La "grande bataille" commence après l'assaut pro-russe sur la dernière poche de résistance à Mariupol
L'Ukraine se prépare à la "grande bataille" pour le Donbas. Le président ukrainien Volodomir Zelensky a mis en garde ces dernières heures contre une offensive majeure visant à prendre le contrôle de l'est de l'Ukraine, un avertissement qui commence déjà à se manifester sur le terrain. Selon les renseignements américains, de nouvelles troupes en provenance de Moscou arriveraient aux frontières dans le but de lancer de nouvelles attaques de grande envergure.
Les pro-russes de Donbas auraient commencé un assaut sur Azovstal, la dernière poche de résistance à Mariupol, qui est assiégée depuis plus d'un mois. Selon le porte-parole de la milice de la République populaire de Donetsk, Eduard Basurin, "certains groupes d'assaut, spécialement sélectionnés pour cette mission, ont déjà commencé leur travail, et nous sommes assistés par la Fédération de Russie avec son aviation et son artillerie".
L'assaut a été précédé par d'autres attaques de missiles aux premières heures de ce matin dans la ville de Lviv, qui ont coûté la vie à sept personnes. Selon les autorités, l'un des projectiles a touché un magasin de pneus, provoquant une onde de choc qui aurait atteint un hôtel où se trouvaient des Ukrainiens évacués d'autres régions du pays.
Au cours du week-end, Moscou a lancé un ultimatum à la résistance de Mariupol pour qu'elle rende ses armes en échange de sa vie. Cependant, les Ukrainiens refusent de se rendre, jurant de se battre "jusqu'au bout". À Zaporiyia, des volontaires du bataillon néonazi Azov affirment que l'option de la reddition n'a même pas été envisagée. "Se rendre ? Nous n'en avons même pas discuté. Les Russes peuvent tranquillement se passer de leurs ultimatums. Les héros de Mariupol se battront jusqu'au dernier homme, ils ne cherchent pas le martyre, ils sont prêts à mourir. Mais les renforts arriveront en premier".
Selon Zelenksy lui-même, les Russes se préparent "depuis longtemps" à cette offensive. Cependant, le président ukrainien ne se laisse pas décourager et maintient que l'Ukraine résistera, "peu importe le nombre de soldats russes qu'ils amènent ici, nous nous battrons. Nous nous défendrons", a-t-il ajouté.
Outre Zelensky, le gouverneur ukrainien de la région de Lougansk, Sergueï Gaidai, a déclaré que la zone était devenue "un enfer (...) il y a des combats à Rubizhne et Popasna, des combats incessants dans d'autres localités paisibles" qui ont déjà coûté la vie à huit civils, selon les autorités. La Russie a également déjà dénoncé une attaque ukrainienne dans la région frontalière de Belgogrod, qui aurait fait un blessé.
Ainsi, les affrontements commencent à avoir lieu face à l'échec des négociations. L'absence de corridors humanitaires en est la preuve. Les deux parties ne parviennent pas à se mettre d'accord sur l'établissement de voies d'évacuation par lesquelles la population civile pourra sortir. Ainsi, l'Ukraine vit son troisième jour sans couloir humanitaire alors que le pays est au début d'une offensive russe intense et accélérée.
Alors que Moscou lançait sa nouvelle offensive, de nouvelles armes en provenance des États-Unis sont arrivées aux frontières de l'Ukraine pour être livrées à l'armée ukrainienne. Selon un responsable américain, "quatre vols sont arrivés des États-Unis dans la région avec divers équipements (...) un cinquième vol arrivera dans les prochaines 24 heures".
Parallèlement à ce nouveau soutien, des militaires américains qui seraient déployés sur le front oriental de l'OTAN formeront "dans les prochains jours" des militaires ukrainiens pour leur apprendre à utiliser des armes telles que l'obusier M777, l'une des dernières générations d'artillerie américaine.
Avec cette nouvelle livraison d'armes, envoyée avec une "rapidité sans précédent", l'armée ukrainienne va pouvoir utiliser des canons utilisant des obus de 155 mm, utilisés par les pays du Traité, qui sont supérieurs à ses obus actuels de 152 mm, qui ont la particularité d'être fabriqués en Russie.
Entre-temps, au milieu de cette situation, le président russe Vladimir Poutine a décerné le titre honorifique de "Garde" à la 64e brigade motorisée indépendante de l'armée russe, la brigade qui aurait participé au massacre de Buca. Le décret présidentiel fait l'éloge des crimes commis par ses soldats, les louant pour "leur héroïsme et leur courage, pour l'intégrité et le courage dont a fait preuve la brigade dans les combats pour défendre la Patrie et les intérêts de l'État dans des conditions de conflit armé, je décrète (...) d'attribuer le titre honorifique de Garde à la 64e Brigade motorisée indépendante".
Bucha a été l'une des scènes les plus cruelles de l'invasion russe. Des images des crimes commis ont été diffusées dans le monde entier pour montrer la cruauté à son paroxysme. Des centaines de civils, ligotés, brûlés et portant des signes évidents de torture, ont été retrouvés dans la ville. Cette attaque indiscriminée contre la population civile a déjà eu ses premières conséquences, la Russie étant accusée d'avoir commis des crimes de guerre, avec les répercussions juridiques et les sanctions qui en découlent pour elle en réponse à ces abus.
Ces événements ont conduit à l'isolement international de la Russie, à l'exception de la Chine. Même le massacre de Bucha n'a pas incité Pékin à condamner les actions de Moscou ; au contraire, le soutien de Pékin s'est intensifié. Ces dernières heures, la Chine a confirmé à la Russie qu'elle continuerait à développer "sa coordination stratégique". C'est ce qu'a déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères et ce qu'a répété le vice-ministre des Affaires étrangères, Le Yucheng.
L'invasion russe de l'Ukraine en est à son 55e jour. Au cours de ces presque deux mois, les attaques ont causé la mort de 2 072 personnes, un chiffre qui ne fait état que des victimes civiles. L'ONU confirme que 169 personnes sur ce total étaient des mineurs. En plus de ces décès, ils rappellent qu'il y a 2 818 blessés.