Les autres pays du cartel se sont contentés de prolonger les réductions de production précédentes jusqu'à la fin de 2024. Le prix de l'or noir augmente de 2 %

L'Arabie saoudite réduit sa production de pétrole pour la troisième fois à la suite d'un nouvel accord avec l'OPEP+

REUTERS/DADO RUVIC – OPEP
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L'Arabie saoudite récidive. Le premier exportateur mondial et chef de file de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP+) a annoncé une nouvelle réduction de la production de pétrole d'un million de barils par jour. À partir du mois de juillet, date à laquelle la mesure sera mise en œuvre, Riyad passera de 9 millions de barils par jour à 10 millions de barils par jour. Ce chiffre représente 1 % de la production mondiale d'or noir et environ 10 % de la production du royaume, soit les réductions les plus drastiques depuis des années. 

C'est la troisième fois que l'alliance réduit drastiquement sa production de pétrole. Elle l'a fait en octobre 2022 avec une réduction de 2 millions de barils par jour, et en avril dernier avec une nouvelle réduction de 1,66 million de barils par jour. Mais aucune de ces réductions n'a atteint l'objectif d'atteindre le niveau maximum de 80 dollars et de parvenir ainsi à la "stabilisation du marché", c'est-à-dire à ce que la demande ne soit pas supérieure à l'offre. Jusqu'à présent, le prix du pétrole a augmenté de 2 % pour atteindre 77,61 dollars. 

L'urgence a été décisive. Les prix du pétrole sont déterminants pour la matrice énergétique mondiale, mais aussi pour la santé économique de Riyad. La principale mesure consiste donc à réduire le robinet d'un million de barils par jour. Les autres membres de l'alliance se sont contentés de prolonger les réductions de production précédentes jusqu'à la fin de 2024.

AFP/JOE KLAMAR - El príncipe Abdulaziz bin Salman Al Saud, ministro de Energía, Industria y Recursos Naturales de Arabia Saudí
AFP/JOE KLAMAR - Prince Abdulaziz bin Salman Al Saud, Saudi Arabia's Minister of Energy, Industry and Natural Resources

À l'issue d'une réunion à Vienne, le ministre saoudien de l'Énergie, Abdulaziz bin Salman, a déclaré lors d'une conférence de presse que l'OPEP+ "fera tout ce qu'il faut pour ramener la stabilité sur le marché". Les intentions du délégué saoudien laissaient clairement entrevoir la possibilité d'une réduction supplémentaire et "volontaire" par rapport à celles déjà mises en œuvre. La réaction de l'Occident à cette mesure reste à venir. 

Pétrole : la corde raide entre les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite 

Le Brent est la référence en Europe avec un prix de 76 dollars le baril, tandis que la référence américaine WTI est à 71. Le prix est loin des niveaux atteints en mars 2022, au début de l'invasion de l'Ukraine, lorsqu'il atteignait 140 dollars le baril, mais la réduction de l'offre du cartel pétrolier rend beaucoup plus difficile la lutte contre l'inflation et la récession pour les pays occidentaux. 

L'administration de Joe Biden s'est montrée très critique à l'égard des deux précédentes réductions de l'OPEP+, pour lesquelles Washington a été contraint de recourir à la Réserve stratégique de pétrole. Un atout dans la manche auquel les Etats-Unis ont fait appel à plusieurs reprises depuis fin 2021 pour faire baisser les prix de cette matière première dans le pays. Mais le puits récurrent de Biden n'est pas infini, et l'Arabie saoudite le sait. Un revers pour la relation gelée entre les deux pays ces dernières années. 

PHOTO/REUTERS - Logo de la OPEP+
PHOTO/REUTERS - OPEC+ logo

L'Ukraine, à nouveau au centre de l'attention géopolitique 

La critique des Américains à l'égard des Saoudiens pour la réduction des livraisons de pétrole est encadrée par l'argument selon lequel cette fermeture ne profite qu'à la Russie, envahisseur du pays souverain qu'est l'Ukraine. Et c'est vrai, les coupures sont subies à la fois par l'Ukraine et par les alliés occidentaux dont elle dépend, car les prix du pétrole augmentent sur le marché alors qu'ils font face à une inflation galopante. La deuxième raison est que la Russie, en tant que membre de l'OPEP+, empoche également d'importantes sommes d'argent qu'elle investit dans son principal casse-tête : la guerre.

Cependant, la politique de l'Arabie Saoudite n'est pas aussi inflexible que le laissent entendre les Etats-Unis. Outre les paquets d'aide que Riyad a constitués pour Kiev, Zelenski a été le principal protagoniste du dernier sommet de la Ligue arabe à Djeddah. Il s'agit d'une détermination diplomatique qui, selon la partie saoudienne, contredit les accusations pro-russes des États-Unis. En tout état de cause, la Russie n'a pas contredit la démarche de Riyad.

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