % d'énergie verte à partir de 2025 (100 % en 2026), utilisation d'eau dessalée, recyclage industriel et certifications environnementales internationales (ISO 14064, ISO 14044, ISO 50001). 

Avec cette première base industrielle stratégique, le Maroc réaffirme sa volonté de construire une industrie de nouvelle génération, compétitive, durable, intégrée et orientée vers les besoins des marchés de demain, et de s'imposer ainsi comme un acteur central des technologies vertes à l'échelle mondiale.

<p>Vehículo eléctrico Tesla se carga en una estación de carga de baterías Tesla Supercharger - REUTERS/ VINCENT WEST </p>
Une voiture électrique Tesla en cours de recharge dans une station de recharge Tesla Supercharger - REUTERS/ VINCENT WEST

Diplomatie économique : ressources naturelles et décarbonisation

La diplomatie économique du Maroc considère le secteur des batteries comme un levier essentiel pour attirer les investissements et renforcer sa compétitivité mondiale. Après ses accords avec la France en tant que partenaire stratégique dans ce domaine, le Maroc a consolidé de nouvelles alliances avec d'autres acteurs mondiaux, tels que la Chine, le Japon et les États-Unis. 

Grâce à cette dynamique diplomatique, le Maroc cherche non seulement à devenir un acteur de la batterie électrique et à se positionner comme un modèle de développement industriel durable pour la région MENA, mais aussi à consolider sa position de partenaire privilégié dans les technologies vertes. 

Sa feuille de route pour l'industrialisation verte repose sur une diplomatie économique efficace, des ressources locales, des partenariats stratégiques et une infrastructure énergétique décarbonée. 

Pour anticiper les défis climatiques et économiques et soutenir cette ambition, le Maroc exploite des ressources naturelles stratégiques, étant le dixième producteur mondial, notamment de cobalt. Cet élément clé, essentiel à la fabrication des batteries, renforce le positionnement du pays sur la scène internationale, grâce à sa stratégie de décarbonisation rapide. 

Dans cette optique, l'accès à une électricité verte renforcera la compétitivité des batteries marocaines sur le marché européen, compte tenu des nouvelles réglementations qui entreront en vigueur début 2026 avec la taxe carbone sur les produits importés. 

Le Maroc dispose d'un tissu industriel solide et de perspectives économiques à long terme qui visent à améliorer ses infrastructures énergétiques et à faire évoluer l'industrie vers une électricité entièrement verte d'ici quelques années. 

Une autre opportunité susceptible de renforcer la balance commerciale du pays et de consolider sa position de leader régional en matière de technologies durables est l'hydrogène vert, un secteur en plein développement qui pourrait également jouer un rôle dans la production de carburants synthétiques pour les transports, augmentant ainsi les capacités d'exportation du Maroc en produits durables. 

Le développement de stations de recharge est un autre aspect stratégique, compte tenu de la demande qui augmentera avec le nombre croissant de véhicules électriques (20 millions d'ici 2025), ce qui créera un besoin en points de recharge et fera du Maroc un fournisseur important pour toute la région MENA. 

Avec une production annuelle de 700 000 véhicules et 250 équipementiers opérant sur son territoire, le Maroc est le premier producteur automobile d'Afrique et le deuxième exportateur vers l'Europe. Ce succès de l'industrie automobile marocaine lui confère une base solide pour accueillir de nouveaux investissements dans la chaîne de valeur des batteries électriques, qui devraient atteindre 400 milliards de dirhams en 2030.