Le changement linguistique dans les écoles militaires algériennes reflète l'éloignement culturel et politique de l'Algérie par rapport à la France

Les plus grandes écoles militaires algériennes ont montré une forte présence de l'anglais et du russe aux côtés de l'arabe lors de leurs défilés, tandis que le français brillait par son absence. Ce changement linguistique est perçu comme un message de distanciation culturelle et politique par rapport à la France, signalant l'orientation croissante du pays vers un partenariat avec la Russie et accentuant les tensions entre l'Algérie et Paris, en particulier au cours des dernières semaines.

Si l'adoption de langues plus répandues est justifiée par la nécessité de s'adapter à l'évolution des temps, elle reflète également l'extension politique de la crise silencieuse entre l'Algérie et la France. La récente visite du président Abdelmadjid Tebboune à Moscou souligne l'ouverture de l'Algérie à des liens plus étroits avec la Russie, ce qui contribue à la séparation progressive des relations entre les deux nations.
Les observateurs internationaux voient dans cette approche une reconnaissance de l'échec de la visite du commandant de l'armée Saïd Chengriha à Paris en janvier, ainsi que de l'incapacité du président Tebboune à parvenir à un compromis entre l'establishment militaire et la France. Ils estiment que si la visite avait été réussie, elle aurait conduit à un renforcement des liens plutôt qu'à une distanciation en faveur d'un rapprochement avec la Russie.

La transformation des pratiques linguistiques au sein de l'institution a commencé il y a plusieurs années sous la direction de feu le général Ahmed Qayed Saleh. Elle a commencé par des changements de bannières et de façades, qui ont servi de signal à d'autres institutions pour suivre le mouvement. Cependant, la décision politique concernant la langue est restée ambiguë jusqu'à ce que la présidence approuve l'inclusion de l'anglais dans plusieurs phases éducatives à partir de la saison prochaine.
Ce changement est considéré comme une rébellion algérienne contre la domination de la langue française, qui a été adoptée dans diverses institutions officielles et administratives depuis des décennies. Bien que les constitutions algériennes successives reconnaissent l'arabe et l'amazigh comme langues nationales, l'utilisation continue du français a créé des conflits politiques et idéologiques dans la société et perpétué un sentiment de dépendance culturelle et politique à l'égard de la France.

L'École militaire des armes diverses de la capitale, l'une des plus anciennes et des plus importantes d'Algérie, forme des officiers dans diverses disciplines et organise chaque année des cérémonies de remise des diplômes en présence du chef de l'État et d'officiers supérieurs de l'armée.
Le discours de Chengriha lors de cet événement a véhiculé de nombreux messages, notamment en soulignant son harmonie avec la présidence et en exprimant son soutien à ses efforts et à ses positions à différents niveaux. Il s'agissait de dissiper les rumeurs qui circulaient dans certains milieux concernant des objections au sein de l'institution sur la gestion par le front politique de la crise complexe que traverse le pays.

Par ailleurs, les récents événements survenus en France, suite à l'assassinat tragique d'un jeune Français d'origine algérienne par un policier français, ont aggravé la crise entre les deux pays et creusé le fossé. La déclaration de l'Algérie condamnant l'incident comme une "brutalité" et exprimant le soutien des dirigeants politiques à la communauté immigrée a contribué à cette escalade.
Des sources suggèrent que le report répété de la visite du président algérien en France n'est pas seulement dû à des raisons politiques et à des développements soudains, mais aussi à la pression des dirigeants militaires qui cherchent à rompre le lien historique avec la France et à favoriser des partenariats solides avec de nouveaux alliés, menés par la Russie et la Chine.

Chengriha a déclaré que le haut commandement de l'armée nationale populaire, sous les directives, les instructions et le soutien du président Abdelmadjid Tebboune, continue à s'efforcer d'améliorer les performances, l'efficacité et le professionnalisme dans toutes les composantes des forces armées. Son objectif est d'atteindre un niveau de préparation élevé, digne d'une armée professionnelle et respectée, engagée dans la défense du peuple et de la patrie, avec l'ambition légitime d'atteindre des positions de leadership aux niveaux régional et international.
Il a également mis en exergue les réalisations et les succès significatifs de l'Algérie sur le plan diplomatique, en mettant à l'honneur la politique avisée du pays visant à renforcer la coopération avec les nations amies et en soulignant le rôle central de l'Algérie dans l'édification de la paix et de la sécurité.