Des mesures individuelles seront prises contre Ankara en ce qui concerne les travaux d´exploitation du gaz Méditerranée

L´Union européenne décide de sanctionner la Turquie

Photo d'archive - Le président du Conseil européen Charles Michel reçoit le président turc Recep Tayyip Erdogan

Les dirigeants de l'Union européenne réunis en sommet à Bruxelles ont décidé, dans la nuit du jeudi 10 au vendredi 11 décembre, de sanctionner les actions "illégales et agressives" de la Turquie en Méditerranée orientale.  

Suite au compromis sur le plan de relance conclu avec la Pologne et la Hongrie, les 27 sont parvenus à un accord sur la Turquie lors du sommet européen. Après d'âpres pourparlers conclus peu avant 1 heure du matin (heure de Paris), les Européens ont surmonté leurs divisions pour sanctionner la Turquie pour ses travaux de prospection de gaz dans les zones maritimes contestées avec la Grèce et Chypre, selon plusieurs sources diplomatiques.  

"Les mesures décidées sont des sanctions individuelles, et des mesures supplémentaires peuvent être décidées si la Turquie poursuit ses actions", a expliqué un diplomate européen. Une liste de noms sera établie dans les prochaines semaines et soumise à l'approbation des États membres, conformément aux conclusions adoptées par le sommet des 27 à Bruxelles.   

Les noms seront inscrits sur la liste noire établie en novembre 2019 pour sanctionner les activités de forage de la Turquie dans les eaux de Chypre. La liste comprend deux fonctionnaires de la Turkish Petroleum Corporation (TPAO), qui a été interdite de délivrer des visas et dont les avoirs dans l'UE ont été gelés, selon l'Afp.   

Le Conseil européen a adopté des sanctions contre les "actions unilatérales et les provocations" de la Turquie", a écrit le secrétaire d'État français aux affaires européennes, Clément Beaune, sur son compte Twitter.  

Lors du sommet du 1er octobre, les chefs d'État et de gouvernement ont promis de revoir l'état des relations avec la Turquie et d'appliquer de nouvelles sanctions si le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan ne parvenait pas à apaiser les tensions avec l'UE, notamment avec la Grèce et Chypre. L'engagement était de pouvoir donner à Ankara une chance de construire un agenda positif dans les mois à venir.  

"Nous avons communiqué avec la Turquie en octobre et depuis lors, les choses n'ont pas été très positives", a déclaré le président du Conseil européen, Charles Michel, au début de cette semaine. "Nous sommes prêts à utiliser les moyens dont nous disposons lorsque nous constatons qu'il n'y a pas d'évolution positive", a-t-il averti. Toutefois, plusieurs États membres, dont l'Allemagne, sont opposés à l'adoption de ces sanctions.  

En outre, les conclusions du sommet que les dirigeants européens tiennent depuis hier à Bruxelles, appellent le Haut représentant de l'UE pour la politique étrangère Josep Borrell et la Commission européenne à envisager la possibilité, d'ici mars, d'étendre la portée de ces sanctions, en fonction de l'évolution des relations avec Ankara. La Commission devrait faire rapport d'ici mars 2021 sur "l'évolution de la situation" et proposer ensuite, si nécessaire, d'étendre les sanctions à de nouveaux noms ou sociétés. "L'idée est de serrer la vis progressivement", a expliqué un diplomate européen.   

Cependant, ils évitent des mesures plus drastiques telles que la mise en œuvre d'un embargo sur les armes, comme demandé par la Grèce, et soulignent que "l'offre d'un agenda positif entre l'UE et la Turquie est toujours sur la table", selon Efe.  

Toutefois, les 27 États membres réitèrent leur soutien à Chypre et condamnent la récente visite d'Erdogan dans le voisinage de Varosha, dans le nord du pays, ainsi que la décision des autorités chypriotes turques de rouvrir cette zone, qui a été établie comme zone militaire depuis 46 ans et est considérée comme un élément clé du conflit.  

Erdogan a déclaré lors d'une conférence de presse à Ankara hier avant de partir en visite officielle en Azerbaïdjan que "toute décision sur les sanctions de l'UE n'est pas une préoccupation majeure pour la Turquie". Il a ajouté que "L'UE a toujours appliqué des sanctions contre la Turquie de toute façon. Elle n'a jamais été honnête avec nous, elle n'a jamais tenu ses promesses".