44 djihadistes capturés au Tchad retrouvés morts dans des circonstances étranges

Au moins 44 djihadistes appartenant à Boko Haram ont été retrouvés morts dans leurs cellules dans des circonstances étranges au Tchad, et bien que des sources officielles affirment qu'il s'agissait d'un suicide de masse, les enquêtes judiciaires et policières dans le pays font état d'un étrange empoisonnement. Les prisonniers sont morts jeudi 16 avril dans leurs cellules, comme l'a détaillé hier soir un message télévisé de Youssouf Tome, procureur général du Tchad. "Nous avons immédiatement enterré 40 corps et en avons remis quatre à un médecin légiste pour une autopsie. La conclusion de l'autopsie indique qu'il y a eu consommation d'une substance mortelle qui a causé des problèmes cardiaques chez certains et une asphyxie sévère chez d'autres, a confirmé le même procureur dans des déclarations faites à Efe ce dimanche.
Les morts faisaient partie d'un groupe de 58 membres du Boko Haram qui avaient été capturés après une attaque qui a coûté la vie à une centaine de soldats tchadiens. Ils étaient arrivés à N'Djamena le 15 pour être jugés.
Le ministère tchadien de la justice a nié tout mauvais traitement des prisonniers et défend l'hypothèse d'un suicide collectif, mais des groupes de la société civile accusent les autorités d'appliquer des conditions inhumaines aux membres de Boko Haram et mettent également en doute la version du parquet.
"Selon les informations que nous avons reçues, ces prisonniers djihadistes sont morts de soif et de faim", a déclaré à Efe Mahamat Nour Ahmat Ibedou, secrétaire général de la Convention tchadienne pour la défense des droits de l'homme (Ctddh). "Ils ne sont pas morts comme le dit le procureur. Ces djihadistes ont été laissés à la mort pour des raisons que seul le gouvernement connaît", a ajouté M. Ibedou.
Le ministre tchadien de la justice, Djimet Arabi, a déclaré que les 14 terroristes encore en vie seront jugés dans les prochains jours. Depuis début 2020, Boko Haram, une organisation d'origine nigériane, a intensifié ses attaques contre les forces de sécurité tchadiennes. Le gouvernement du pays a en effet annoncé ce mois-ci qu'il cesserait d'envoyer ses soldats dans des missions antijihadistes individuelles dans le bassin du lac Tchad, mais a déclaré qu'il continuerait à participer à des opérations conjointes avec d'autres pays, comme celles de la force conjointe du G5 pour le Sahel.
Boko Haram opère dans les pays voisins qui bordent le bassin du lac Tchad : le Tchad (où il a commencé ses attaques en 2015), le Cameroun, le Niger et le Nigeria. Le groupe a été créé en 2002 dans la ville de Maiduguri (nord-est du Nigeria) par le chef spirituel Mohameh Yusuf pour dénoncer l'abandon du nord du pays par les autorités, mais il s'est radicalisé à partir de 2009 après la mort de son chef. Depuis lors, sa campagne sanglante a tué quelque 27 000 personnes et en a laissé environ deux millions déplacées, selon les chiffres de l'ONU.