L'Algérie utilise la diplomatie pour éviter une intervention militaire au Niger
Le ministre algérien des affaires étrangères, Ahmed Attaf, a entamé une tournée diplomatique au Nigéria, au Bénin et au Ghana dans le but de trouver une solution pacifique à la crise que traverse le Niger depuis le coup d'État de juillet dernier contre le président Mohamed Bazoum.
Comme le ministre l'a lui-même indiqué sur son compte Twitter, il mènera des "consultations sur la crise au Niger et les moyens d'y faire face" avec ses homologues de ces trois pays, membres de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Lors de sommets extraordinaires consacrés à la situation dans le pays sahélien, le bloc africain a décidé de déployer ses forces en attente, déclarant qu'il aurait recours à la force si la diplomatie échouait.
La CEDEAO, ainsi que la communauté internationale, ont exigé à plusieurs reprises que les putschistes nigérians rendent le pouvoir au président élu, actuellement détenu par les nouvelles autorités. Afin de faire pression sur les dirigeants militaires actuels - qui ont déjà nommé un nouveau gouvernement au mépris des exigences régionales et internationales - la CEDEAO a imposé des sanctions contre le pays.
Un autre organisme africain, l'Union africaine, a décidé de suspendre la participation du Niger à toutes les activités de l'organisation et à ses organes et institutions jusqu'au rétablissement effectif de l'ordre constitutionnel dans le pays. Des sanctions individuelles contre les membres de la junte militaire sont également envisagées.
Malgré la position unie de la plupart des pays de la région sur le Niger, certaines nations, dont l'Algérie, ne voient pas d'un bon œil une intervention militaire pour rétablir Bazoum au pouvoir et restaurer l'ordre dans le pays. Des États dirigés par des militaires putschistes, comme le Mali et le Burkina Faso, ont exprimé leur soutien aux nouveaux dirigeants nigériens, tout en condamnant les sanctions et les menaces de la CEDEAO. Ils ont même souligné qu'ils considéreraient toute action contre le Niger comme une déclaration de guerre. La Guinée est un autre pays qui s'est positionné contre l'intervention, en soutenant les putschistes nigériens.
Pour l'Algérie, une intervention militaire au Niger pourrait constituer une menace directe pour sa propre sécurité nationale. Selon une source gouvernementale algérienne citée par Reuters, Alger s'oppose à toute intervention militaire par crainte d'un afflux de migrants sur son territoire. Une telle action, selon cette source, "aggraverait la situation au Niger et dans tout le Sahel".
Le président Abdelmadjid Tebboune a lui-même déclaré que "toute intervention militaire extérieure" au Niger serait "une menace directe pour l'Algérie", raison pour laquelle Alger rejette "catégoriquement" cette option. "Sans nous, il n'y aura pas de solution. Nous sommes les premiers concernés", a-t-il déclaré lors d'une interview à la télévision nationale. Et d'ajouter : "Quelle est la situation actuelle dans les pays qui ont subi des interventions militaires ? Regardez la situation en Libye et en Syrie", a ajouté M. Tebboune.
L'Algérie partage une frontière de près de 1 000 kilomètres avec le Niger. Le pays nord-africain a déjà des frontières avec deux pays en proie à l'instabilité, le Mali et la Libye, et préfère donc ne pas ouvrir un troisième front à cet égard.