Le Liban confronté à des insuffisances d'approvisionnement et à des coupures de courant quotidiennes
La crise économique du Liban a affecté les réserves de carburant du pays, ce qui fait que la population est confrontée à des coupures de courant quotidiennes si cette situation n'est pas inversée. Le président libanais Michel Aoun a approuvé un prêt exceptionnel d'un montant maximal de 197 millions de dollars pour la compagnie nationale d'électricité afin d'importer du carburant avant que les réserves ne s'épuisent, selon un communiqué officiel.
Selon Arab News, les heures de rationnement de l'électricité dans plusieurs régions ont atteint des niveaux minimums, et l'approvisionnement dans certaines zones ne dépassait plus une demi-heure par jour. En raison de la rareté des ressources, les tarifs de l'électricité ont augmenté, entraînant des factures dépassant 700 000 livres sterling par mois, alors que le salaire minimum est de 675 000 livres sterling. Face à ce sombre scénario, la population est descendue dans la rue pour protester contre le manque de carburant et la hausse des prix de l'électricité.
Le Liban est embourbé dans une crise financière causée par une dette accumulée depuis la fin de la guerre civile de 1975-90, ce qui rend difficile pour le pays de trouver suffisamment de devises étrangères pour payer le carburant et d'autres importations de base. De plus, il y a tout juste une semaine, la Banque mondiale (BM) a publié un rapport sur la situation économique du pays dans lequel elle critiquait sévèrement l'élite politique, qu'elle décrivait comme corrompue, et attribuait la situation angoissante que traverse le Liban à l'incapacité de s'entendre sur les mesures à prendre pour atténuer la crise.
Les coupures de courant sont fréquentes pour la population libanaise et beaucoup de gens comptent sur des générateurs privés. Le chef du syndicat des propriétaires de générateurs privés, Abdo Saade, comme le rapporte L'Orient Today, a déjà prévu qu'ils commenceraient à réduire le temps de fonctionnement des générateurs de cinq heures par jour en raison des pénuries de carburant. Cette situation de pénurie était déjà prévue. Le 28 mai, le ministre des finances du gouvernement provisoire, Ghazi Wazni, a envoyé une demande à la Banque du Liban (BDL) pour ouvrir quatre crédits d'une valeur de 62 millions de dollars afin de fournir du carburant aux centrales électriques, mais la BDL a demandé l'approbation du gouvernement.
Ce n'est que cette semaine que le président libanais Michel Aoun a donné le feu vert à l'émission des prêts afin que l'Electricite du Liban puisse acheter du carburant grâce à l'avance du Trésor. Enfin, avec l'approbation du président, le ministère libanais des finances a envoyé une demande officielle au gouverneur de la Banque centrale pour qu'il approuve une avance du Trésor afin de permettre à la compagnie d'électricité publique d'acheter du carburant et d'éviter les pannes.
Le Liban est depuis longtemps au bord du gouffre, n'ayant pas réussi à former un gouvernement depuis le mois d'août de l'année dernière, à la suite de la tragique explosion dans le port de Beyrouth qui a fait 215 morts, un événement qui reste encore flou aujourd'hui. La Banque mondiale place le Liban parmi les pires crises économiques du 21e siècle.
La BM estime que le produit intérieur brut (PIB) du pays se contractera de 9,5 % en 2021, après une contraction de 20,3 % en 2020 et de 6,7 % l'année précédente. Ce qui représente une baisse de 40 % du PIB à partir de 2018. Ils soulignent qu'une contraction aussi brutale est généralement associée aux conflits ou aux guerres, mais qu'elle ne s'est jamais produite en période de paix. De plus, face à cette situation économique précaire, en mars 2020, le Liban a fait défaut sur sa dette pour la première fois de son histoire, la monnaie locale ayant perdu plus de 85 % de sa valeur.