Un pays du Golfe renforce son entraînement à la défense aérienne pour dissuader les attaques contre les installations essentielles à son économie

Les forces armées émiraties s'entraînent avec les forces américaines et françaises

PHOTO/USAF-Alexander Cook - L'administration Biden a mis en suspens la vente d'une demi-centaine de chasseurs F-35 Lightning II, considérés comme les plus avancés au monde.

Les Émirats occupent une position privilégiée dans le golfe Persique et sont un allié clé des États-Unis dans la région. Entre 3 500 et 5 000 militaires américains sont stationnés en permanence dans le pays, la plupart d'entre eux sur la grande base aérienne d'Al Dhafra, à un peu plus de 30 kilomètres d'Abu Dhabi. Depuis le territoire émirati, le Pentagone fournit un soutien logistique et opérationnel aux forces terrestres, aériennes et navales déployées au Moyen-Orient. 

C'est aussi un scénario qui intéresse beaucoup la France, dont les forces aériennes viennent de participer à un exercice tactique de plusieurs jours avec celles des Emirats et des Etats-Unis. L'objectif était de protéger et de repousser une prétendue attaque aérienne simultanée contre plusieurs cibles critiques de l'économie du pays du Golfe, dont les emplacements n'ont pas été divulgués. 

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Plus de 40 avions et hélicoptères d'attaque ont pris part aux manœuvres aériennes. Le côté agresseur était constitué d'une composante franco-américaine, avec une douzaine de chasseurs Dassault Rafale et un avion Airbus A330 MRTT Fénix de ravitaillement en vol. Les premiers à pénétrer dans l'espace aérien émirati pour gagner en supériorité aérienne ont été quatre chasseurs F-15C et un drone MQ-1 Predator américains, suivis de deux hélicoptères d'attaque AH-64D Apache, tous soutenus par deux avions de renseignement et de guerre électronique Gulfstream A660.

Pour défendre les installations clés sur son territoire et repousser les attaquants, l'UAF a déployé quatre de ses près de 80 chasseurs F-16E Block 60 "Desert Falcon", la version la plus avancée que Lockheed Martin ait jamais produite, quatre de ses plus de 60 chasseurs Mirage 2000-9 et plusieurs batteries de missiles surface-air MIM-104 Patriot. Deux chasseurs F-15C et deux hélicoptères américains AH-64D Apache ont participé à l'exercice.

L'ensemble de l'exercice a été enregistré depuis le sol et l'air en format numérique haute résolution, afin que les participants puissent visualiser les actions et la confrontation entre les deux parties et en tirer des conclusions lors d'une session sur les leçons apprises après l'exercice. Il est ainsi plus facile de mettre en évidence les points forts et d'identifier les points faibles en vue d'une action corrective.

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Une coopération renforcée avec Washington à partir de 2019

Les Émirats arabes unis et les États-Unis coopèrent étroitement pour maintenir la stabilité au Moyen-Orient. Au cours des trois dernières décennies, les unités militaires émiraties ont participé à au moins six coalitions multinationales dirigées par le Pentagone ou dans lesquelles les États-Unis ont déployé l'essentiel de leurs efforts.

Parmi celles-ci figurent celle qui a été formée pour combattre Saddam Hussein et qui a conduit à la première guerre du Golfe, celle créée pour rendre le Kosovo indépendant de la Serbie, celle mise en place pour combattre les Talibans en Afghanistan et l'intervention militaire en Libye sous le drapeau de l'ONU. 

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Afin de renforcer leurs relations déjà étroites dans le domaine militaire, les deux pays ont signé un accord de coopération en matière de défense en mai 2019, qui a renforcé celui signé en 1994 et a élargi le degré de coopération et de coordination entre les forces armées des deux pays.

L'accord avec Washington sous l'administration Trump couvre des domaines de collaboration nombreux et variés et est favorisé par le fait que la doctrine militaire émiratie reflète celle du Pentagone, avec des adaptations au contexte local pour des raisons évidentes. Par exemple, il augmente le nombre de manœuvres conjointes pour l'entraînement des unités terrestres, navales et aériennes, le nombre d'exercices tactiques pour les cadres de commandement et, de préférence, renforce la coopération en matière de défense aérienne et d'opérations spéciales.

Le pacte de 2019 prévoit également le prépositionnement d'équipements militaires américains sur le territoire émirati. En échange, la nation arabe est assurée d'un traitement préférentiel dans ses achats d'armes à l'industrie américaine.

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En attente d'une décision finale sur l'avion de chasse F-35

Avec des forces armées dont le nombre minimum est estimé à environ 63 000 hommes, l'accord comprend un programme de corps de marines pour conseiller et former le groupe de reconnaissance de la Garde présidentielle des Émirats. Il est axé sur leur formation et sur l'amélioration continue de la lutte contre le terrorisme, la piraterie et la protection des infrastructures critiques dans tout le pays.

Les relations entre Washington et Abu Dhabi sont excellentes, malgré le fait que la nouvelle administration Biden ait mis en suspens la vente d'une demi-centaine de chasseurs F-35 Lightning II de la 6e génération - considérés comme les plus avancés au monde - et de tout un lot de missiles, de munitions et d'autres équipements. La mesure a été prise le 27 janvier et a été promue par l'équipe du nouveau secrétaire d'État, Antony Blinken, qui prétend vouloir vérifier si les dernières ventes d'armes approuvées sous l'administration Trump sont conformes aux objectifs stratégiques des États-Unis.

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La transaction s'élève à plus de 23 milliards de dollars et a été autorisée par le Congrès en décembre dernier, après le rétablissement des relations diplomatiques entre les Emirats et Israël, dont l'armée de l'air est la seule au Moyen-Orient à disposer du F-35.

L'influent ambassadeur à Washington, Yousef Al Otaiba, a déclaré il y a quelques jours à peine que l'achat de l'important ensemble de chasseurs F-35 aide son pays "à maintenir une forte dissuasion, lui permet d'assumer un plus grand fardeau de sécurité collective régionale et libère les ressources américaines pour d'autres défis mondiaux".

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Dans l'état actuel des choses, la Maison Blanche devrait lever le gel de l'offre dans un avenir proche, entre autres parce que le gouvernement de Joe Biden doit relancer l'économie américaine, qui a été durement touchée par la pandémie.