La conversation tant attendue entre Trump et Poutine se termine sans avancée

Le président américain Donald Trump - REUTERS/CARLOS BERRIA
L'Ukraine se montre disposée à un cessez-le-feu total, tandis que la Russie maintient ses exigences, inacceptables pour Kiev

Le président américain Donald Trump a eu une conversation téléphonique inhabituelle et prolongée avec son homologue russe Vladimir Poutine, dans le but de mettre fin à la guerre en Ukraine. Malgré le ton amical et les déclarations publiques élogieuses, la conversation n'a pas permis de réaliser de progrès significatifs vers la paix.

Trump, qui a toujours soutenu que la seule voie réaliste pour résoudre le conflit était un dialogue direct avec Poutine, a qualifié cet appel d'échange « excellent tant dans le ton que dans l'esprit ». Sur son réseau social Truth Social, il a ajouté que la Russie avait manifesté son intérêt pour un « commerce à grande échelle » avec les États-Unis une fois terminé ce qu'il a qualifié de « massacre catastrophique ». Toutefois, en termes concrets, il a accepté de reporter tout cessez-le-feu jusqu'à la fin de nouvelles négociations, une concession considérée par beaucoup comme un recul indirect face à la position russe.

Poutine, pour sa part, a publiquement salué l'appel comme étant « significatif et tout à fait 
franc », et a remercié Trump pour son incitation à la négociation. Malgré cela, il n'a pas apporté de soutien clair au cessez-le-feu proposé, se contentant de déclarer que « l'essentiel pour nous est d'éliminer les causes profondes du conflit ». Ces déclarations indiquent que le Kremlin reste ferme dans ses exigences, y compris une nouvelle cession du territoire ukrainien, une ligne rouge pour Kiev.

D'autre part, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé avoir parlé à Trump à deux reprises lundi : une fois avant l'appel avec Poutine, et une fois au cours d'une vidéoconférence avec les dirigeants de l'OTAN. Il a réaffirmé que l'Ukraine était prête à mettre en œuvre « un cessez-le-feu complet et inconditionnel ». Cependant, le refus de la Russie d'arrêter les attaques - y compris les récents bombardements de drones sur le territoire ukrainien - renforce la perception que Moscou ne veut toujours pas mettre fin à la guerre.

Zelenski a également déclaré sur les réseaux sociaux que si la Russie ne cédait pas, des sanctions plus sévères devraient être prises à l'encontre de Moscou. « Faire pression sur la Russie la poussera vers une paix véritable ; cela est évident pour tout le monde », a-t-il expliqué.

Le Vatican, à l'initiative du nouveau pape Léon XIV, s'est proposé comme lieu possible pour de futures négociations de paix. Trump a soutenu cette option, tout comme le gouvernement italien. L'appel de lundi fait suite à des discussions directes entre les délégations russe et ukrainienne à Istanbul la semaine dernière, où un échange de prisonniers (1 000 de chaque côté) a été convenu, mais où aucun accord de trêve n'a pu être trouvé.

La pression internationale s'intensifie également. Les dirigeants français, allemand, britannique et italien se sont entretenus dimanche avec Trump, exhortant Poutine à « prendre au sérieux » les pourparlers de paix.
 

Le président français Emmanuel Macron a demandé à la Russie d'accepter « dès demain » un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours, tandis que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui a menacé de nouvelles sanctions contre la Russie, a réitéré le soutien de l'exécutif européen à Zelensky « pour parvenir à une paix durable en Ukraine ».

Au milieu de cette situation, Trump a été critiqué pour sa position jugée complaisante envers Poutine. Tout en exigeant des sacrifices de l'Ukraine, il semble offrir des concessions implicites à Moscou. À cet égard, le vice-président américain J. D. Vance a exprimé sa frustration face au rythme des négociations, rappelant que la Russie continue d'exiger que l'Ukraine cède davantage de territoire, une condition qui bloque tout accord possible.

Le vice-président américain JD Vance - MSC/Preiss

Pendant ce temps, les violences se poursuivent. Dimanche, la Russie a bombardé des zones résidentielles à Kherson, tuant une femme de 75 ans et blessant deux autres personnes, selon les informations fournies par la mairie locale.

Plus de trois ans après le début de l'invasion russe à grande échelle, la guerre en Ukraine reste sans perspective claire de paix. Si l'appel entre Trump et Poutine peut marquer un tournant symbolique, l'absence de résultats tangibles et la fermeté de Moscou dans ses exigences restent des obstacles majeurs à la paix.