La France condamne l'expulsion de ses fonctionnaires d'Algérie, qualifiant cette décision d'« incompréhensible »
Malgré les tentatives de réconciliation du mois d'avril dernier, les relations diplomatiques entre l'Algérie et la France traversent l'une des périodes les plus critiques depuis des décennies. Après la décision du gouvernement algérien d'Abdelmadjid Tebboune d'expulser 15 diplomates français d'Algérie, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a qualifié cette mesure de « brutale » et « incompréhensible », et a annoncé que la France répondrait « de manière immédiate, ferme et proportionnée ».
« Il n'est dans l'intérêt ni de la France ni de l'Algérie que cette relation continue de se détériorer. La France a respecté ses obligations diplomatiques et attend la même chose de ses interlocuteurs », a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Selon le ministre lui-même, les relations sont « gelées », comme il l'a indiqué dans une interview accordée au journal français Le Monde.
Quelques instants plus tard, lors d'une conférence de presse, M. Barrot a exprimé sa perplexité : « C'est une décision qui n'a aucune justification, ni du point de vue diplomatique, ni du point de vue de la coopération bilatérale. Nous réaffirmons notre volonté de maintenir les canaux de communication ouverts, mais nous ne pouvons rester sans réaction face à une atteinte à nos intérêts ».
Cette décision n'a pas surpris les autorités françaises, car ces nouvelles expulsions interviennent une semaine après qu'Alger, par l'intermédiaire de sources officielles du ministère des Affaires étrangères, a confirmé le statut de persona non grata de 12 des 15 fonctionnaires expulsés, tous appartenant au ministère de l'Intérieur. Tous, sans exception, ont reçu de l'exécutif algérien un délai de 48 heures pour quitter le pays.
En fait, la décision a été communiquée quelques jours auparavant au chargé d'affaires de l'ambassade de France à Alger, à la suite d'une convocation officielle du ministère algérien des Affaires étrangères.
Les reproches et les motifs de la méfiance mutuelle sont innombrables. La première fois que la France a accueilli des diplomates expulsés d'Alger, l'Algérie a répondu qu'il s'agissait d'une réponse à l'arrestation d'un agent consulaire, qui a dégénéré en une convocation pour consultation de l'ambassadeur français en Algérie, Stéphane Romatet.
Les contacts entre les deux gouvernements s'étaient améliorés grâce aux efforts de réconciliation menés par le président français Emmanuel Macron et son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune, mais ils n'ont pas réussi à atteindre leurs objectifs : la stabilité et une relation fondée sur la confiance.
Selon l'agence de presse algérienne APS, l'Algérie réclame le « rapatriement immédiat » de tous les fonctionnaires français nommés « dans des conditions irrégulières », arguant que les procédures diplomatiques habituelles, telles que les notifications officielles ou les demandes d'accréditation correspondantes, n'ont pas été respectées.
D'autre part, les autorités algériennes ont indiqué que la France bloquerait depuis plus de sept mois les procédures d'accréditation de deux consuls généraux, notamment ceux de Paris et de Marseille. Et certaines informations de l'APS indiquent que jusqu'à sept autres consuls seraient en attente depuis plus de cinq mois.
Été 2024, le début de la fin
Le 30 juillet 2024 à Rabat, le roi du Maroc, Mohammed VI, a reçu Emmanuel Macron, lors d'une rencontre qui allait changer le contexte politique du Maghreb, car elle marquait le début de la reconnaissance par la France du plan d'autonomie pour le Sahara occidental proposé par le Maroc en 2007.
Un événement qui a marqué un avant et un après pour l'Algérie et, surtout, pour le Front Polisario, organisation terroriste soutenue par la RASD et financée par l'Algérie. Suite à cela, le gouvernement algérien a immédiatement rappelé son ambassadeur à Paris et a déclenché une guerre institutionnelle en prenant des mesures hostiles.
L'une des plus retentissantes a été l'arrestation de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, accusé d'« atteinte à l'intégrité territoriale » du pays. Mais avec l'arrivée de la nouvelle année, les tensions se sont intensifiées. La France a commencé l'année en demandant l'expulsion d'influenceurs algériens, une demande que les autorités algériennes ont rejetée.
Un autre point de friction a été le refus de l'Algérie d'accepter le rapatriement de ses ressortissants faisant l'objet d'une mesure d'éloignement du territoire français (OQTF), une situation que Paris juge intenable du point de vue migratoire et juridique.
Dans le même temps, la communauté internationale observe avec inquiétude la détérioration des relations entre Alger et Paris, craignant que ce conflit diplomatique n'ait des répercussions dans des domaines tels que la coopération antiterroriste, la gestion des migrations ou la sécurité en Méditerranée.