Le directeur des services de renseignement égyptiens Abbas Kamel s'est rendu en Libye afin d'influencer et de soutenir une médiation diplomatique entre Haftar et Dbeiba

Égypte et Libye: au-delà de la diplomatie

AFP/HO EGYPTIAN STATE INFORMATION SERVICE - Le premier ministre libyen Abdul Hamid Dbeibeh rencontre le directeur général égyptien du renseignement Abbas Kamel, dans la capitale libyenne, le 17 juin 2021

Le directeur général des services de renseignement égyptiens, Abbas Kamel, s'est rendu à Tripoli et à Benghazi dans le but de rencontrer, dans un premier temps, le commandant de l'armée libyenne, le maréchal Khalifa Haftar, puis de s'entretenir avec le Premier ministre du gouvernement d'union nationale, Abdul Hamid Dbeiba, et le président du Conseil présidentiel, Muhammad Al-Manf.

La visite égyptienne a pour but de servir de médiateur entre les deux parties et de lancer un appel à la concorde entre les deux dirigeants afin de promouvoir la paix et la coopération. Les bonnes et fortes relations entre les deux États découlent de l'assistance que l'Égypte a offerte à la Libye pour servir de médiateur et promouvoir le cessez-le-feu de la guerre civile, ainsi que pour promouvoir la stabilité dans le pays après avoir coopéré aux politiques antiterroristes.

Selon Al-Ain News, la visite s'est déroulée dans une atmosphère dans laquelle ils ont essayé de promouvoir la coordination sécuritaire entre les deux pays. La Libye a salué le rôle de médiateur et de réconciliateur joué par le pays égyptien.

Après les deux réunions, et selon les communiqués publiés par le ministère de l'Intérieur, les principales clés qui ont été discutées en termes diplomatiques tournent autour des politiques anti-terroristes, de l'augmentation du soutien technologique et informationnel et du soutien à la reconstruction et à la stabilisation.

Concernant l'approbation de nouvelles politiques antiterroristes, le membre de la Chambre des représentants libyenne, Saeed Mugheeb, déclare que l'arrivée de Kamel est une occasion de discuter et de mettre en œuvre des mesures sur le démantèlement des milices terroristes, en provenance de Turquie, et d'établir les politiques nécessaires pour approuver le départ des mercenaires étrangers. Dans la même veine, il affirme que les deux pays "continuent à travailler pour sécuriser les frontières sud contre les mouvements terroristes". 

Par ailleurs, l'analyste militaire et de sécurité libyen Mohammed Al-Tarhouni a déclaré que l'Égypte coopère pour renforcer et aider la lutte contre le terrorisme avec les parties libyennes afin de continuer à maintenir son rôle de soutien. Ainsi, la visite s'est inscrite dans une logique de soutien au Comité militaire 5+5, à l'accord de cessez-le-feu et à l'unification de l'establishment militaire.

À cet égard, M. al-Tarhouni a souligné le rôle de l'Égypte en tant que médiateur dans la définition de la ligne rouge entre Syrte et Jufra, ainsi que dans la pose des premières bases d'un accord sur le cessez-le-feu et l'aide à la formation ultérieure d'un gouvernement unifié.

L'analyste a déclaré que le Caire souhaite se coordonner avec les autorités libyennes pour accroître la présence internationale afin de procéder à l'expulsion des mercenaires dans la région, comme l'Égypte et la Turquie l'avaient convenu lors de précédents entretiens.

D'autre part, le Dr Hamed Faris, spécialiste des affaires arabes, a déclaré à Al Ain que cette visite est "un message clair de la part des dirigeants politiques égyptiens concernant le soutien absolu à l'État libyen", ainsi qu'un "soutien au peuple libyen et à son gouvernement" pour tenter de "surmonter cette étape délicate et réaliser leurs aspirations à organiser les élections dans les délais prévus".

Pour l'Égypte, l'incursion turque est "une violation de sa sécurité et de la sécurité nationale de la Libye, c'est pourquoi la Turquie s'efforce de faire échouer toute tentative de résoudre les différends, de renoncer aux conflits et de désamorcer la guerre", a déclaré le coordinateur du département des sciences politiques de l'université Omar al-Mukhtar, Al-Farsi.

Sur le plan économique, le candidat au poste de gouverneur de la Banque centrale, Anwar Yassin Rajab, a déclaré que "la visite d'Abbas Kamel est une étape avancée qui aura des effets très positifs pour soutenir la stabilité de la Libye". Parallèlement, M. Rajab a souligné l'importance d'activer "conjointement" le comité technique entre la Libye et l'Égypte afin de "renforcer la coopération dans tous les domaines et d'investir le rôle positif de la République arabe d'Égypte dans la promotion de la réconciliation nationale entre les parties libyennes".

Avec ce type de soutien et l'intense exercice diplomatique que l'Égypte mène dans la région, le pays arabe s'impose comme un État clé. Après l'activité diplomatique accélérée qu'elle mène dans la région, l'Égypte entend regagner son influence au Moyen-Orient et s'imposer comme un pays puissant et influent.

La Libye n'a pas été le seul pays dans lequel l'Égypte est intervenue par voie diplomatique pour approuver un cessez-le-feu. Dans la dernière escalade de la tension entre Israël et le Hamas, l'Égypte est intervenue pour jeter les bases d'un armistice. De même, le pays dirige la reconstruction de Gaza grâce à un plan axé sur la remise en état des infrastructures détruites après les bombardements.