Si la situation à l'intérieur des frontières françaises est compliquée, elle ne l'est pas moins à l'extérieur. Alors qu'Emmanuel Macron tente d'apaiser les manifestations qui causent d'importantes destructions dans les rues de son pays, depuis le Mali, le média L'Aube publie des informations qui accusent directement Paris de financer le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (JNIM) - un groupe djihadiste affilié à Al-Qaïda - par le biais de rançons payées à coup de millions de dollars. En plus du contexte déjà compliqué que traverse la France en Afrique du Nord en raison des tensions avec le Maroc et l'Algérie, ces informations ne font qu'aggraver la situation de la France, qui vit l'un des moments les plus délicats de sa politique étrangère.

Depuis Bamako, ils précisent que "ce soutien multiforme se manifeste par le versement de rançons à des ravisseurs affiliés à des groupes terroristes". Selon des sources locales, le gouvernement français aurait payé une rançon de 12 à 13 millions d'euros pour la libération du journaliste français Olivier Dubois et du missionnaire américain Jeffrey Woodke. Les deux hommes étaient retenus en otage par le groupe affilié à Al-Qaïda depuis respectivement deux et sept ans. Ce n'est pas la première fois que la France est mise en cause pour ce type de paiement, mais c'est inquiétant car les médias maliens eux-mêmes affirment que l'objectif de ces paiements était d'armer le groupe terroriste.
Les plus de dix millions d'euros que Paris aurait versés au JNIM étaient destinés à l'achat d'armes et de munitions par l'organisation. En outre, L'Aube rapporte que l'accord aurait bénéficié de l'aide du président du Niger, Mohamed Bazoum. Précédemment, Le Monde avait rapporté que la France avait versé entre 20 et 25 millions d'euros aux ravisseurs de Thierry Dol, Marc Féret, Daniel Larribe et Pierre Legrand, retenus en otage au Niger pendant plus de mille jours et libérés en 2013.

Un an après la libération des quatre Français, le New York Times a publié une enquête dans laquelle la France était décrite comme "la championne des paiements de rançons à Al-Qaïda", sur la base des nombreux paiements effectués au cours de ces années. En effet, le montant total déboursé par Paris a été estimé à 58 millions d'euros depuis 2008, soit une dizaine de millions par an. Ces chiffres ont été sévèrement critiqués par les médias américains, qui ont comparé la position française aux refus constants des Etats-Unis et du Royaume-Uni face au chantage des groupes terroristes.
Depuis le Mali, ils critiquent le gouvernement d'Emmanuel Macron car Bamako a refusé catégoriquement de négocier avec les terroristes. Cependant, le fait que la France ait décidé d'accepter ce paiement d'un million de dollars a généré un malaise important au Mali, qui a porté sa plainte devant le Conseil de sécurité des Nations unies. Ils le font surtout parce que la situation actuelle du JINM n'est pas particulièrement florissante et que Daesh dispose d'un grand avantage stratégique dans la région. Ainsi, le soutien économique français pourrait renforcer la filiale d'Al-Qaïda dans ce qui pourrait se traduire par une escalade de la tension au Sahel.