Le Maroc rejoint le club des pays exportateurs de GNL

Terminal de gaz naturel - PHOTO/REUTERS/LAZLO BALOGH
Avec le démarrage de la production du champ de Tendara, le Maroc rejoint la liste des 50 pays exportateurs de gaz naturel liquéfié (GNL) dans le monde
  1. Caractéristiques du projet
  2. Impact sur l'économie locale
  3. Projections futures et poursuite de l'exploration

La possibilité d'extraire et de produire du gaz naturel liquéfié est une étape historique pour le Maroc. Pour la première fois de son histoire, ce pays d'Afrique du Nord est sur le point de commencer la production commerciale de gaz naturel liquéfié (GNL) grâce aux dernières avancées de la société britannique Sound Energy. 

L'entreprise travaille sur le champ de Tendara, dans l'est du pays. Le projet est déjà en phase finale de construction d'une station de liquéfaction de gaz naturel. 

Installations gazières - PHOTO/ARCHIVO

Les tests de production devraient débuter l'été prochain, tandis que la production commencera dans les derniers mois de l'année, avec un volume initial de 283 170 mètres cubes par jour. Ce chiffre pourrait atteindre 1,13 million de mètres cubes par jour, au fur et à mesure du développement de nouveaux champs d'extraction, tous situés dans le même gisement. 

Si les prévisions se concrétisent, Rabat fera un grand pas vers l'indépendance énergétique. Avec des plans visant à augmenter la production de 300 % pour atteindre 400 millions de mètres cubes par an, le Maroc sera en mesure de fournir 40 % de sa consommation d'énergie locale. Actuellement, le pays d'Afrique du Nord a besoin d'environ 1 milliard de mètres cubes par an pour répondre à l'ensemble de sa demande énergétique, dont il produit moins d'un dixième. 

Installations gazières - PHOTO/ARCHIVO

Caractéristiques du projet

Le projet du champ de Tendara a débuté il y a cinq ans avec les premières explorations de la société Chariot sur plus de 1 700 kilomètres carrés. Mais c'est en 2009 que Dana Petroleum a foré pour la première fois dans la région pour trouver des réserves de gaz à plus de 2 kilomètres de profondeur.

Depuis, les découvertes ont montré que le champ de Tendara est le plus grand champ gazier onshore en cours de développement au Maroc, avec une superficie de plus de 133,5 kilomètres carrés et des réserves de plus de 10,67 milliards de mètres cubes de gaz. 

Cette découverte a conduit la société britannique Sound Energy à réaliser d'importants investissements de plus de 560 millions de dollars dans l'exploration, l'extraction, la construction d'infrastructures et la commercialisation. Parmi les travaux les plus importants figure le tronçon de 120 kilomètres qui reliera le champ au gazoduc Maghreb-Europe. 

Sound Energy détient la plus grande superficie de licences pétrolières onshore au Maroc, soit 28 129 km2 - PHOTO/ARCHIVO

En contrepartie, les autorités marocaines ont accordé la capacité de développement du champ pour 25 ans, à partir de 2018, Sound Energy étant chargée de l'extraction jusqu'en 2043. Lors de négociations ultérieures, l'énergéticien a cédé 55 % des concessions à deux sociétés marocaines pour 45 millions de dollars, ce qui, selon les termes de son PDG Graham Lyon, constitue une réduction de la participation mais pas une sortie définitive du projet. Sound Energy détient actuellement 20 % de la concession, tandis que l'Office national des hydrocarbures et des minéraux (ONHYM) détient les 25 % restants. 

Impact sur l'économie locale

Selon la Direction de l'énergie et des minéraux, la demande en gaz au Maroc devrait dépasser les 3 milliards de mètres cubes par an d'ici 2040, ce qui plaide en faveur d'un triplement de la production locale dans les années à venir, pour atteindre 400 millions de mètres cubes par an. La mise en place d'une production de gaz réduira le besoin d'importations pour des secteurs clés tels que l'électricité, le séchage du phosphate et les industries de la céramique et de l'acier. 

En partenariat avec la Société financière internationale (SFI), le Maroc promeut des infrastructures durables pour favoriser le développement du secteur gazier. Cette découverte représente non seulement une percée économique, mais aussi une contribution importante aux objectifs environnementaux du pays. 

Un véhicule transporte du phosphate non traité après avoir été abandonné sur une montagne dans une mine de phosphate à l'usine de Boucraa de l'Office national des phosphates du Maroc (OCP), située dans les provinces du sud, à 100 km au sud-ouest de la ville de Laayoune - REUTERS/YOUSSEF BOULLAL

Projections futures et poursuite de l'exploration

Pour le gouvernement marocain, la quête de l'indépendance énergétique ne se limite pas au gaz naturel liquéfié, mais implique également un effort majeur pour explorer le potentiel de l'« hydrogène géologique » ou « hydrogène blanc ». 

Ce nouvel élément est une ressource à faible teneur en carbone que l'on trouve dans les couches rocheuses où le gaz naturel est présent. Si cette nouvelle ressource peut être exploitée, le Maroc pourrait encore accroître les sources de revenus du pays tout en augmentant sa propre indépendance énergétique.

Production d'hydrogène vert au Maroc - PHOTO/ARCHIVO

Pour son extraction, Sound Energy a déjà manifesté son intérêt pour le projet dans lequel elle serait prête à investir plus de 25 millions de dollars pour étudier de nouveaux puits afin d'identifier les régions où ce nouvel élément, l'hydrogène blanc, peut être trouvé.