L'Algérie rappelle son ambassadeur à Madrid pour des consultations
Alger a réagi à la récente décision de l'Espagne de considérer le plan d'autonomie du Maroc pour le Sahara comme la base "la plus sérieuse, réaliste et crédible" pour résoudre le conflit dans la région. Cette démarche permet à Madrid d'améliorer ses relations avec Rabat, avec qui elle a pris ses distances en avril dernier après l'entrée en Espagne de Brahim Ghali, leader du Front Polisario.
Le gouvernement algérien a décidé d'appeler son ambassadeur à Madrid pour consulter "immédiatement" la décision du président espagnol, Pedro Sánchez, selon un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères.
La note, publiée par l'agence de presse étatique APS, souligne également que la diplomatie algérienne est "très surprise" par "ce changement soudain de position de l'ancienne puissance administrante du Sahara occidental".
Lors d'une conférence de presse au cours de laquelle ce revirement politique a occupé le devant de la scène, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, n'a pas précisé s'il avait informé l'Algérie de cette décision. Cependant, des sources officielles confirment à Atalayar que le gouvernement algérien a été informé au préalable. Pour l'Espagne, "l'Algérie est un partenaire stratégique, prioritaire et fiable, avec lequel nous entendons maintenir une relation privilégiée".
L'Algérie étant le principal fournisseur de gaz de l'Espagne, des représailles à cet égard pourraient avoir des conséquences dramatiques, compte tenu notamment de la crise énergétique actuelle en Europe. Malgré cela, Albares a décrit l'Algérie comme "un partenaire fiable".
Avant la déclaration du ministère algérien des Affaires étrangères, le média algérien TSA a cité des sources diplomatiques affirmant que la décision de Madrid était "la deuxième trahison historique" de l'Espagne envers le peuple sahraoui. La première "trahison" pour l'Algérie a été l'accord du 14 novembre 1975 par lequel l'Espagne a cédé l'ancienne colonie au Maroc et à la Mauritanie sans consulter le Front Polisario, qui a déclenché une guerre contre les deux pays.
Cependant, des années plus tard, en 1984, la Mauritanie reconnaît officiellement la République arabe sahraouie démocratique (RASD) proclamée par le Polisario en 1976, alors que le conflit entre Rabat et le mouvement d'autodétermination sahraoui se poursuit.
C'est pourquoi l'Algérie, principal allié politique du Front Polisario, a un rôle clé à jouer dans le revirement politique de l'Espagne. "Le Maroc a finalement obtenu ce qu'il voulait de l'Espagne", a déclaré la source diplomatique à TSA.
Jusqu'à présent, ce sont les réactions de l'Algérie à la décision de Madrid. Toutefois, le journaliste Francisco Peregil, du journal EL PAÍS, souligne que la réaction officielle la plus probable du gouvernement algérien interviendra ce dimanche, selon des sources journalistiques dans le pays.
