L'ONG a présenté un rapport contenant différents points concernant les abus commis par l'entité du Polisario et l'Algérie à l'encontre des Sahraouis dissidents

Africa Watch dénonce les violations des droits des Sahraouis dans les camps de Tindouf par le Front Polisario

PHOTO/FILE - Tindouf

L'ONG Africa Watch, à l'occasion de la visite du secrétaire d'Etat adjoint américain, Joshua Harris, dans la région de Tindouf en Algérie pour relancer le processus de négociation sur le Sahara occidental, a dénoncé le sort des réfugiés sahraouis dans la zone contrôlée par le pays algérien et le Front Polisario. 

Dans un rapport présenté récemment, l'ONG axée sur le suivi des questions de démocratie et de droits de l'homme et le plaidoyer pour la protection et les droits de tous en relation avec le rôle des Etats-Unis également à cet égard, a dénoncé les exactions contre la population sahraouie à Tindouf et les "diverses violations" subies par les Sahraouis dans les camps de cette région algérienne en dehors de toute protection internationale, du fait de leur absence de statut légal de réfugié en raison de l'absence de comptage et d'enregistrement depuis la création des colonies de peuplement en 1975. 

Africa Watch a souligné "les graves violations commises dans et autour des camps par les dirigeants du Front Polisario et les membres de l'armée algérienne stationnés dans la région de Tindouf, ainsi que l'oppression, le harcèlement et les manifestations d'esclavage dont sont victimes les femmes, et les tentatives de réduire au silence les défenseurs des droits de l'homme et les activistes dans les camps".

PHOTO/REUTERS - Camp de réfugiés de Boudjdour à Tindouf dans le sud de l'Algérie

L'ONG a également noté que les services de sécurité algériens et le Front Polisario ont commis de graves violations des droits de l'homme depuis l'établissement des camps de Tindouf dans le sud-ouest de l'Algérie en raison du différend sur le Sahara occidental.

En outre, il a été noté que la situation des droits et libertés dans les camps de Tindouf ne peut être séparée du contexte général dans l'Etat hôte, où le Polisario a continué à commettre des exécutions extrajudiciaires pour des motifs ethniques ou identitaires depuis l'établissement de ces camps sur le territoire algérien.

Comme le rapporte Africa Watch, sous la protection du pays hôte, le Front Polisario continue de qualifier les victimes de détention prolongée dans ses prisons secrètes de traîtres et d'agents de parties étrangères, affirmant que leur détention n'est rien d'autre que la détention de personnes impliquées dans des crimes ou de suspects. "Malgré le croisement des témoignages, l'identification des noms des bourreaux, la localisation des centres de détention secrets, ainsi que les témoignages des victimes survivantes, l'Etat algérien refuse toujours de fournir des informations sur les exécutions extrajudiciaires commises par les services de sécurité algériens ou le Front Polisario contre des Sahraouis isolés, qui ne faisaient que critiquer les idées du Polisario et la manière dont les camps sont gérés ou qui revendiquaient leurs droits en vertu des conventions internationales pertinentes", comme le note le rapport publié par Africa Watch.

AFP/FADEL SENNA - L'Afrique du Nord est le théâtre de dangereuses manœuvres iraniennes qui pourraient faire exploser la situation dans la région, notamment avec les Gardiens de la révolution qui continuent à fournir des marches avancées au Front Polisario, menaçant ainsi la stabilité autour du Sahara marocain

En outre, il a noté qu'il y avait de nombreuses tragédies humaines, y compris des disparitions forcées répétées, des enlèvements, des exécutions extrajudiciaires, des exécutions sommaires, des meurtres liés à l'identité et la torture dans les centres de détention et d'autres actes cruels, inhumains et dégradants dans les centres de détention et "d'autres peines ou traitements cruels, inhumains et dégradants".

Le rapport a souligné que plusieurs jeunes Sahraouis ont été abattus par des éléments de l'armée algérienne à la frontière algéro-mauritanienne et près des camps de Tindouf. 

Pour Africa Watch, le caractère systématique des assassinats commis par l'armée et la gendarmerie algériennes contre les réfugiés sahraouis est clairement démontré par la fréquence de ces cas pendant des périodes rapprochées sans qu'aucune mesure punitive ne soit prise contre les auteurs de ces violations.

AFP/FADEL SENNA - Personnel de la Mission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (MINURSO)

Les services de sécurité algériens et les éléments du Polisario ont interrogé et torturé des dissidents et des activistes sahraouis dans leurs quartiers généraux ou dans des centres de détention proches des camps pour avoir pensé différemment du Front Polisario et proposé d'autres points de vue pour résoudre le conflit sahraoui, comme l'a rapporté l'ONG. 

Les défenseurs des droits de l'homme au Sahara occidental concluent que le meurtre de jeunes Sahraouis dans les camps est une preuve évidente d'une politique systématique d'assassinat des Sahraouis. "Cette politique vise également à faire taire les critiques et à exploiter la souffrance des habitants des camps dans de nombreux forums internationaux. Ces victimes n'ont pas pu critiquer leur situation inhumaine ou demander une protection internationale contre l'empiètement des services de sécurité algériens et des forces du Polisario", comme l'a souligné Africa Watch. 

Les assassinats de jeunes Sahraouis qui refusent d'être réduits au silence et qui revendiquent une vie meilleure et plus de libertés, y compris la liberté d'expression et le rejet de la politique de la pensée unique, qui représente les positions et les orientations de la direction du Front Polisario, sont fréquents. Il s'agit d'un indicateur fort d'une politique systématique visant à éliminer toute initiative de réforme ou toute voix qui n'est pas compatible avec la position du pays hôte ou les orientations de l'organisation du Polisario, comme l'a rapporté l'ONG. 

A cet égard, il convient de noter, comme le souligne Africa Watch dans le rapport, que le pays hôte est responsable des actions menées par le Front Polisario, puisque le gouvernement algérien a délégué une partie de ses pouvoirs au Polisario, notamment en ce qui concerne le contrôle de la sécurité dans les camps. Ainsi, l'Etat algérien est directement responsable de toute violation des obligations juridiques internationales par le Front Polisario. Ces obligations sont une extension de la responsabilité du pays d'accueil et de réception en vertu des dispositions du droit international, selon lesquelles le pays d'accueil a la responsabilité première de respecter et de garantir les droits de l'homme de ses citoyens et de toutes les personnes vivant sur son territoire, comme le prévoient les dispositions pertinentes du droit international.

AFP/FADEL SENNA - Autour du Sahara Occidental

L'importance d'un problème bien ancré

La question du Sahara occidental est d'une grande pertinence et est ancrée depuis plus de quatre décennies, depuis le départ de l'Espagne de la région en tant que puissance coloniale. Le Maroc considère cette région comme faisant partie du Royaume, en y intégrant ce que l'on appelle les provinces du sud. Le pays nord-africain propose une formule de large autonomie sous souveraineté marocaine, respectant les postulats de l'Organisation des Nations unies (ONU), qui cherche à développer au maximum la région sur les plans administratif, social, politique et économique. Selon cette formule, le Sahara occidental aurait une grande capacité d'autogestion et le Maroc serait responsable de la politique étrangère et des questions de sécurité et de défense. 

AFP/FADEL SENNA - Point de passage de la frontière entre le Maroc et la Mauritanie à Guerguerat, Sahara occidental

Cette proposition bénéficie d'un fort soutien international de la part des nations concernées telles que les Etats-Unis, Israël, les Emirats Arabes Unis, l'Allemagne et même l'Espagne, qui considèrent cette initiative comme la manière la plus sérieuse, la plus crédible et la plus réaliste de résoudre le conflit sahraoui.

D'autre part, il y a l'alternative du Front Polisario, défendue par l'Algérie, qui préconise l'organisation d'un référendum sur l'indépendance du peuple sahraoui, moins soutenue sur la scène internationale et difficilement réalisable, selon divers experts. Tout cela en tenant compte de la confrontation régionale au Maghreb entre l'Algérie et le Maroc, surtout après la décision prise il y a quelques années par l'Etat algérien de rompre ses relations avec le royaume marocain, qu'il accuse d'"actes hostiles". Cette situation perdure malgré la main tendue que le Roi Mohammed VI du Maroc a fait à plusieurs reprises pour rétablir les relations entre les deux pays voisins.