La Russie, la Chine et Cuba envoient de l’aide à l’Italie et l’Iran rejette le matériel offert par les États-Unis. Au milieu, l’Union européenne, dans une crise d’inaction

Géopolitique et coronavirus : nouvelles alliances et nouveaux échecs

PHOTO/REUTERS - Matériel médical et de soutien envoyé de Russie en Italie pour combattre le coronavirus

La crise du coronavirus, qui fait de réels ravages dans le monde entier, donne également lieu à des situations étranges et à de nouvelles alliances dans l’arène géopolitique. La Chine, l’épicentre de la pandémie, s’est tournée vers l’envoi d’aide humanitaire au reste du monde. L’un des pays qui en bénéficie le plus est l’Italie, qui a reçu à la fois des fournitures médicales et du personnel. L’Espagne, qui a été gravement touchée par l’agent pathogène, a également reçu du matériel médical envoyé par Pékin.

Une délégation de neuf experts chinois est arrivée en Italie pour aider le pays transalpin à contrôler la propagation du coronavirus. Ils ont déjà signalé que des mesures restrictives supplémentaires étaient nécessaires pour que tout le monde reste chez soi et pour arrêter la propagation. Les chercheurs et les médecins, qui luttent déjà contre le coronavirus à Wuhan, sont en Italie depuis le 13 mars, selon l’agence de presse Efe.

Pour sa part, la compagnie aérienne italienne Alitalia a annoncé qu’elle prépare, en coordination avec le Département de la protection civile, le premier d’une série de vols pour transporter du matériel médical en provenance de Chine, qui servira à gérer la crise du COVID-19 dans les hôpitaux italiens.

Le géant asiatique fait savoir au monde entier, par le biais de discours officiels et des médias, qu’il a vaincu le virus grâce à son efficacité et que la décision d’isoler la province de Hubei était correcte, malgré le terrible coup porté à son économie. Cela a également permis au reste du monde de gagner plus de temps pour se préparer. Envoyer du personnel et du matériel dans les pays touchés n’est pas non plus un geste innocent, car la Chine veut donner l’image que, bien qu’elle soit potentiellement responsable, elle est capable de faire preuve de solidarité avec ceux qui en ont besoin.

Les médecins cubains en Europe

Des médecins cubains de renom sont arrivés dimanche dans la région de Lombardie pour aider le système de santé surchargé du pays. Ces médecins sont parfaitement formés et expérimentés dans d’autres épidémies, telles que le virus Ebola. Guilio Gallera, conseiller en matière de santé et de bien-être de la région de Lombardie, a assuré qu’ils travailleront dans un premier temps dans un hôpital à Crema et qu’ils seront ensuite transférés dans un hôpital de campagne qui sera construit à Bergame. « Les voici, en Lombardie, nos médecins et nos infirmières. Ils viennent de Cuba, solidaires et engagés à faire le bien à ceux qui sont dans le besoin, sans distinction. Les médecins cubains viennent soutenir le peuple italien dans sa lutte contre le coronavirus », a expliqué l’ambassadeur cubain en Italie, José Carlos Rodríguez, sur les réseaux sociaux. 

La Russie assume également le fardeau

La Russie a promis neuf avions militaires avec du personnel et du matériel et jusqu’à 100 médecins spécialisés en virologie et en épidémiologie. En plus du matériel humain et médical, les avions russes apporteront à Rome des pulvérisations de désinfectant pour nettoyer à la fois les véhicules et les rues, a rapporté Euronews. Ces spécialistes ont une solide expérience des épidémies et ont récemment été impliqués dans des scénarios similaires, comme la crise d’Ebola en Afrique. 

Les États-Unis sont hors-jeu

Alors que la Chine tente d’améliorer son image et sa réputation internationale par l’aide humanitaire, les États-Unis de Donald Trump n’ont pas annoncé l’envoi d’une aide à l’Europe. Outre la rivalité que ce pays avait avec le géant asiatique pour le développement de la 5G et la guerre commerciale, il y a maintenant une escalade des accusations entre les deux pays à cause de la pandémie mondiale et de la course au développement du vaccin. Le président américain a appelé le coronavirus « le virus chinois » los de ses conférences de presse. 

Washington s’est limité à offrir une assistance à l’Iran, l’épicentre de l’épidémie au Moyen-Orient. Mais l’ayatollah Ali Khamenei a rejeté l’offre dimanche, la qualifiant de « fausses promesses ». « Le gouvernement des États-Unis dit qu’il est prêt à fournir une aide médicale à l’Iran et à envoyer des médicaments. Ce sont des déclarations étranges. Tout d’abord, les Américains ont un déficit, selon les nouvelles qui parviennent dans ce pays », a souligné Khamenei. Il convient également de rappeler que la Maison Blanche a annoncé de nouvelles sanctions contre l’Iran la semaine dernière, une mesure qui a été vivement critiquée par le reste de la communauté internationale.

L’Union européenne, en crise d’inaction

L’Union européenne a lancé des initiatives pour injecter de l’argent dans les économies et s’assurer que les pays sont prêts à faire face à la crise économique qui résultera des quarantaines et des arrêts de production sur le continent. Bruxelles a mis l’accent sur l’économie, mais n’a pas encore réagi à l’effondrement des systèmes de santé ni préparé de mesures pour empêcher les professionnels de la santé de manquer d’équipements pour effectuer leur travail, ce qui est fortement critiqué par les pays de l’UE eux-mêmes. Pendant ce temps, l’Allemagne se prépare à enfreindre ses propres règles en matière de responsabilité fiscale.