Le Maroc dépasse l'Afrique du Sud en tant que premier producteur de véhicules en Afrique

Complexe industriel de Renault à Tanger, au Maroc - PHOTO/FILE
Les progrès réalisés par le pays nord-africain en matière d'infrastructures et d'accords commerciaux favorisent les investissements dans le secteur automobile et le propulsent au rang de leader régional

Le Maroc est en passe de devenir le plus grand producteur de véhicules d'Afrique, détrônant l'Afrique du Sud, qui a longtemps été le leader incontesté du continent. Cette percée significative est due à des investissements continus dans l'industrie automobile marocaine, avec un accent particulier sur les projets de véhicules électriques, selon une étude récente de BMI-Fitch Solutions.

Comme le rapporte Le Matin, l'étude prévoit que la production de véhicules au Maroc atteindra environ 614 000 unités cette année, alors qu'en Afrique du Sud, elle tombera à 591 000 unités. Cette tendance met en évidence la croissance soutenue de l'industrie automobile marocaine, stimulée par sa proximité avec l'Union européenne (UE), les accords commerciaux existants et une infrastructure logistique efficace. En outre, l'industrie marocaine bénéficie de l'intérêt des équipementiers chinois, qui cherchent à maintenir leur accès au marché européen.

En revanche, l'Afrique du Sud est confrontée à d'importants défis qui freinent sa production. Il s'agit notamment de problèmes logistiques, d'une augmentation des importations de véhicules et de risques politiques. Alors que la production de véhicules en Afrique du Sud devrait retrouver sa place de leader d'ici 2025, l'étude de Fitch Solutions indique que le pays continuera à faire face à des pressions à long terme dues à ces problèmes, ainsi qu'aux émissions et aux défis liés à la transition vers l'électrification. 

Cyril Ramaphosa prête serment pour son deuxième mandat en tant que président de l'Afrique du Sud à l'Union Buildings à Pretoria le 19 juin 2024 – PHOTO/Kim LUDBROOK/POOL/AFP

Les perspectives à long terme pour le Maroc semblent plus sûres, avec une croissance annuelle moyenne prévue de 6,8 % de la production de véhicules jusqu'en 2033, ce qui pourrait porter la production annuelle à 1,09 million d'unités. Cependant, cette croissance n'est pas sans risque. L'industrie automobile marocaine dépend fortement du marché de l'UE, ce qui pourrait constituer une vulnérabilité. Malgré cela, le Maroc a pris des mesures pour diversifier ses marchés, notamment en développant le commerce en Afrique par le biais de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA), ainsi que des accords de libre-échange avec les États-Unis, le Royaume-Uni et le Moyen-Orient.

En revanche, l'Afrique du Sud est confrontée à un environnement opérationnel moins favorable, marqué par des défis liés aux émissions, à la main-d'œuvre, au commerce et aux transports. Malgré un regain d'optimisme pour l'industrie automobile sud-africaine avec le "Gouvernement d'unité nationale", la mauvaise gestion des ports et la concurrence croissante des équipementiers chinois et indiens, tant au niveau national qu'international, posent de sérieux problèmes à la production locale de véhicules.

Ligne de production de la nouvelle deuxième phase de l'usine Renault de Tanger - AFP/FADEL SENNA

Fitch Solutions prévoit que la production de véhicules en Afrique du Sud augmentera à un taux annuel moyen de seulement 0,9 % entre 2024 et 2033, pour atteindre un volume annuel de 687 000 unités. Les obstacles à l'investissement en Afrique du Sud seront renforcés par des politiques telles que le Mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (MACF) de l'UE, en raison de la dépendance du pays au charbon pour l'énergie et de sa situation géographique, qui augmente les émissions des transports pour les exportations vers l'Europe et ralentit la transition vers l'électrification. 

Ce changement de leadership dans la production automobile en Afrique souligne la nécessité de s'adapter à un marché mondial en constante évolution, où des facteurs tels que la durabilité, la logistique et les relations commerciales jouent un rôle de plus en plus crucial.

En outre, la progression du Maroc en tant que leader de la production automobile africaine ne met pas seulement en évidence sa capacité à s'adapter et à prospérer sur un marché mondial compétitif, mais souligne également son potentiel à devenir un centre stratégique pour l'industrie automobile dans la région. Grâce à la combinaison d'investissements dans les infrastructures, d'une main-d'œuvre qualifiée et d'un environnement favorable aux entreprises, le Maroc est bien placé pour tirer parti de sa croissance et s'imposer comme un pilier essentiel de la chaîne d'approvisionnement mondiale de l'industrie automobile. Ce succès ne stimulera pas seulement l'économie marocaine, mais pourrait également servir de modèle d'inspiration pour d'autres pays africains sur la voie du développement industriel et économique.