La démarche de Reporters sans frontières à Tebboune suscite le rejet en Algérie

Les images du journaliste et actuel représentant de Reporters sans frontières (RSF) au Maghreb, Khaled Drareni - emprisonné entre 2020 et 2021 - avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune ont suscité la polémique en Algérie.
????| Tandis que le Maroc dégringole dans le classement de la liberté de la presse par RSF, le représentant de RSF pour l’Afrique du Nord, Khaled Drareni rencontre le Président algérien Abdelmadjid Tebboune à Alger.
— Morocco Intelligence (@MoroccoIntel) May 4, 2023
Dans un communiqué digne de Canal Algérie, l’ONG affirme que «… pic.twitter.com/dSK6wOLgj4
Selon Maghreb Intelligence, Khaled Drareni a été invité à une célébration organisée par Alger à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, ce qui est ironique compte tenu de la censure et des pressions exercées sur les journalistes en Algérie. Comme le rappelle le portail spécialisé sur l'Afrique du Nord, Tebboune est considéré comme le "bourreau" de la presse et de la liberté d'expression dans le pays maghrébin. Depuis son arrivée au pouvoir, il a emprisonné plusieurs reporters, dont Ihsane el Kadi, qui a récemment été condamné à cinq ans de prison.
Procès Ihsan El kadi journaliste le parquet a requis 3 ans de prison ferme assortie d'une amende de 100 000 Da avec interdiction d'exercer dans la fonction publique , suspension de Radio M pour 5 ans lors de son procès aujourd'hui.
— said SALHI (@saidsalhi527) May 17, 2022
Le verdict est prévu pour le 21 Mai 2022. pic.twitter.com/LZXCgfpUsW
Les images de Drareni avec Tebboune ont rapidement circulé sur les réseaux sociaux, où de nombreux Algériens ont critiqué le représentant de RSF, défenseur du Hirak. Le journaliste a tenté de désamorcer la polémique en affirmant que l'ONG française l'avait "chargé" de remettre une lettre au président algérien pour l'inciter à libérer El Kadi, arrêté en décembre.
En ma qualité de Représentant de Reporters sans frontières (RSF) en Afrique du Nord, je serai porteur aujourd’hui d’une lettre officielle de mon organisation au Président de la république, dans laquelle nous appelerons à la levée des restrictions, à l'arrêt des atteintes et à la… pic.twitter.com/TfHJ9MZhQx
— Khaled Drareni (@khaleddrareni) May 3, 2023
Or, selon Maghreb Intelligence, qui s'appuie sur des sources algériennes, c'est Khaled Drareni lui-même qui a demandé à RSF de rencontrer M. Tebboune. "Khaled Drareni a subi d'énormes pressions de la part des services de sécurité et du gouvernement algérien pour 'accepter un geste amical' envers le président Tebboune", note le portail.
Khaled Drareni est interdit de quitter le pays et continue d'être menacé par d'anciennes affaires judiciaires. Son média, Casbah Tribune, est également toujours fermé par les autorités algériennes. Maghreb Intelligence affirme que, pour obtenir sa liberté, le journaliste est en pourparlers "depuis fin 2022 avec des cercles puissants des services de sécurité pour négocier un accord" afin de mettre fin aux pressions qu'il subit.
@RSF_inter a dévoilé son vrai visage de "juge et partie" comme elle l'a été depuis toujours !
— Sanaa Berrada (@SbrunetteB) May 4, 2023
Cette rencontre parsemée de doute et qui s’inscrit au moment de la publication du classement farfelue de RSF sur la liberté de la presse en est la preuve irréfutable ! pic.twitter.com/0nDJLvhqp6
Pour cette raison, M. Drareni tenterait de convaincre Christophe Desloire, directeur de Reporters sans frontières, d'effectuer un voyage officiel à Alger afin d'atténuer les critiques sur la situation de la presse dans le pays. Maghreb Intelligence souligne que cette situation place RSF "dans une position très délicate", rappelant son absence d'implication dans l'affaire du journaliste Mustapha Bendjama, emprisonné en février, et dans les arrestations de personnes accusées de fournir des informations à Algérie Part.
Exclu du rapport annuel de RSF sur la liberté de la presse, le journaliste Mustapha Bendjama est en prison pour son activité de journaliste, a affirmé son avocat Adel Messaoudi. En tout cas c'était évident pour moi. #FreeMustaphaBendjama pic.twitter.com/RvTMy0tsBG
— Yamina Baïr (@BairYamina) May 4, 2023
"Le silence de RSF est perçu à Alger comme une complicité indirecte qui illustre les conséquences malheureuses de cette relation problématique avec les dirigeants algériens", conclut le rapport.