Le Maroc promeut la souveraineté alimentaire africaine

Rabat cherche à garantir la souveraineté du continent en créant un fonds alimentaire 
Aziz Akhannouch en el Salón Halieutis
Aziz Akhannouch en el Salón Halieutis

Le Maroc a pris l'initiative de proposer la création d'un fonds africain qui servirait de mécanisme de financement pour lutter contre l'insécurité alimentaire. Ce fonds serait destiné à financer des projets agricoles communs et à promouvoir la production locale. 

Cette stratégie s'inscrit dans le cadre du Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires qui s'est tenu dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba. À cette occasion, le ministre marocain de l'Agriculture, Ahmed El Bouari, a exhorté les nations africaines à coopérer pour ce fonds de sécurité et à réduire la dépendance extérieure et les vulnérabilités du secteur. De même, l'accent a été mis sur les questions d'investissement dans l'agriculture durable, de consolidation de la collaboration régionale et de promotion du développement et de la stabilité continentale. Toutefois, la transformation des systèmes alimentaires doit aller au-delà des plans et mettre l'accent sur la participation active, en particulier au niveau régional, et sur la mobilisation collective. 

Ce sommet fait suite aux dynamiques présentées en 2021 qui visaient à revoir les systèmes alimentaires et à promouvoir la mobilisation des investissements pour atteindre les objectifs de développement durable à l'horizon 2030. 

Cosecha de cereales - PHOTO/ARCHIVO
Récolte de céréales - PHOTO/ARCHIVES

Le ministre a déclaré que le Maroc s'engageait sur la voie de la transformation à travers la stratégie « Génération verte 2020-2030 » axée sur l'agriculture durable et le capital humain. Le royaume marocain a également procédé à la rénovation des ressources en eau grâce au dessalement et à la rationalisation des risques, et à la mise en œuvre de programmes de protection sociale garantissant l'accès à une alimentation saine. 

Le plan reflète également la prise de conscience croissante de l'importance de la sécurité alimentaire à travers la mobilisation de ressources pour financer des projets agricoles communs. Pour le Maroc, c'est également une manière de montrer son engagement envers l'Agenda 2030 et l'Agenda 2063 de l'Union africaine visant à la transformation socio-économique de l'Afrique, ainsi que de se connecter à d'autres initiatives multilatérales qui aspirent à construire un avenir durable, résilient et juste. 

Le Maroc entend également rappeler son devoir envers le modèle innovant de coopération Sud-Sud et de solidarité entre les pays. Il souhaite ainsi renforcer et soutenir l'agriculture africaine en augmentant la flexibilité, la durabilité et l'inclusion, et en soutenant des initiatives telles que l'« Initiative africaine pour l'adaptation agricole » et l'« Initiative pour la durabilité, la stratégie et la sécurité en Afrique ».

Le président du Centre Atlas pour l'analyse des indicateurs politiques et institutionnels, Muhammad Boudin, a déclaré au média Al-Arab que le Maroc est une voix de référence en Afrique et un défenseur de la souveraineté et de l'avenir. 

Concrètement, le contexte africain actuel se caractérise par les défis liés à la vulnérabilité alimentaire. C'est pourquoi le Maroc, en collaboration avec d'autres pays africains, a développé des projets régionaux stratégiques tels que le gazoduc entre le Nigeria et le Maroc et la production d'engrais. Cela s'inscrit dans la perspective du roi Mohammed VI du Maroc pour une croissance durable et intégrale. Dans le même ordre d'idées, les responsables marocains s'accordent à dire que les défis actuels et futurs auxquels est confronté le Sud doivent faire l'objet d'une approche structurée autour du développement commun et des besoins nationaux spécifiques. 

Les défis liés au changement climatique et aux crises géopolitiques, ainsi que leurs effets sur l'agriculture, ont été une raison fondamentale qui a motivé la nécessité de ce type de mesures. Les pressions liées aux ressources naturelles et à la biodiversité exigent une transformation qui renforce la gouvernance et où l'agriculture soit orientée vers le respect de l'environnement et la justice sociale. Tout cela en recourant à un financement responsable et à l'innovation locale.

Un vehículo transporta fosfato sin tratar después de ser abandonado en una montaña en una mina de fosfato en la fábrica de Boucraa de la Compañía Nacional Marroquí de Fosfato (OCP) situada en las provincias del sur, a 100 km al suroeste de la ciudad de El Aaiún - REUTERS/YOUSSEF BOULLAL
Un véhicule transporte du phosphate non traité après avoir été abandonné dans une montagne dans une mine de phosphate à l'usine Boucraa de la Compagnie nationale marocaine de phosphate (OCP) située dans les provinces du sud, à 100 km au sud-ouest de la ville de Laayoune - REUTERS/YOUSSEF BOULLAL

Pour progresser en matière de sécurité alimentaire, l'Afrique doit renforcer sa production locale d'engrais. C'est pourquoi le groupe marocain OCP a décidé d'implanter sa production d'engrais sur le continent et d'allouer des quantités déterminées à chaque pays afin que 65 % des engrais utilisés en Afrique soient fabriqués dans la région. 

À propos de la conception d'une Afrique unie, l'ambassadeur Mohammed Arrouchi, en tant que représentant permanent du Maroc auprès de l'Union africaine et de la Commission des Nations unies pour l'Afrique, a affirmé qu'une action commune qui illustre véritablement la coopération Sud-Sud est essentielle pour stimuler le développement africain. 

Une fois de plus, le Maroc renouvelle son accord avec les associations techniques, scientifiques et économiques, avec les programmes de formation agricole et avec les projets d'investissement conjoint. Aujourd'hui, pour les nations africaines, défendre leur souveraineté alimentaire est indissociable de la préservation de leurs valeurs culturelles, et ce deuxième sommet renouvelle les engagements et les priorités mondiaux actuels ainsi que les objectifs de la région.