Les offensives du Kremlin commencent à faire sentir leurs premiers effets sur les marchés des matières premières, du fait qu'il est l'un des plus grands producteurs au monde

Le marché boursier russe plonge après les attaques contre l'Ukraine

REUTERS/SERGEI KARPUKHIN - Champ pétrolier de Buzovyazovskoye, appartenant à la société Bashneft, au nord d'Ufa, Bashkortostan, Russie.

Les pires scénarios sont devenus réalité. Le président russe, Vladimir Poutine, a attaqué l'Ukraine dans ce qui a déjà été appelé une "attaque massive", une offensive qui a commencé aux premières heures de la matinée de jeudi et qui a déjà fait plusieurs morts à la suite des bombardements.

Ces attaques commencent à avoir leurs premiers effets. Parmi elles, l'économie a subi l'une des conséquences les plus inquiétantes après que le marché du gaz a grimpé de 30% alors que le prix du pétrole continue d'augmenter de 6%. Les marchés boursiers continuent de subir de fortes baisses, la plus grave étant enregistrée à la bourse de Moscou avec une chute de 25 %.

Quant au secteur énergétique russe, la compagnie gazière russe Gazprom a été l'une des plus grandes victimes, dégringolant de 30%. Tout comme Gazprom, la compagnie pétrolière Lukoil a subi une chute de 25 %, ce qui a une incidence directe sur la hausse des prix du pétrole. Dans cette optique, le responsable de la stratégie des matières premières chez ING Groep NV, Warren Patterson, cité par l'agence Bloomberg, a indiqué que "l'aggravation de la situation dans la crise ukrainienne a poussé les prix du pétrole brut au niveau de 100 dollars le baril. Le marché pétrolier va maintenant attendre de voir comment les pays occidentaux vont réagir aux dernières mesures russes".

Le même effondrement a été constaté sur le marché des devises, où le rouble a été durement touché après s'être déprécié de plus de 8 % par rapport au dollar. Comme pour l'euro, la monnaie russe a chuté de 7% à 98,5 roubles par monnaie unique.

Face à cette situation, la Banque centrale de Russie a lancé une série d'interventions sur le marché des changes et a approuvé une série d'opérations qui promettent de fournir des liquidités supplémentaires au secteur bancaire. Outre ces secteurs, le marché des matières premières, dont la Russie est un fournisseur clé, s'est envolé tant dans le secteur de l'énergie que dans le secteur primaire, où le prix du blé a augmenté de 6 %, suivi du maïs et du soja, qui continuent d'augmenter de 5 %.

En ce sens, la Russie et l'Ukraine exportent toutes deux 29% des exportations mondiales de blé, de maïs (19%) et d'huile de tournesol (80%), un marché dont l'Égypte et la Turquie sont les plus grands importateurs.

 Sanctions contre la Russie

L'Europe se prépare à mettre la Russie au pas avec un important train de sanctions. La présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyden, a indiqué qu'une série de "sanctions sévères visant des secteurs stratégiques de l'économie russe et bloquant son accès aux technologies et aux marchés essentiels pour la Russie sont en cours d'approbation. Nous affaiblirons la base économique de la Russie et sa capacité à se moderniser. En outre, nous allons geler les actifs russes dans l'Union européenne et bloquer l'accès des banques russes aux marchés financiers européens", a-t-elle déclaré.

Von der Leyden a également affirmé que "des millions de Russes ne veulent pas la guerre" et a exhorté Poutine à cesser de "mettre l'avenir de l'Europe en danger" et lui a demandé de "quitter le territoire". Nous ne vous permettrons pas de remplacer l'État de droit par l'État de force", a-t-elle déclaré. Vous ne devez pas sous-estimer la force de nos démocraties".

D'autre part, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, souligne que "nous vivons le pire moment depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale" car "une puissance nucléaire a attaqué son voisin et menace quiconque l'aide". C'est la plus grande violation du droit international et elle coûte des vies avec des conséquences incalculables. L'UE veut réagir.

Toutefois, malgré les sanctions, la Russie se prépare depuis longtemps à faire face à ces répercussions. Le gouvernement de M. Poutine est parvenu à accumuler d'importantes réserves de devises étrangères et a également réduit certains de ses budgets afin de maintenir son économie sous contrôle. En janvier dernier, les réserves internationales de devises et d'or de Poutine ont atteint un niveau record de plus de 630 milliards de dollars, ce qui pourrait l'aider à résister à un régime de sanctions. 

 Malgré tout, il convient de rappeler qu'en dépit des investissements militaires importants réalisés par la Russie ces dernières années et de son statut de grande puissance nucléaire, l'économie russe stagne et son PIB ne parvient pas à croître de plus de 1 ou 2 % par an. Les attaques de la Russie ne sont en aucun cas positives pour le monde, mais elles ne le sont pas non plus pour la Russie, un pays qui tente de retrouver "l'honneur de l'empire" en utilisant des outils coercitifs qui, s'ils n'atteignent pas leur but, serviront à déstabiliser l'Europe, un autre des objectifs du Kremlin.