Semmar, exilé en France depuis 2019, a été condamné à mort en octobre de l'année dernière

Le journaliste et opposant algérien Abdou Semmar victime d'une tentative d'assassinat

PHOTO/FILE - Bandera de Argelia

Abdou Semmar, journaliste et opposant algérien, a subi une tentative d'assassinat à Paris, où il vit en exil depuis 2019. Selon des sources policières auxquelles Maghreb Intelligence a eu accès, Semmar a été intercepté alors qu'il sortait de son domicile dans la capitale française par un homme qui l'a aspergé de gaz lacrymogène avant de tenter de lui tirer dessus. Plusieurs passants sont intervenus et ont réussi à sauver la vie de Semmar. "Il s'agit d'une nouvelle tentative de réduire au silence le journaliste et militant de l'opposition Abdou Semmar, cette fois-ci de manière très radicale", rappelle Maghreb Intelligence

Le régime algérien est connu pour faire taire les voix critiques à l'intérieur et à l'extérieur du pays, ainsi que pour censurer les médias et les journalistes qui dénoncent les abus et la corruption des élites. La tentative d'assassinat contre Semmar n'est qu'une tentative de plus pour éliminer toute dissidence contre le système. Le journaliste algérien est l'un des rares à oser parler ouvertement du régime d'Alger et à dénoncer ses scandales. Il prône également la réconciliation entre les pays du Maghreb.  

PHOTO/RIA NOVOSTI vía REUTERS - El presidente de Argelia, Abdelmadjid Tebboune, pronuncia un discurso durante una sesión del Foro Económico Internacional de San Petersburgo (SPIEF) en San Petersburgo, Rusia, el 16 de junio de 2023
PHOTO/RIA NOVOSTI vía REUTERS - Le président algérien Abdelmadjid Tebboune lors d'une session du Forum économique international de Saint-Pétersbourg 

Semmar, fondateur du média indépendant Algérie Part, est arrivé en France en 2019 après avoir passé du temps en prison en Algérie pour avoir critiqué le gouvernement. En octobre 2022, il a été condamné à mort par le tribunal de Dar El Beïda à Alger pour avoir révélé des informations secrètes liées à la compagnie pétrolière publique Sonatrach, un acte que les autorités algériennes ont qualifié de "haute trahison". Depuis Paris, Semmar a dénoncé la corruption au sein de la compagnie pétrolière grâce aux informations fournies par un ancien cadre de Sonatrach, Lamine Ouis, qui a également été condamné à 10 ans de prison pour avoir partagé des "informations fausses et confidentielles" avec Semmar. 

Le journaliste et militant de l'opposition a déclaré à plusieurs reprises que son seul objectif était de "fournir des informations fiables et objectives". Il a également demandé aux autorités algériennes de respecter la liberté de la presse. 2022 a été une année particulièrement difficile pour les dissidents et les journalistes indépendants algériens en raison de la vague de répression lancée par le régime.

Plusieurs médias ont été contraints de fermer sous la pression politique, tandis que des journalistes comme Ihsane el-Kadi ont été arrêtés par les autorités. La nation arabe occupe la 134e place sur 180 dans le classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières (RSF). 

RSF avertit que la situation des médias algériens "ne s'est jamais autant dégradée", soulignant les pressions qu'ils subissent et les arrestations de journalistes. RSF dénonce également le cadre juridique de plus en plus "restrictif", faisant référence à la réforme du code pénal adoptée en 2020, qui prévoit des peines d'emprisonnement d'un à trois ans pour la diffusion de "fausses nouvelles" et de "discours de haine" visant à porter atteinte à "la sécurité et l'ordre national", ainsi qu'à "la sécurité de l'État et à l'unité nationale". Ces lois sont couramment utilisées pour poursuivre et condamner les journalistes indépendants et critiques.  

D'autre part, 2022 a également vu la dissolution de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), soulignant la répression croissante du gouvernement d'Abdelmadjid Tebboune. La LADDH est une ONG fondée en 1985, proche du mouvement contestataire algérien Hirak, dont l'objectif était de défendre les droits de l'homme dans ce pays d'Afrique du Nord. L'organisation a été démantelée à la suite d'un procès qui s'est déroulé en l'absence des accusés et de leurs avocats. En effet, les membres de la LADDH, pour la plupart exilés en France ou en Belgique, ont appris la dissolution de l'association par les réseaux sociaux.