L'Algérie se rapproche de l'Espagne après la rupture totale de 2022
- La sécurité comme base des nouvelles relations
- Plus de collaboration en matière d'immigration
- Plus de développement et plus d'infrastructures
La position algérienne à l'égard de l'Espagne a fait un virage à 180 degrés.
Après la distanciation politique exercée par l'Algérie après la reconnaissance par l'Espagne du plan d'autonomie du Maroc comme le plus sérieux, crédible et réaliste pour résoudre le contentieux du Sahara occidental, les relations entrent maintenant dans une nouvelle phase avec les réunions, d'abord des ministres des Affaires étrangères Ahmed Attaf, d'Algérie, et José Manuel Albares, d'Espagne, au sommet du G-20 à Johannesburg, Afrique du Sud, puis avec la visite à Madrid du ministre algérien de l'Intérieur et des Collectivités locales, Ibrahim Merad, qui a rencontré son homologue espagnol, le ministre de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, et Acardi España García, secrétaire d'État espagnol à la Politique territoriale.
Merad s'est rendu à Madrid avec une importante délégation, accompagnée de personnalités telles que le directeur général de la sécurité nationale, Ali Badaoui, et le directeur général de la protection civile, Boualem Bouglaf. Aux côtés de Marlaska, ont également participé le secrétaire d'État à la sécurité, Rafael Pérez, la sous-secrétaire du ministère de l'Intérieur, Susana Crisóstomo, et la directrice générale des relations internationales et des étrangers, Elena Garzón.
Après la rupture totale de 2022, au cours de laquelle l'Algérie a unilatéralement suspendu ses relations avec Madrid, mettant fin à tous les accords d'échange internationaux et aux pactes de bon voisinage et retirant l'ambassadeur algérien à Madrid, les deux délégations ont convenu d'intensifier l'échange « d'informations stratégiques, prospectives et opérationnelles » qui facilite le travail d'anticipation des activités illicites liées au trafic de drogue et au crime organisé des forces et corps de sécurité des deux États.
Grande-Marlaska a qualifié l'Algérie de « partenaire clé » de l'Espagne en matière de coopération policière et migratoire. « L'excellente collaboration témoigne du degré de confiance et de respect mutuel qui sous-tend notre coopération bilatérale, particulièrement satisfaisante en matière de lutte contre le terrorisme », a-t-il déclaré.
« Nous partageons de nombreux intérêts et défis communs, avec des défis importants qui nécessitent, aujourd'hui plus que jamais, des réponses conjointes offrant des solutions efficaces », a-t-il ajouté. Au cours de la rencontre, Marlaska n'a pas manqué l'occasion de remercier les autorités algériennes pour leurs efforts de collaboration dans l'affaire de l'enlèvement du touriste espagnol le 14 février dernier.
La sécurité comme base des nouvelles relations
L'importance de promouvoir une coopération étroite entre les organismes de sécurité et les institutions spécialisées des deux pays sera la base sur laquelle les deux gouvernements veulent établir de nouveaux accords de coopération et de collaboration dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé.
Parmi les faits que l'on espère éviter figurent la criminalité transfrontalière, y compris le trafic illicite d'armes, de munitions, de drogues et de produits chimiques, et les délits économiques, ainsi que le trafic d'êtres humains et d'organes, en particulier à mesure que le phénomène criminel se développe.
Comme première pierre pour les nouvelles relations, la réunion a abordé la reprise du pacte, en vigueur depuis 2009, qui établissait un comité de sécurité conjoint servant de pont entre les services de renseignement algériens et le Centre national de renseignement (CNI) espagnol pour lutter contre le terrorisme.
Plus de collaboration en matière d'immigration
L'immigration clandestine est l'un des défis les plus importants auxquels l'Espagne, pays frontalier de l'Union européenne, est confrontée. Un combat que l'Algérie partage et auquel elle s'est durement attaquée ces dernières années en adoptant une approche et une vision globales, face aux conséquences de ce phénomène, et en particulier afin de pouvoir garantir une bonne couverture des dimensions qu'il atteint, surtout pendant les mois d'été.
Pour ce faire, le gouvernement algérien a confié cette tâche à l'armée nationale, qui permet de relever le défi de l'immigration. Aux côtés de l'armée, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) en Algérie collabore étroitement dans le domaine du retour des personnes en situation irrégulière dans leur pays d'origine. Depuis que ces deux institutions ont été désignées pour cette mission, cette coopération a permis de renvoyer plus de 8 000 immigrants.
L'Algérie reste ferme dans sa décision de faire face au phénomène de l'immigration irrégulière de manière durable. Pour le pays nord-africain, ce travail revêt une importance particulière pour le développement du pays et la réduction des conséquences humaines, car au cours de la dernière décennie, plus de 28 000 personnes ont perdu la vie en Méditerranée, selon les données du projet Migrants Disparus de l'OIM.
Plus de développement et plus d'infrastructures
Lors de la rencontre, les deux délégations ont discuté des efforts visant à développer des infrastructures clés. Les gouvernements des deux pays espèrent activer la coopération bilatérale dans ce domaine en ouvrant des cours pour développer les compétences et améliorer les capacités techniques, et contrôler la technologie moderne pour la gestion du trafic et l'intégration dans le système de gouvernance du secteur.
En ce qui concerne le domaine économique, les autorités algériennes ont posé des questions sur plusieurs modèles utilisés en Espagne en matière d'intégration des petites et moyennes entreprises dans les secteurs de l'agriculture, de l'industrie et du tourisme, l'un des secteurs qui préoccupe le plus les Algériens.
En matière d'énergie, ils ont également demandé quelle était l'approche suivie par les entreprises espagnoles, notamment dans les projets d'énergie durable et les mégaprojets d'obtention d'énergies vertes.