Un journaliste algérien victime d’une agression à Paris
Journaliste controversé, Abderrahmane Semmar plus connu sous le nom de Abdou Semmar, dans une vidéo diffusée sur sa chaîne YouTube, parle d’une tentative de meurtre. Une plainte a été déposée au commissariat de police pour « violence avec usage, menace d’arme et vol avec arme ».
Il attribue cette action au régime algérien dont il défend, pourtant, la frange la plus sanguinaire, notamment celle de la Direction Générale de la Documentation et de la sécurité Extérieure et son « service d’analyses et de recherches » dirigé par le général Hamid Oubelaïd, alias Hocine Boulahia, chargé de la traque des opposants en exil. Ses followers se souviennent bien de son acharnement à défendre ce général sanguinaire en cherchant à accréditer qu’il était admis à la retraite et qu’il n’avait plus aucune fonction dans les services secrets.
Même lorsque ce même général avait piloté à distance l’opération de la tentative d’enlèvement et d’assassinat de l’un de ses confrères, et cela a été prouvé par l’enquête de la Sous-Direction antiterroriste de la police judiciaire française en novembre 2022, Abdou Semmar avait fait la sourde oreille. Il ne pouvait dénoncer pareille entreprise dans laquelle est mêlé Lotfi Nezzar, le fils du général à la retraite Khaled Nezzar, avec lequel il est en accointance.
Rédacteur en chef d’un site d’information « Algérie Part », Abdou Semmar est allé jusqu’à ouvrir une tribune aux services secrets algériens pour leur permettre de s’attaquer aux journalistes traqués par le pouvoir d’Alger. Ce site se distingue par la versatilité de son rédacteur en chef qui est l’unique signataire de nombreux articles commandités par une frange du régime algérien. Il est, aussi, connu pour ses provocations contre certains hommes d’affaires ou des responsables auxquels il demande une contrepartie financière pour cesser de mener contre eux des campagnes hostiles.
C’était le cas de l’ancien PDG de SONATRACH, la société pétrolières algérienne, Abdelmoumen Ould Kaddour, aujourd’hui en prison, dont il est devenu un ardent défenseur. Alors qu’il le descendait en flammes, quelques mois auparavant, avant que son fils Nazim entre en contact avec le journaliste. Ils sont devenus amis et plus aucun écrit hostile à Ould Kaddour qui était encore en liberté.
Il en était de même avec l’ancien homme d’affaires Mahieddine Tahkout, aujourd’hui en prison, à qui il extorquait d’importantes sommes d’argent et voitures, quand il était encore en Algérie, et bénéficiait de ses interventions auprès des responsables algériens pour divers services dont la récupération de son permis de conduire, comme révélé par une fuite de quelques-unes de ses conversations enregistrées et diffusées sur le net. Des enregistrements qui renseignent bien sur les pratiques journalistiques de Abdou Semmar qui écrivait sous la dictée de ses financiers.
Se mêlant à quelques querelles entre les ailes du pouvoir, Abdou Semmar s’est mis dans le viseur du commandement de la gendarmerie nationale en octobre 2018. C’est ce qui lui a valu quelques semaines de prison. C’était suffisant pour lui comme preuve de persécution par le pouvoir en place pour aller demander le droit d’asile en France. Un droit obtenu en octobre 2019. Pourtant, au moment où il demandait l’asile il s’était avéré un défenseur acharné de feu général GaÏd Salah, l’ex-chef d’état-major de l’armée algérienne. Sa défense du régime militaire exacerbait les téléspectateurs de la chaîne AMEL TV réputée anti-pouvoir et dans laquelle il a été accueilli dès son arrivée en France.
Selon certains de ses confrères journalistes, le parcours d’Abdou Semmar ne plaide guère pour une thèse de tentative d’assassinat commanditée par le régime d’Alger. Ils la classent dans la case « règlements de comptes » avec hommes d’affaires victimes de ses chantages. C’est ce qui est arrivé il y a quelques semaines à l’un de ses compères, le nommé Saïd Bensdira, un relais médiatique du régime algérien installé en Angleterre. Nous reviendrons sur ce sujet dans une prochaine livraison.
Une thèse plausible dans la mesure où Abdou Semmar ne s’est jamais attaqué au régime algérien de front. Pour gagner en crédibilité quand il le défend, il dénonce des hommes d’affaires, des responsables d’entreprises publiques et publie des dossiers ficelés qui lui sont transmis par les services algériens de sécurité. C’est ce qui fait dire à nombre d’observateurs que « Abdou Semmar est le seul journaliste au monde à publier deux à trois enquêtes par jour avec documents à l’appui sans quitter sa maison ».