La Tunisie, qui a également commencé à exploiter le gisement de gaz de Nawara, bénéficie d'une garantie d'approvisionnement dans une situation financière précaire

L'Algérie et la Tunisie concluent un accord sur l'approvisionnement en gaz jusqu'en 2030

AFP/SLIM ABID/PRESIDENCIA TUNEZ - Le président algérien Abdelmadjid Tebboune reçoit son homologue tunisien Kais Saied dans la capitale Alger le 2 février 2020

L'Algérie et la Tunisie ont conclu un accord pour la fourniture de gaz jusqu'en 2030. Ceci a été confirmé par le ministre tunisien de l'énergie et des mines, Mongi Marzouk, après sa rencontre avec son homologue algérien Mohamed Arkab. Les deux tiers du gaz consommé en Tunisie proviennent d'Algérie, avec laquelle le petit pays du Maghreb garantit son approvisionnement pour les prochaines années. Selon le ministre tunisien de l'énergie, le nouveau contrat - qui durera jusqu'en 2030 - pourrait inclure une réduction des prix préférentiels. Le dernier contrat signé par les deux pays du Maghreb - signé en 2009 - avait expiré en décembre dernier. La Tunisie connaît une détérioration économique progressive depuis 2011 et sa situation financière s'est aggravée au cours des derniers mois.

Les deux ministres de l'énergie ont souligné la nécessité pour les deux pays de coopérer plus étroitement sur diverses questions, en particulier dans une période comme celle que nous connaissons actuellement, marquée par la crise sanitaire internationale. Ils ont également souligné l'importance d'une collaboration plus étroite entre la Tunisie, l'Algérie, le Maroc et la Libye en matière de production et de distribution d'électricité. Le ministre algérien a indiqué en février dernier que les exportations de gaz algérien vers l'Europe avaient chuté de 22 % d'ici 2019. 

Le 2 février, suite à la rencontre entre le président algérien Abdelmajdid Tebboune et le chef de l'Etat tunisien Kais Saied, Alger a annoncé une injection de 150 millions de dollars dans la Banque centrale tunisienne (BCT). Entre autres objectifs, le prêt sera utilisé pour maintenir les facilités de paiement pour les fournitures de gaz et d'hydrocarbures, selon Digital Financial Afrik. En 2014, l'Algérie a accordé à la Tunisie une aide financière de 250 millions de dollars US.  

La Tunisie commence à exploiter le champ de Nawara 

Parallèlement, les autorités tunisiennes ont entamé mercredi dernier l'exploitation du gisement de gaz naturel de Nawara, situé dans la région sud de Tataouine, collecté ce dimanche par l'agence Efe. On estime que la production quotidienne atteindra 2,7 millions de mètres cubes par jour, soit l'équivalent de 7 000 barils de pétrole et 3 200 de gaz liquéfié, selon les données de l'agence d'État TAP.

Le champ -découvert en 2006- sera géré par la Société tunisienne des activités pétrolières (ETAP) et la société autrichienne OMV, toutes deux actionnaires à 50 %, qui ont investi 1,1 million d'euros. Un investissement qui permettra de doubler la production nationale de gaz et de réduire le déficit énergétique et commercial de 20 % et 7 % respectivement.  Le déficit commercial a atteint un record de 19,4 milliards de dinars (6,8 milliards de dollars) en 2019, selon les statistiques officielles, et le déficit énergétique a contribué à près d'un tiers de ce chiffre, selon les données de l'Oxford Business Group.  

Un gazoduc de 370 kilomètres devrait partir du champ, transportant environ 600 000 mètres cubes par jour entre Nawara et le golfe de Gabès, où se trouve l'usine de traitement, a indiqué Efe.  

La production intérieure de pétrole brut s'élevait à 273 kt (milliers de tonnes) à la fin février 2020, soit une baisse de 5 % par rapport à la fin février 2019, selon le rapport mensuel sur la situation énergétique pour février 2020 publié par le ministère tunisien de l'énergie. Les exportations de produits énergétiques ont enregistré, fin février 2020, une baisse en valeur de 6% accompagnée d'une augmentation des importations en valeur de 11 %, selon les données du portail Web Manager Center et du TAP. 

Lors de la 15ème conférence annuelle de l'Association des économistes tunisiens (ASECTU) qui s'est tenue en juin dernier, plusieurs spécialistes avaient déjà mis en garde contre la baisse de la production pétrolière du pays, qui a chuté de 42 % entre 2010 et 2018, faisant passer la dépendance énergétique de 19 % à 47 % sur la même période, constate Efe.