Le ministre de l'intérieur de la GNA, Fathi Ali Bashgha, a expliqué qu'un groupe armé a tiré des balles et de l'artillerie sur les personnes qui ont pris part aux manifestations

Le gouvernement de Tripoli admet ne pas avoir protégé les manifestants des milices armées

PHOTO/REUTERS - Le ministre de l'intérieur Ali Bashgha lors d'une conférence de presse

Le gouvernement de Tripoli a reconnu son incapacité à protéger les manifestants de la milice armée qui leur a tiré dessus et a essayé de les retenir lors des manifestations contre la corruption et la détérioration de l'économie sur la place des Martyrs cette semaine, selon les Nouvelles d'Al-Ain. Le ministre de l'intérieur de la GNA, Ali Bashgha, a déclaré qu'ils ont déjà identifié les responsables des fusillades et qu'ils vont essayer de protéger les civils, selon une déclaration publiée par Al-Ain News. La chaîne de télévision Al-Arabiya a révélé que ceux qui ont harcelé les manifestants faisaient partie de la milice Al-Nawasi soutenue par la Turquie. 

Le groupe a pris le contrôle de la place des Martyrs jeudi et a expulsé les manifestants qui s'y étaient rassemblés. Quatre manifestants ont été blessés, selon des sources consultées par Al-Ain News. La milice les a encerclés, leur a tiré dessus pour les disperser et a essayé de retenir certains d'entre eux. L'Organisation libyenne des droits de l'homme a demandé au gouvernement de Fayez Sarraj, leader de l'GNA basé à Tripoli, de cesser d'utiliser la force contre les manifestants pacifiques et l'a exhorté à respecter le droit de manifester et la liberté d'expression.

Bashgha a rejeté toute la responsabilité du harcèlement des manifestants sur la milice armée de Tripoli, qu'il a accusée de corruption, de trafic d'influence, d'extorsion, de conspiration contre le ministère de l'Intérieur et l'appareil de renseignement. Il a même menacé de les poursuivre. Lors de sa comparution ce dimanche, Bashgha a notamment chargé la milice Nawasi, l'une des plus importantes de Tripoli, composée de plus de 700 personnes et opérant dans la zone d'Abuasta de la capitale libyenne, à quelques mètres de la base navale d'Abuasta, où se trouve le quartier général de le GNA. Selon Al-Ain News, ce groupe armé a pris en charge plusieurs postes de contrôle et patrouilles dans la région d'Abu Shata à Tripoli, ce qui lui a permis de devenir un acteur majeur de la scène politique et militaire de la capitale. 

La fatigue s'installe à Tripoli

Les premières manifestations dans la ville depuis 2015 ont éclaté dans la nuit de dimanche à dimanche, selon la version arabe du réseau Al-Arabiya. Des centaines de Libyens sont descendus dans les rues de Tripoli pour dénoncer l'énorme détérioration de leurs conditions de vie suite à un conflit armé apparemment sans fin. Des centaines de personnes ont manifesté sous la bannière de la "Révolution des pauvres" à Tripoli. L'impact de ces mobilisations a motivé les citoyens d'Al-Zawiya et de Mistata à se joindre à ces protestations, selon Al-Ain News.

Les coupures de courant dans cette partie du pays peuvent durer jusqu'à 10 heures par jour, le chômage monte en flèche, les jeunes ne voient pas d'autre avenir que l'émigration et les banques sont illiquides. Afin de rejeter les dirigeants publics en raison de cette situation, les manifestants ont quitté et brisé les images des membres de l'ANG, dont celles de Sarraj et d'Ahmad Mitig, vice-président du Conseil présidentiel libyen.