272 civils tués dans une attaque du groupe rebelle M23 en RD Congo

Au total, 272 civils ont été tués lors de l'attaque menée la semaine dernière par le groupe rebelle Mouvement du 23 mars (M23) dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), selon les derniers chiffres du gouvernement, qui avait initialement évalué le bilan à une centaine de morts.
"Les dernières nouvelles qui viennent de nous parvenir sont qu'il y a eu un total de 272 civils tués", dont au moins 17 mineurs, a déclaré Julien Paluku, ministre congolais de l'Industrie et ancien gouverneur de la région du Nord-Kivu, où opère le M23, lors d'une conférence de presse lundi en fin de journée.
"Les communautés ont pu déterminer le nombre de morts", alors que les Forces armées de la RDC (FARDC) avaient donné jeudi dernier un premier chiffre d'au moins 50 morts, que le gouvernement a ensuite porté à une centaine, dans l'attaque perpétrée entre mardi et mercredi dans la localité de Kishishe, dans le territoire de Rutshuru.
D'autre part, le porte-parole de l'exécutif et ministre de la Presse et de la Communication, Patrick Muyaya, a révélé que le gouvernement va demander l'ouverture d'une enquête à la Cour pénale internationale (CPI).
"Malgré la feuille de route restrictive du mini-sommet de Luanda, aucun retrait des forces rwandaises et des terroristes du M23 n'a été observé sur le terrain", a regretté l'armée dans un communiqué la semaine dernière.
Les FARDC ont fait référence au sommet qui s'est tenu dans la capitale angolaise le 23 novembre à l'invitation du président angolais João Lourenço, médiateur de l'Union africaine entre la RDC et le Rwanda, que Kinshasa accuse de soutenir le M23.
Bien que Kigali le nie fermement, un rapport d'experts des Nations unies divulgué en août dernier a confirmé cette coopération.
Lors du sommet, le président congolais Felix Tshisekedi et le ministre rwandais des Affaires étrangères Vincent Viruta, représentant le président rwandais Paul Kagame, ont appelé à une cessation des hostilités à partir de 18h00 heure locale (17h00 GMT) le 25 novembre, mais les combats ont repris jeudi.

Les rebelles, de leur côté, ont démenti les chiffres officiels dans un communiqué et ont chiffré à huit le nombre de civils tués, en raison de "balles perdues".
Le M23 a été créé en 2012, lorsque des soldats congolais se sont révoltés en raison de la perte de pouvoir de leur chef, Bosco Ntaganda, inculpé par la CPI pour crimes de guerre ; et en raison de violations présumées de l'accord de paix du 23 mars 2009, qui donne son nom au mouvement.
Le groupe a demandé une renégociation de l'accord signé par le Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP), la guérilla congolaise, pour leur intégration dans l'armée, afin d'améliorer leurs conditions.
Le CNDP, composé principalement de Tutsis (un groupe qui a beaucoup souffert du génocide rwandais de 1994), a été créé en 2006 pour - entre autres objectifs - combattre les Hutus des Forces de libération du Rwanda (FDLR), fondées en 2000 par des génocidaires et d'autres Rwandais exilés en RDC pour reprendre le pouvoir politique dans leur pays d'origine.
Après des années d'inactivité, le M23 a recommencé à opérer en mars dernier et au moins 340 000 personnes ont été déplacées en raison de leurs combats avec les FARDC, selon les derniers chiffres de l'ONU.
Après des mois d'accalmie, les combats ont repris ce mois d'octobre et le M23 a progressé vers Goma, la capitale du Nord-Kivu, avec des affrontements entre les deux camps à une quinzaine de kilomètres de la ville stratégique, dont les rebelles se sont emparés en 2012.
L'est de la RDC est embourbé dans un conflit depuis plus de deux décennies, alimenté par les milices rebelles et l'armée, malgré la présence de la mission de maintien de la paix des Nations unies (MONUSCO).