Atalayar s'est entretenu avec Abdoulaye Mamadou Ba, président de l'Autorité de la zone franche de Nouadhibou (Mauritanie), à l'occasion du Sommet de la coopération Afrique-Espagne à Madrid, afin d'analyser les liens entre l'Espagne et le continent africain

La Mauritanie est la porte d'entrée de l'Espagne en Afrique, tout comme le Maroc, et la coopération est essentielle

PHOTO/ATALAYAR/GUILLERMO LÓPEZ - Abdoulaye Mamadou Ba

La Mauritanie et le Maroc sont la porte d'entrée de l'Afrique pour l'Espagne et l'Europe. Cette question est d'une grande importance et la coopération et la collaboration entre les pays voisins sont essentielles pour le développement économique et commercial. Atalayar a pu discuter de ces questions avec Abdoulaye Mamadou Ba, président de l'Autorité de la zone franche de Nouadhibou en Mauritanie, à l'occasion du Sommet de la coopération Afrique-Espagne qui s'est tenu à Madrid. 

Quelles sont vos impressions et vos réflexions sur le Sommet de coopération Afrique-Espagne ? Êtes-vous satisfait des objectifs de la réunion ?

Nous nous sommes rendus à Madrid pour participer au Sommet Espagne-Afrique dans le cadre de l'organisation des Forums One Africa. Nous tenons à remercier tous les partenaires qui nous ont invités à cette importante réunion qui nous a permis de rencontrer de nombreux participants africains et espagnols. C'est une initiative importante pour la Mauritanie et, comme vous le savez, la Mauritanie et l'Espagne ont des relations très étroites. Parce que l'Espagne est notre voisin, nous sommes la porte d'entrée de l'Espagne en Afrique, la Mauritanie et le Maroc sont la porte d'entrée de l'Espagne en Afrique. Nous sommes à une heure de vol de Las Palmas. Donc nous avons pu participer positivement à cette réunion importante pour promouvoir cette coopération exemplaire, et aussi pour montrer quelles sont les perspectives possibles entre les opérateurs espagnols et les opérateurs mauritaniens, et aussi quelles sont les formes de coopération possibles entre les partenaires africains pour qu'ensemble nous puissions dynamiser l'Afrique et sortir de ses difficultés. 

J'ai été accompagné à ce sommet par une importante délégation composée de mon directeur de cabinet, du directeur général adjoint du port de Nouadhibou et du directeur général du développement et des infrastructures de la zone franche. C'est parce que nous voulons vraiment profiter de l'expérience espagnole et essayer de voir comment nous pouvons développer les relations entre le port de Nouadhibou et le port de Las Palmas et les autres ports espagnols ; comme vous le savez, le port de Nouadhibou est jumelé avec le port de Las Palmas. Il fut un temps où les opérateurs mauritaniens déchargeaient l'essentiel de leurs produits en Espagne, avant que le port ne prenne une certaine importance et puisse répondre aux besoins de nos opérateurs nationaux. 

Nous sommes donc très honorés, très heureux d'avoir été invités à participer à cette réunion, à ce sommet important. L'importance de l'Espagne dans les relations avec la Mauritanie se reflète dans le fait que le Président de la République lui-même s'est rendu en Espagne à deux reprises ces dernières années. La dernière fois, c'était à Madrid. Avec le gouvernement espagnol, il a vu l'importance des relations à développer, notamment en vue du développement de la Mauritanie dans le secteur de la pêche, dans le secteur de l'énergie verte, mais aussi dans le secteur des échanges multiples, notamment entre les entreprises mauritaniennes et espagnoles.

PHOTO/ATALAYAR/GUILLERMO LÓPEZ - Africa-Spain Cooperation Summit

Pensez-vous que ce sommet débouchera sur plus de projets et plus de coopération entre les hommes d'affaires espagnols et européens ?

C'est important parce que, tout d'abord, nous avons des accords de coopération bilatérale avec l'Espagne et, comme je l'ai déjà dit, nous avons de nombreuses joint-ventures entre des entreprises espagnoles et mauritaniennes. Nous avons beaucoup d'échanges dans le secteur de la pêche. J'ai été directeur du SMCP. C'est donc notre principal partenaire en matière de pêche. Cela dit, l'Espagne peut appuyer la Mauritanie dans le développement de ce secteur important, mais j'en ai aussi discuté avec le conseiller économique du gouvernement canarien lors d'une réunion B-To-B sur la coopération possible entre les pays de la sous-région en vue de l'exploitation du gaz mauritanien, du pétrole et du gaz, qui sera bientôt lancée entre la Mauritanie et le Sénégal. Et pour voir dans quelle mesure tous les pays de la sous-région vont être sécurisés du point de vue environnemental, parce qu'il faut prendre des précautions, nous pensons profiter de l'expérience espagnole dans ce domaine, et une visite d'experts espagnols dans la zone franche de Nouadhibou est prévue pour le mois de septembre. Ce sera l'occasion de discuter avec eux de ce que nous pouvons faire et surtout de trouver les moyens de former les techniciens et les personnes impliquées dans la lutte contre les grandes pollutions, parce que cela peut arriver, et il faut développer ces possibilités pour que nous ayons aussi des équipements suffisants qui puissent être utilisés conjointement par la Mauritanie et le Maroc.

Nous ne voulons pas de catastrophes sur le radar, mais elles peuvent arriver et il vaut mieux qu'elles n'arrivent pas, parce que nous venons juste de commencer dans ce secteur très important et très sensible. Et comme nous voulons tous préserver le milieu marin et l'environnement dans son ensemble, il est important que des mesures soient prises dans ce domaine, et nous avons entamé des discussions avec le gouvernement mauritanien pour voir comment nous pouvons y parvenir, et aussi pour que le gouvernement espagnol et les acteurs du secteur de la lutte contre la pollution à Las Palmas puissent intervenir pour nous aider.

Il y a des questions très importantes dans les panels du sommet... la communication, l'information réelle, sans clichés ni stéréotypes. Pensez-vous que les médias ont fait des concessions pour donner une bonne information sur l'Afrique ?

Absolument. C'est important. La communication est essentielle dans le monde d'aujourd'hui parce qu'il s'est tellement développé et aussi pour améliorer nos relations, nous devons communiquer, expliquer dans quel secteur nous pouvons vraiment progresser, et aussi éviter les clichés, parce que, quand nous parlons de l'Afrique, les gens ne voient que des conflits, ils ne voient que la famine, ils ne voient que des problèmes ou des guerres ou des problèmes ou de l'immigration. Mais l'Afrique a d'énormes ressources et des opportunités qui ne sont pas encore exploitées. 

L'ancien Premier ministre Lionel Zinsou en a beaucoup parlé au cours des débats. Les autres intervenants, le ministre ivoirien, les fonctionnaires qui ont participé, le Sénégal et d'autres. Chacun a expliqué les atouts que possède l'Afrique, sa jeunesse et la jeunesse de sa population. Vous avez vu ce que le ministre a dit sur la population. Soixante-dix pour cent de la population africaine a moins de 35 ans, et les ressources naturelles de l'Afrique et l'importance du marché africain, qui devient de plus en plus important à mesure que l'Europe vieillit, font que l'Afrique, avec sa jeunesse, ses ressources et ses compétences, va sortir le monde, et surtout l'Occident, de ses carcans. En vérité, il existe un partenariat sain entre nous, un partenariat fondé sur le respect, sur les intérêts mutuels, un partenariat gagnant-gagnant, et non sur l'exploitation. 

Nous cherchons à travailler avec vous d'égal à égal, dans le respect mutuel et l'indépendance, afin que chacun gagne ce qu'il peut gagner pour que l'Afrique en bénéficie, mais aussi pour que nos partenaires espagnols et nos partenaires européens en général, dans le cadre des accords que nous avons avec l'Union européenne, puissent vraiment profiter de tous les atouts et de toutes les opportunités que nous avons à notre portée, en profitant de votre expérience, de votre technologie, de vos ressources avancées, mais aussi de notre dynamisme, de notre jeunesse, de nos ressources et de toutes les opportunités que l'Afrique nous offre. Comme je l'ai déjà dit, le gaz sera bientôt exploité en Mauritanie, et c'est une nouvelle ressource importante. Et dans le domaine des énergies vertes, nous avons des atouts importants. Comme je l'ai dit, la coopération entre nos ports est quelque chose qui peut vraiment nous aider à aller de l'avant et à surmonter nos difficultés.

PHOTO/ATALAYAR/GUILLERMO LÓPEZ - Abdoulaye Mamadou Ba

L'année dernière, ici à Madrid, la Mauritanie était le pays invité au sommet de l'OTAN. Le rôle de la Mauritanie sur le continent est donc important, et je pense que beaucoup de gens reconnaissent le rôle et l'importance de la Mauritanie.

Oui, la Mauritanie est un pays qui possède des ressources halieutiques traditionnelles, mais aussi du minerai de fer. Les mines d'or sont de plus en plus exploitées, mais nous avons cette ressource naturelle qui vient d'être découverte et qui va être exploitée dans le cadre d'une merveilleuse coopération et d'un parfait accord entre le gouvernement mauritanien et le gouvernement sénégalais, mais aussi pour que tous nos partenaires puissent en bénéficier. Nous sommes bien conscients que la guerre en Ukraine a également eu des conséquences sur l'approvisionnement et la sécurité du gaz en Europe. Mais nous sommes en marge. Je vous ai dit tout à l'heure que la Mauritanie est la porte d'entrée de l'Espagne en Afrique, tout comme le Maroc.

Cette coopération est bonne, elle est fructueuse, mais je voudrais insister une fois de plus sur le fait que nous avons de nombreux atouts que nous n'avons pas encore exploités, nous avons de nombreux horizons et possibilités que nous devons ouvrir. Nous ne devons pas nous limiter à certains secteurs traditionnels comme la pêche, nous devons aller vers les énergies vertes, vers d'autres formes d'exploitation, vers d'autres formes de coopération et aussi vers des partenariats entre partenaires privés mauritaniens et partenaires privés espagnols, pas seulement entre gouvernements. Il faut donc développer ces relations pour que chacun puisse gagner et réussir sa mission. Et ce, dans une atmosphère de compréhension, de respect mutuel et d'indépendance de chaque partie, mais aussi d'une manière qui profite à la fois au peuple espagnol et au peuple mauritanien.