L'Algérie demande l'intervention de l'Union européenne dans la crise avec la France

Les Algériens craignent que la confiance de leurs partenaires européens dans leur pays en tant que partenaire fiable dans le secteur énergétique ne soit affectée après les tensions précédentes avec l'Espagne et maintenant la France
Stefano Sannino, director general de la Unión Europea para Oriente Medio y Norte de África, junto al secretario general del Ministerio de Asuntos Exteriores de Argelia, Lounas Mokriman - PHOTO/MINISTERIO DE ASUNTOS EXTERIORES DE ARGELIA
Stefano Sannino, director general de la Unión Europea para Oriente Medio y Norte de África, junto al secretario general del Ministerio de Asuntos Exteriores de Argelia, Lounas Mokriman - PHOTO/MINISTERIO DE ASUNTOS EXTERIORES DE ARGELIA

L'économie algérienne ne peut se permettre de maintenir des tensions diplomatiques avec des puissances européennes importantes telles que la France et l'Espagne. Elle a donc demandé à l'Union européenne d'intervenir par l'intermédiaire du directeur général de l'Union européenne pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, Stefano Sannino. 

Les principaux cercles politiques proches du gouvernement d'Abdelmadjid Tebboune craignent que la méfiance ne s'accroisse entre les pays occidentaux, comme cela s'est déjà produit avec le rejet par des puissances, en théorie alliées, telles que la Russie et la Chine, de l'entrée de l'Algérie dans les BRICS (Brésil, Russie, Chine, Inde et Afrique du Sud), un bloc économique rival de l'Occident. 

El presidente de Brasil, Luiz Inácio Lula da Silva, el presidente de China, Xi Jinping, el presidente sudafricano, Cyril Ramaphosa, el primer ministro de la India, Narendra Modi, y el ministro de Relaciones Exteriores de Rusia, Sergei Lavrov, durante la Cumbre BRICS de 2023 el 23 de agosto de 2023 - REUTERS/ GIANLUIGI GUERCIA
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, le président chinois Xi Jinping, le président sud-africain Cyril Ramaphosa, le Premier ministre indien Narendra Modi et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lors du sommet 2023 des BRICS le 23 août 2023 - REUTERS/ GIANLUIGI GUERCIA

L'inquiétude qui règne au sein du gouvernement porte sur la possibilité que l'Europe cherche des partenaires dans le domaine énergétique, ce qui pourrait avoir de très graves conséquences économiques pour l'Algérie. Un problème aggravé par le refus des États-Unis et leur forte alliance avec le Maroc. 

Lors d'une réunion entre Stefano Sannino et le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Lounas Mokriman, au siège du ministère à Alger, ils ont discuté de l'avenir des relations entre le bloc européen et l'Algérie. Après la réunion, Sannino a souligné l'importance de la lutte antiterroriste algérienne pour l'Europe et la recherche de relations gagnant-gagnant. 

Au cours de ce même voyage officiel, le responsable européen a également tenu plusieurs réunions avec de hauts fonctionnaires algériens, dont le secrétaire d'État au ministère de l'Énergie chargé des Énergies renouvelables, Noureddine Yassa. La réunion a porté sur les moyens de renforcer le partenariat stratégique dans le domaine des énergies nouvelles et renouvelables. 

Vista general de la planta de gas de Tiguentourine en In Amenas, a 1.600 km (994 millas) al sureste de Argel - REUTERS/ LOUAFI LARBI
Vue générale du site gazier de Tiguentourine à In Amenas, à 1. 600 km au sud-est d'Alger - REUTERS/ LOUAFI LARBI

De lourdes pertes économiques

Cependant, la crise entre la France et l'Espagne, avec l'Algérie en particulier, en matière de migration et de lutte contre le terrorisme, pourrait freiner les souhaits exprimés par M. Sannino d'intervenir dans les relations entre l'Union et l'Algérie. 

Cela s'explique principalement par le fait que l'Espagne et la France ont toutes deux demandé aux institutions européennes de faire pression sur le gouvernement algérien afin qu'il revienne sur une partie des mesures de paralysie du commerce bilatéral et, dans le cas de la France, afin que tous les accords avec l'Algérie en matière migratoire soient révisés. 

El presidente argelino, Abdelmadjid Tebboune, pronuncia un discurso durante una sesión del Foro Económico Internacional de San Petersburgo (SPIEF) en San Petersburgo, Rusia, el 16 de junio de 2023 - Photo cortesía de RIA Novosti vía REUTERS
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune prononce un discours lors d'une session du Forum économique international de Saint-Pétersbourg (SPIEF) à Saint-Pétersbourg, en Russie, le 16 juin 2023 - Photo reproduite avec l'aimable autorisation de RIA Novosti via REUTERS

Le gouvernement espagnol estime que les blocages commerciaux avec l'Algérie ont entraîné une perte de plus de 3 milliards de dollars pour les entrepreneurs espagnols et algériens. 

En revanche, le ministère français de l'Économie a souligné que les pertes dans le secteur agricole suite à l'arrêt des importations de blé ont non seulement entraîné des pertes importantes, mais aussi une augmentation considérable des prix et une inquiétude des entreprises algériennes qui travaillaient avec Paris. 

Cosecha de trigo en un campo en las afueras de Berouaguia, al suroeste de la capital Argel - REUTERS/ RAMZI BOUDINA
Récolte de blé dans un champ à la périphérie de Berouaguia, au sud-ouest de la capitale Alger - REUTERS/ RAMZI BOUDINA

Mais, en interne, le président algérien a déclaré que les nouvelles consultations avec les diplomates européens visent à promouvoir les intérêts algériens, et non de résoudre les désaccords avec des pays comme la France et l'Espagne. Les projets européens avec l'Algérie, dans le cadre de la nouvelle Charte méditerranéenne de l'UE, dans le secteur énergétique pourraient donc être menacés, comme le projet Medlink et le SOT H2 Corridor, ou les plans de développement des énergies renouvelables comme le projet Takat Ashi.