Les EAU et le Qatar se rencontrent pour la première fois après les accords d'Al-Ula

Les Émirats et le Qatar consolident leurs relations depuis la fin du blocus 

PHOTO/QATAR NEWS via REUTERS - L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad al-Thani, rencontre le conseiller à la sécurité nationale, Cheikh Tahnoun bin Zayed al-Nayhan, à Doha, au Qatar, le 26 août 2021

C'est officiel, un nouveau chapitre s'ouvre dans les relations entre les États du Golfe. Le conseiller à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, Cheikh Tahnoun bin Zayed al-Nayhan, frère du dirigeant de facto des Émirats, s'est entretenu avec l'émir qatari Tamim bin Hamad al-Thani à Doha, où ils ont discuté du renforcement de la coopération, notamment dans les domaines économique et commercial et dans les projets d'investissement. Il s'agit de la première réunion depuis la signature de l'accord d'Al-Ula, qui a mis fin à un blocus de trois ans et demi imposé au Qatar par les Émirats arabes unis, l'Arabie saoudite, Bahreïn et l'Égypte. L'adoucissement de la rhétorique sur le conflit qui dure depuis trois ans intervient dans le cadre d'une désescalade parrainée par le Koweït, qui rétablit la diplomatie et le multilatéralisme après une période turbulente d'accusations mutuelles et même de danger de guerre. 

Le désaccord entre le quartet arabe et le Qatar a été l'une des crises diplomatiques les plus graves de ces dernières années entre les pays du Golfe. Riyad a annoncé le 5 juin 2017 la rupture des relations et la fermeture de tous les ports terrestres, maritimes et aériens à tous les moyens de transport en provenance ou à destination de ce pays. L'Égypte, les Émirats arabes unis et Bahreïn ont emboîté le pas à leurs voisins et ont annoncé la rupture de leurs relations avec Doha, une annonce qui s'est accompagnée d'une série de mesures économiques, notamment la fermeture des frontières susmentionnée et l'imposition de restrictions à la circulation des Qataris dans ces nations.

Le Qatar a été placé sous blocus à partir de 2017 sous les accusations du quartet de soutenir le terrorisme transfrontalier et l'organisation des Frères musulmans, qualifiée de terroriste par plusieurs nations. Depuis lors, les relations de toutes sortes ont été coupées et le pays a été isolé afin de tenter de modifier sa politique étrangère et financière, qui l'avait rapproché de nouveaux partenaires tels que la Turquie et l'Iran, acteurs internationaux désignés pour déstabiliser certaines parties du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord par leur attitude belliqueuse. Après la déclaration d'Al-Ula, le Qatar a été libéré du blocus auquel il était soumis par ses voisins, notamment en raison des bonnes relations entre l'Iran et le Qatar. La levée du blocus et le retour à la normalité dans la péninsule arabique pourraient donc constituer un premier pas dans cette direction. 

La présence des EAU au Qatar serait la preuve d'un rapprochement déjà en cours. Il semble maintenant que cette tendance pourrait changer en faveur du Qatar ; un changement représenté par la présence du cheikh Zayed al-Nayhan au Qatar. Tout cela vise à pacifier la région du Moyen-Orient, l'un des principaux objectifs des récents mouvements politiques qui ont conduit à l'établissement de liens diplomatiques entre divers pays arabes tels que les Émirats et le Bahreïn et Israël sous les auspices des États-Unis.

Le rétablissement des relations entre les pays, ainsi que l'établissement de relations diplomatiques entre Israël et plusieurs pays arabes, constituent les nouvelles réalités géopolitiques du Moyen-Orient. Dans une région déchirée par les actions oppressives d'États autocratiques et policiers, minée par le terrorisme et soumise à des transformations économiques et démographiques, notamment en raison du déclin de l'avenir du pétrole, une option qui rétablit le multilatéralisme et la diplomatie est toujours une bonne nouvelle.

Il est toutefois trop tôt pour dire si ces pays s'entendront sur des questions telles que la Turquie et l'Iran, où les intérêts des différents pays sont opposés. Ou ce qui se passera avec le soutien du Qatar aux Frères musulmans, une organisation qualifiée de terroriste par des pays comme les Émirats arabes unis. Il est clair qu'il s'agit d'un pas en avant dans les relations entre les pays du Golfe, mais il reste encore de nombreuses inconnues à résoudre.