Un test non invasif permet de détecter la méningite infantile

Les résultats ont été publiés dans la revue Pediatric Research
Bacterias del género Streptococcus responsables de la meningitis y otras enfermedades infecciosas graves – PHOTO/Shutterstock / Cinefootage Visuals
Bactérie Streptococcus responsable de la méningite et d'autres maladies infectieuses graves - PHOTO/Shutterstock / Cinefootage Visuals
  1. Le diagnostic actuel, invasif et peu pratique
  2. L'alternative : un dispositif à ultrasons
  3. L'intelligence artificielle et l'avenir du diagnostic

Un appareil à ultrasons haute résolution s'est révélé très précis pour détecter les cas suspects de méningite chez les nouveau-nés et les nourrissons, ce qui pourrait constituer une alternative non invasive à la ponction lombaire, la méthode diagnostique traditionnelle. 

Telle est la principale conclusion d'une étude internationale menée par l'Institut de santé globale de Barcelone (ISGlobal), un centre soutenu par la Fondation « la Caixa », en collaboration avec des hôpitaux en Espagne, au Mozambique et au Maroc. 

La méningite est une inflammation des membranes qui recouvrent le cerveau et la moelle épinière. Lorsqu'elle est d'origine bactérienne ou fongique, elle peut être mortelle si elle n'est pas diagnostiquée et traitée à temps. Même dans les cas où la maladie est surmontée, elle peut laisser des séquelles graves, telles que des troubles neurologiques ou cognitifs. 

Malgré les progrès médicaux réalisés au cours des dernières décennies, la méningite reste une menace grave pour la santé infantile, en particulier dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, où les difficultés de diagnostic précoce aggravent son impact. 

Le diagnostic actuel, invasif et peu pratique

Actuellement, le diagnostic de la méningite nécessite une ponction lombaire pour prélever du liquide céphalo-rachidien, qui est ensuite analysé en laboratoire à la recherche de signes d'inflammation, tels qu'un nombre élevé de globules blancs. 

Il s'agit d'une technique invasive, qui comporte des risques et des limitations pratiques importantes. Dans les pays à revenu élevé, elle est systématiquement réalisée même en cas de faible suspicion, ce qui se traduit par un grand nombre de procédures « normales » et un faible rendement diagnostique. En revanche, dans les pays à faible revenu, le manque de ressources fait que le test n'est pratiquement jamais réalisé, ce qui entraîne un sous-diagnostic important ou, dans de nombreux cas, des diagnostics empiriques et souvent inexacts. 

L'alternative : un dispositif à ultrasons

L'objectif de l'étude était de valider le dispositif NEOSONICS, qui utilise des ultrasons à haute fréquence appliqués à travers la fontanelle ouverte du bébé — un espace membraneux entre les os du crâne, qui n'est pas encore complètement fermé — pour visualiser et analyser le liquide céphalo-rachidien. 

Un algorithme d'apprentissage profond analyse les images, visualise et compte les cellules, puis détermine s'il existe des signes inflammatoires compatibles avec une méningite. 

L'étude, financée par la Fondation Bill et Melinda Gates, a été menée entre 2020 et 2023 et a porté sur plus de 200 bébés âgés de moins de 24 mois dans les hôpitaux espagnols Sant Joan de Déu, La Paz et Quironsalud, ainsi que de l'hôpital central de Maputo (Mozambique) et de l'hôpital d'enfants de Rabat-Ibn Sina (Maroc). 

« Le dispositif a été capable de classer correctement 17 des 18 cas de méningite et 55 des 58 cas sans méningite », explique Sara Ajanovic, chercheuse à ISGlobal et auteure principale de l'étude. « Plus précisément, il a détecté des taux élevés de globules blancs dans le liquide céphalo-rachidien avec une sensibilité d'environ 94 % et une spécificité de 95 % ». 

Ce nouveau dispositif, peu coûteux, portable et facile à utiliser, permettrait non seulement de réduire le nombre de ponctions lombaires, mais pourrait également être utilisé chez les patients cliniquement instables, chez lesquels une ponction lombaire est contre-indiquée. 

« L'introduction d'un outil non invasif pourrait réduire l'utilisation inutile d'antibiotiques, prévenir les complications associées à la ponction lombaire et améliorer le diagnostic précoce ainsi que le suivi non invasif de la réponse au traitement », explique Quique Bassat, directeur général d'ISGlobal, chercheur ICREA et auteur principal de l'étude.

L'intelligence artificielle et l'avenir du diagnostic

La validation de NEOSONICS représente une première étape vers son intégration future dans la pratique clinique. Parallèlement, d'autres études coordonnées par ISGlobal explorent le potentiel de l'intégration de l'intelligence artificielle (IA) à la technologie ultrasonore afin d'optimiser l'interprétation des résultats. 

Grâce à l'utilisation d'algorithmes avancés, l'IA permet d'analyser des mesures d'images et de détecter des motifs de texture associés à la présence de cellules inflammatoires dans le liquide céphalo-rachidien, améliorant ainsi la capacité diagnostique du système dans les cas de méningite infantile.