Le Conseil européen prévu pour le 12 décembre est essentiel pour d'éventuelles sanctions contre la Turquie  

Jean-Yves Le Drian souhaite qu'Ankara prenne des mesures pour faire baisser la tension avant le Conseil européen  

AFP/ ERIC PIERMONT - Le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian 

Les désaccords s'accumulent entre la France et la Turquie. Paris attend une "action" de la Turquie avant le Conseil européen du 12 décembre, qui abordera la question des nouvelles sanctions contre Ankara, a déclaré le ministre français des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, dimanche 22 novembre, dans Le Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI.  

Alors qu'un Conseil européen mettra sur la table la question d'éventuelles sanctions contre la Turquie début décembre, Paris attend de l'"action" de la part du président Recep Tayyip Erdogan. "Il ne suffit pas que nous ayons vu des déclarations rassurantes du président au cours des deux ou trois derniers jours", a déclaré Jean-Yves Le Drian sur le Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, dimanche.   

Le ministre des affaires étrangères a réitéré l'opposition de la France à la "politique du fait accompli" de la Turquie et a dénoncé sa "volonté expansionniste". De la Syrie au Haut-Karabakh, en passant par l'Irak, Chypre, la Grèce et la Libye. La Turquie n'a jamais été aussi engagée en dehors de ses frontières. Selon Le Figaro, la politique étrangère du président turc repose aujourd'hui sur l'armée pour peser de tout son poids sur la scène mondiale.  

La "volonté expansionniste" d'Ankara est, selon Le Drian, une politique "où ils attaquent en fait deux pays membres de l'UE, la Grèce et Chypre", ou "dans le Haut-Karabakh, où ils envoient également des mercenaires syriens".  

Les relations franco-turques se sont détériorées au fil du temps, et ont atteint un point culminant lorsque le président turc a mené une attaque contre la France dans le monde musulman après les caricatures controversées de Mahomet, par le média français Charlie Hebdo, appelant à un boycott des produits français. "Ces désaccords doivent être réglés, mais il faudrait la volonté de la Turquie pour le faire. Les propos calomnieux d'Erdogan (contre Emmanuel Macron) ne se prêtent pas au dialogue", a déclaré Le Drian.   

AFP PHOTO / TURKISH PRESIDENTIAL PRESS SERVICE /KAYHAN OZER:Le ministre français des affaires étrangères et européennes Jean-Yves Le Drian serrant la main du président turc Recep Tayyip Erdogan.

Depuis son interview dans The Economist il y a un an, dans laquelle il parlait de la "mort cérébrale" de l'OTAN, secouant ses partenaires, Emmanuel Macron s'est opposé à toutes les provocations d'Erdogan. Selon l'AFP, il essaie de rassembler ses partenaires de l'UE, mais aussi de l'Alliance atlantique pour sa politique.  

La question de la Turquie a été soulevée par le chef de la diplomatie française lors de la visite du secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo la semaine dernière. Selon Paris, c'est même l'un des rares domaines de consensus entre le ministre de Donald Trump et les dirigeants français.  

Les sanctions pourraient être plus sévères  

"L'Union européenne a annoncé en octobre qu'elle réexaminerait la position de la Turquie sur ces différentes questions lors du Conseil européen de décembre dans quelques jours. C'est à ce moment-là que nous vérifierons les engagements", a conclu Le Drian.  

Samedi, la Turquie a prolongé la mission de l'Oruç Reis jusqu'au 29 novembre dans une zone maritime qu'elle conteste avec la Grèce, car la découverte de vastes gisements de gaz y aiguisent l'appétit. La présence de ce navire a accru les tensions avec l'UE, qui a renouvelé ce mois-ci les sanctions contre Ankara pour une année supplémentaire et prévoit de les durcir. 

Samedi, dans un discours au congrès de son parti, l'AKP, Recep Tayyip Erdogan a déclaré qu'il souhaitait "une coopération plus forte avec nos amis et alliés européens". "Nous ne nous voyons pas en dehors de l'Europe. Nous espérons construire notre avenir ensemble avec l'Europe", a déclaré le dirigeant turc.  

Alors que le leader turc a appelé samedi à un dialogue avec l'Union européenne. Parmi ces événements attendus, "il y en a qui sont très simples à faire en Méditerranée orientale, en Libye, et aussi dans le Haut-Karabakh", a-t-il déclaré.