Cette décision fait du Kosovo le premier territoire à majorité musulmane à reconnaître la ville comme capitale d'Israël

Le Kosovo ouvre officiellement son ambassade à Jérusalem

PHOTO/AFP - Foto de archivo, el ministro de Asuntos Exteriores israelí Gabi Ashkenazi hace una declaración durante una ceremonia celebrada vía Zoom con su homólogo kosovar que marca el establecimiento de lazos diplomáticos entre Israel y Kosovo, en la sede del Ministerio de Asuntos Exteriores israelí en Jerusalén, el 1 de febrero de 2021.

Le Kosovo a officiellement ouvert une ambassade dans la ville contestée de Jérusalem, la reconnaissant de facto comme la capitale d'Israël, a déclaré dimanche le ministère des Affaires étrangères du Kosovo. Cette décision fait suite à l'établissement de relations diplomatiques avec Israël le 1er février et à un sommet Kosovo-Serbie qui s'est tenu à la Maison Blanche en septembre, selon un communiqué publié dimanche. La mission a été inaugurée lors d'une brève cérémonie au cours de laquelle le drapeau du Kosovo a été hissé devant le bâtiment de l'ambassade et une plaque portant le texte, écrit en albanais, hébreu et anglais, "République du Kosovo" a été placée à son entrée, a indiqué le ministère dans un communiqué. En échange de la reconnaissance de son indépendance par Israël, le Kosovo est devenu le premier pays à majorité musulmane à reconnaître Jérusalem comme la capitale de l'État hébreu. La majorité de la communauté internationale ne reconnaît pas l'annexion de Jérusalem-Est par Israël et estime que les revendications concurrentes concernant la ville doivent être résolues par des négociations. La plupart des ambassades internationales sont situées à Tel Aviv.

Dans le cadre d'un échange de reconnaissance mutuelle, Israël a officiellement reconnu le Kosovo, une ancienne province serbe qui a proclamé son indépendance en 2008, comme un État indépendant, rejoignant ainsi la plupart des pays occidentaux mais pas la Serbie, la Chine et la Russie. L'accord Israël-Kosovo a été discuté en septembre dernier à Washington par le président américain de l'époque, Donald Trump, dans le cadre de discussions économiques avec la Serbie et les Kosovars voisins. Le Kosovo et Israël ont établi des relations diplomatiques en février, au grand dam de Belgrade, qui ne reconnaît pas l'indépendance de son ancienne province. La décision du Kosovo a été prise lorsque l'ancien Premier ministre Avdullah Hoti a rencontré le président serbe Aleksandar Vucic à la Maison Blanche en septembre dernier avec le président de l'époque, Donald Trump. "Le placement des plaques et du drapeau d'État à l'ambassade du Kosovo en Israël reflète la volonté du gouvernement du Kosovo de respecter l'engagement d'établir la mission diplomatique à Jérusalem", a-t-il déclaré.
 

La décision de Pristina a suscité des critiques, non seulement dans les pays à majorité musulmane comme la Turquie, qui l'a dénoncée comme une violation des résolutions de l'ONU et du droit international, mais aussi au sein de l'Union européenne. La question de Jérusalem et de son statut reste l'un des points les plus épineux du conflit israélo-palestinien. L'Autorité palestinienne estime que Jérusalem-Est a été illégalement occupée par les forces israéliennes en 1967 et demande que Jérusalem-Est soit la capitale de l'État palestinien.

"Cette décision fait diverger le Kosovo de la position de l'UE sur Jérusalem", a déclaré le porte-parole de l'UE, Peter Stano, notant que toutes les ambassades des pays de l'UE en Israël, ainsi que la délégation de l'UE, sont situées à Tel Aviv, conformément aux résolutions pertinentes des Nations unies, aux décisions du Conseil de sécurité et du Conseil européen. Un journaliste kosovar a demandé au cours de cette conférence de presse quelles pourraient être les conséquences pour Pristina et ce qui donnait à l'UE le droit de demander au Kosovo de rejoindre ses rangs alors qu'il n'est pas reconnu par cinq pays de l'UE et ne peut donc pas devenir un candidat à l'UE ou obtenir la libéralisation des visas. La Grèce, Chypre, la Roumanie, la Slovaquie et l'Espagne ne reconnaissent pas l'ancienne province yougoslave comme un pays indépendant. Vieux de plus de deux décennies, insoluble depuis la dernière des guerres qui ont déchiré l'ex-Yougoslavie (1998-99), le conflit entre la Serbie et le Kosovo reste une menace pour la stabilité en Europe. Les accords de normalisation conclus en 2013 sous les auspices de l'UE sont restés largement lettre morte. La guerre du Kosovo (1998-1999) a fait plus de 13 000 morts, dont la plupart étaient des Albanais. Elle a pris fin lorsqu'une campagne de bombardements occidentale a contraint les forces serbes à se retirer du territoire.

Albin Kurti, le premier ministre kosovar, s'est retrouvé dans une position diplomatique difficile avant de prendre ses fonctions, suite aux pressions exercées par la Turquie, proche alliée du nouveau pays des Balkans occidentaux, pour qu'elle change d'avis sur la localisation de Jérusalem. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a averti le Kosovo que cette décision pourrait nuire aux relations futures avec son pays. Le pays des Balkans, dont la population est majoritairement musulmane, est le troisième au monde à établir son ambassade à Jérusalem, après les États-Unis et le Guatemala.