Ni Chah, ni mollah : la voix du peuple iranien en quête de justice
« Aujourd’hui, l’Iran est à l’aube d’un bouleversement majeur, » selon Maryam Radjavi, présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) s’adressant à une conférence tenue hier à Rome

Avant cet événement, elle était invitée au Sénat italien où la majorité des sénateurs s’étaient joints à la majorité de la chambre des représentants pour soutenir le plan en 10 points du CNRI pour le future Iran.
Selon ce plan, le changement se dessine dans l’établissement d’une république laïque, fondée sur la séparation entre la religion et l’État, l’égalité entre les femmes et les hommes, sans armes nucléaires, sans peine de mort, sans voile ou religion imposés, et sans gouvernement autoritaire. Une république fondée sur l’autonomie des régions peuplés par des composantes ethniques du pays, coexistence pacifique avec les voisins et le reste du monde.

Mais ce chemin vers la liberté a été semé d’embûches, et son prix, immense. Plus de cent mille personnes ont donné leur vie pour cette cause. Un parcours risqué, entre espoir de liberté et menace de mort. « Pourtant, tel un phénix, le mouvement renaît inlassablement de ses cendres pour s’élancer de nouveau vers les hauteurs de la liberté, » a rappelé Madame Radjavi.
Malgré les souffrances, les exécutions et les massacres que le peuple iranien a subis, certains nostalgiques de la monarchie se bercent d’illusions : ils imaginent que l’Histoire tourne en leur faveur, et que la dictature religieuse pourra être remplacée par une autre dictature — celle du trône. C’est sans doute pourquoi Reza Pahlavi, fils de l’ancien monarque, cherche à obtenir le soutien d’une partie des Gardiens de la révolution, l’armée idéologique de la République islamique. Il réclame d’être en discussion avec les forces militaires et sécuritaires du régime pour explorer leur rôle potentiel dans la chute du régime et l’instauration d’un nouveau gouvernement.

Mais ces prétendus contacts avec certains éléments du régime ou des Gardiens de la révolution, censés faciliter une transition démocratique, ne sont qu’une manœuvre cynique qui mènent à prolonger la vie du régime vacillant.
« Du Chah aux mollahs, et maintenant des mollahs au Chah ? Une triste ironie de l’Histoire ? » La réponse de Maryam Radjavi est claire : non. On ne remonte pas le cours du temps. La dictature des Pahlavi ne peut revenir au pouvoir en piétinant le sang de centaines de milliers de combattants de la liberté — même sous les apparences du modernisme.
La dirigeante de l’opposition iranienne a rappelé avec force que la dictature religieuse, sous toutes ses formes, devait être rejetée sans concession. Elle a souligné que le Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) avait, dès le départ, pris ses distances aussi bien avec le Chah qu’avec les mollahs, car ni l’un ni l’autre ne sont compatibles avec la démocratie.
Parmi les personnalités présentes qui ont également pris la parole figuraient Charles Michel, ancien président du Conseil européen ; Matteo Renzi, ancien Premier ministre italien ; Michèle Alliot-Marie, ancienne ministre française des Affaires étrangères, de la Défense, de l’Intérieur et de la Justice ; et James Cleverly, ancien ministre britannique des Affaires étrangères et de l’Intérieur.
Mme Radjavi a souligné la proposition du CNRI de former un Front de solidarité nationale, qui reposera sur trois piliers :
1. Il unit les forces engagées dans l'établissement d'une république démocratique et indépendante.
2. Il rejette catégoriquement la dictature religieuse, le régime du guide suprême religieux et toutes les factions qui lui sont affiliées.
3. Il est fermement fondé sur le principe de la séparation de la religion et de l'État.
C’est ainsi que la diversité de la société iranienne deviendra sa force face à ses oppresseurs et le renversement du régime et l’instauration de la souveraineté deviendra possible grâce à la feuille de route de la Résistance iranienne.