Le droit au retour librement consenti : parallèles et différences avec le Sahara
- Les camps de Tindouf : entre violations et captivité prolongée
- Palestine : entre exil forcé et reconstruction
- Réflexions globales sur l'asile et la dignité
- Une conclusion qui a ému l'assemblée
À Genève, en marge de la 59e session du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, un événement parallèle de haut niveau s'est tenu à l'hôtel N'VY de Genève sous le titre « The Right of Return » (Le droit au retour), ou le droit au retour librement consenti. Organisée par plusieurs organisations internationales, cette rencontre a permis de confronter les expériences sahraouie et palestinienne dans une même perspective : le droit au retour reste l'un des droits humains les plus bafoués dans les zones de conflit.
Modérée par M. Moulay Lahsen Naji, président du CIDH Afrique, la table ronde a réuni des personnalités éminentes du monde universitaire et humanitaire :
- Mme Gajmoula Boussif (Maroc), présidente de l'Observatoire du Sahara pour le développement économique et social
- M. Ayman Okeil (Égypte), président de MAAT for Peace
- M. Ignacio Ortiz (Espagne), président du Fórum Canario Saharaui
- M. Mehmet Şükrü Güzel (Turquie), président du Center for Peace and Reconciliation Studies
- M. Bruce Wong (Australie), président de la Bruce Wong Foundation
- Mme Hülya Kurt (Suisse), présidente de Women in International Trade et professeure à la SSBM Genève
Les camps de Tindouf : entre violations et captivité prolongée
Plusieurs intervenants ont axé leurs interventions sur la situation critique dans les camps de Tindouf. Le Turc Mehmet Şükrü Güzel a qualifié ce qui s'y passe de génocide et de crimes contre l'humanité perpétrés par le groupe armé non étatique Front Polisario. Il a dénoncé la déportation forcée des Sahraouis vers les camps et a estimé que l'ONU avait commis une erreur en inscrivant la question du Sahara dans le processus de décolonisation. Il a également critiqué l'admission de la soi-disant RASD au sein de l'Union africaine, qualifiant cette décision de violation de la Charte des Nations unies, et a réclamé la reconnaissance du statut de réfugié pour les Sahraouis.
Gajmoula Boussif a abordé la situation des femmes sahraouies, victimes de mariages forcés, de violences sexuelles et de surveillance idéologique. Elle a dénoncé l'instrumentalisation du programme « Vacances en paix » comme mécanisme de propagande et de démembrement familial.
Ignacio Ortiz a présenté plusieurs cas documentés de torture, de disparitions forcées, d'arrestations arbitraires et de répression des libertés qui justifieraient largement le droit au retour. Il a souligné la responsabilité de l'État algérien, en tant que pays hôte, d'avoir cédé le contrôle de ces camps à un groupe armé sans légitimité, et a exigé un recensement international transparent et la garantie du droit au retour au Maroc. Il a également rappelé ce qui fut probablement le premier crime grave de violation des droits de l'homme commis par le Polisario contre la population sahraouie, dès la fin de la période espagnole, par l'enlèvement dans des villages de l'intérieur, le recrutement forcé et le transfert ultérieur vers les camps en Algérie, dans le but délibéré d'augmenter la population susceptible de soutenir les prétentions à la constitution d'un gouvernement en exil.
Palestine : entre exil forcé et reconstruction
Depuis l'Égypte, Ayman Okeil a axé son intervention sur la situation à Gaza, où la destruction massive des infrastructures civiles et les déplacements forcés menacent les droits fondamentaux du peuple palestinien. Il a revendiqué le droit au retour comme un pilier de la justice internationale et a appelé à une reconstruction fondée sur la légalité, l'équité et les droits de l'homme.
Réflexions globales sur l'asile et la dignité
Bruce Wong, entrepreneur et militant australien, a partagé son expérience personnelle en tant que réfugié cambodgien en Thaïlande, avant d'être accueilli en Australie. Il a raconté comment il a réussi à refaire sa vie et à fonder une organisation humanitaire active en Asie qui va désormais étendre son action en Afrique. Il a souligné que l'éducation est la base de la dignité des réfugiés et a appelé à une action concrète et à la construction de ponts entre les peuples.
Pour sa part, Hülya Kurt a offert une vision globale du phénomène des réfugiés, soulignant que ceux-ci souffrent d'humiliations, d'exclusion et d'un manque d'intégration réelle. Elle a plaidé en faveur d'une aide humanitaire urgente, mais aussi de politiques d'intégration durables, en mettant particulièrement l'accent sur l'autonomisation des femmes réfugiées. Elle a souligné le rôle essentiel de la société civile dans la défense de leurs droits.
Une conclusion qui a ému l'assemblée
L'événement s'est conclu par la projection d'une vidéo bouleversante, récemment diffusée sur les réseaux sociaux, qui montre des familles sahraouies tentant de fuir les camps de Tindouf pour retourner au Maroc, leur patrie historique, après le massacre du 9 avril 2025 perpétré par l'armée algérienne contre des chercheurs d'or sahraouis. Dans l'enregistrement, on entend les civils implorer les soldats algériens de ne pas tirer, tout en criant avec force leur désir de retourner au Maroc. Ces images reflètent avec cruauté le désir désespéré de liberté, de justice et de dignité qui résonne dans le cœur de ceux qui sont confinés depuis des décennies dans l'oubli.