La Syrie fait face à un moment critique pour sa reconstruction économique

Le pays tente de répondre à son effondrement économique, après des années de conflit interne et face à de forts obstacles structurels financiers, commerciaux et énergétiques
Vista del banco central sirio, tras el derrocamiento de Bashar al-Assad, en Damasco - REUTERS/ FIRAS MAKDESI
Vue de la banque centrale syrienne après le renversement de Bachar al-Assad à Damas - REUTERS/ FIRAS MAKDESI

La levée des sanctions américaines contre Damas symbolise la possibilité de répondre à la situation économique complexe de la République arabe syrienne et marque la fin de son isolement du système financier international. L'Union européenne et la Grande-Bretagne se sont jointes à la décision américaine et ont également levé certaines de leurs sanctions. 

Cette décision a été prise lors de la tournée de Donald Trump, président des États-Unis, dans les pays du Moyen-Orient. Plus précisément, l'annonce a été faite depuis la capitale saoudienne, Riyad, où le président américain a rencontré son homologue, le président par intérim de la Syrie, Ahmed Al-Sharaa. 

Tant le pays organisateur que le secrétaire général représentant la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, se sont réjouis de cette nouvelle et de cette opportunité, soulignant même que cela était nécessaire pour poursuivre une reprise effective. 

El presidente interino de Siria, Ahmed Al-Sharaa, habla durante una formación ministerial del gobierno de la República Árabe Siria, en Damasco, Siria, el 29 de marzo de 2025 - REUTERS/ KHALLIL ASHAWI 
Le président intérimaire de la Syrie, Ahmed Al-Sharaa, s'exprime lors d'une formation ministérielle du gouvernement de la République arabe syrienne à Damas, Syrie, le 29 mars 2025 - REUTERS/ KHALLIL ASHAWI

La guerre civile en Syrie et l'imposition de sanctions internationales sont deux des principaux facteurs qui ont accéléré l'effondrement et le retard des institutions et de l'économie syriennes. Cette nouvelle mesure pourrait faciliter l'acheminement d'une aide humanitaire importante, ainsi que le processus visant à faire face à la grave détérioration que connaît le pays. 

Le coordinateur résident et humanitaire des Nations unies pour la Syrie, Adam Abdelmoula, et le coordinateur humanitaire régional pour la crise syrienne, Ramanathan Balakrishnan, ont tous deux souligné le rôle des sanctions comme obstacle à l'aide vitale au pays arabe. 

La Banque mondiale a estimé que l'économie syrienne équivaut à celle de l'Albanie ou de l'Arménie, qui ont des populations beaucoup moins importantes. De même, les données montrent une réduction de 83 % entre 2010 et 2024, ce qui rend encore plus visible son retard économique. 

De même, les récentes mesures prises par le nouveau gouvernement au pouvoir depuis décembre ont consisté à demander à la Banque centrale d'adopter un taux de change unifié pour la livre syrienne, à récupérer les actifs gelés par les gouvernements occidentaux pendant le régime de Bachar Al-Assad afin de financer les réformes et à évaluer comment faire face aux dettes liées aux accords de prêts bilatéraux, estimées entre20 et 23 milliards de dollars. Ce montant est encore plus élevé avec des pays comme l'Iran et la Russie, où il est estimé entre 30 et 50 milliards de dollars. En ce qui concerne la dette, des avocats spécialisés dans la dette souveraine ont estimé qu'elle pourrait être annulée si elle était intégrée dans les guerres dites « odieuses » menées sous le régime de Bachar Al-Assad, où l'argent n'a pas été utilisé pour le peuple, mais investi dans les armes. 

<p>El derrocado presidente sirio, Bashar al-Assad - SPUTNIK/ VALERY SHARIFULIN</p>
Le président syrien déchu Bachar al-Assad - SPUTNIK/ VALERY SHARIFULIN

Face aux pressions financières, le gouvernement a dû choisir de payer les importations essentielles par la contrebande de carburant, mais surtout par la production et le trafic d'une drogue illicite stimulante aux effets similaires à ceux de l'amphétamine, le captagon, très prisé actuellement pour l'économie syrienne. La Syrie a également perdu une part importante de ses revenus provenant de l'énergie de ses gisements pétroliers, y compris leur contrôle par des groupes tels que l'État islamique ou des combattants kurdes. Tout cela a conduit le pays à s'aligner sur ses alliés, l'Iran et la Russie, et à devenir fortement dépendant de leurs importations énergétiques. Le secteur agricole a également connu une baisse de sa production de blé, aggravant encore la situation déjà précaire. 

On estime que ce soulèvement pourrait amorcer la réhabilitation des infrastructures essentielles, encourager les investissements dans les services de base et soutenir la reconstruction générale. On espère également que cette mesure se traduira par des efforts concrets pour répondre aux besoins de la population syrienne et de ce pays méditerranéen. Al-Sharaa a souligné que cette mesure marque le début du travail ardu qui sera nécessaire pour construire une Syrie moderne. Toutefois, la reprise devrait être lente en raison de l'appauvrissement et de la précarité de l'État, ainsi que de la situation gouvernementale encore instable, notamment les conflits persistants dans la région qui rendent difficile la possibilité d'un processus linéaire.