Le gouvernement, l'opposition et la société civile envoient des délégations pour revoir la constitution d'un pays déchiré par la guerre 

Inauguration à Genève d'un nouveau cycle de négociations en vue de l'élaboration d'une nouvelle constitution syrienne

AFP/FABRICE COFFRINI - L'envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie, Geir Pedersen, lors d'une conférence de presse avant la quatrième session de la commission constitutionnelle syrienne, 29 novembre 2020 

Le cinquième tour de la Commission constitutionnelle commence dans la ville suisse de Genève, après quatre tours sans grand progrès. Le dernier tour a eu lieu entre le 30 novembre et le 4 décembre, et a été aussi infructueux que les précédents.  

Le chef de la délégation gouvernementale, Ahmad al-Kizbari, a indiqué que la situation humanitaire sera l'un des sujets sur la table, selon l'agence de presse syrienne SANA. 

Pour sa part, le chef de la délégation de l'opposition a demandé un calendrier clair pour que les pourparlers aboutissent à des résultats positifs dans plusieurs mois, étant donné le manque de progrès visibles récemment critiqué par l'envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie, Geir Pedersen.  

L'envoyé de l'ONU a appelé à des résultats "dans les plus brefs délais" et a averti que "cela ne peut en aucun cas dépasser plusieurs mois", en raison de l'urgence de "mettre fin à la tragédie humaine". 

Pedersen a proposé de tenir des sessions de trois semaines jusqu'à ce qu'un accord soit conclu et a profité de l'occasion pour rappeler que déjà en 2015, l'ONU a soutenu un processus politique de réforme constitutionnelle avec un calendrier clairement défini. 

La Commission constitutionnelle est composée de 150 membres et s'est réunie pour la première fois fin octobre 2019. Son but ultime est de mener à bien une réforme politique du pays et la tenue d'élections libres sous la supervision des Nations unies. Il est composé de représentants du gouvernement, de l'opposition et de la société civile, y compris des Kurdes, mais aucun n'appartient aux unités de protection du peuple (YPG). Les membres du Comité devront rédiger une nouvelle constitution ou réviser la constitution de 2012. À cette occasion, 45 des 150 membres seront à Genève.  

Si le projet de constitution va de l'avant, il devra être approuvé par le parlement élu en juillet 2020, contrôlé par l'alliance dirigée par le parti Baas du président Al Assad. 

Selon la loi électorale syrienne, la prochaine élection présidentielle est prévue entre le 16 avril et le 16 mai de cette année, 90 jours avant l'expiration du mandat de sept ans d'Assad, qui est au pouvoir depuis 2000.  

Les États-Unis et plusieurs pays européens ont accusé le président syrien de retarder délibérément l'élaboration de la nouvelle constitution ou la réforme de l'actuelle afin de perdre du temps jusqu'aux élections présidentielles de cette année et d'éviter ainsi le vote supervisé demandé par le Conseil de sécurité de l'ONU.  

La fin d'une longue guerre civile est en vue 

Près d'une décennie de conflit a ravagé la Syrie, faisant plus d'un demi-million de morts, dont plus de 22 000 enfants, et déplaçant plus de la moitié des 23 millions de personnes que compte le pays, dont 5 millions de réfugiés, la plupart dans les pays voisins. 

La guerre civile a commencé en 2011 dans le contexte de manifestations massives dans plusieurs pays arabes, dans ce qu'on a appelé le Printemps arabe, pour exiger des réformes démocratisantes. En Syrie, les manifestations ont fini par se transformer en un conflit armé dans lequel les forces gouvernementales ont fini par affronter les opposants et les groupes djihadistes, laissant le pays dans le chaos.  

Bientôt, plusieurs puissances régionales et internationales sont entrées directement ou indirectement dans le conflit, telles que la Russie, les États-Unis, l'Iran, la Turquie et Israël, entre autres, soutenant l'une ou l'autre partie pour défendre leurs intérêts dans la région.  

Si le projet constitutionnel se concrétise enfin, le pays pourra entrevoir le début de la pacification politique et sociale du pays, et ainsi commencer à reconstruire un pays qui a été dévasté.