Des doutes subsistent quant à la relation entre les deux leaders du monde arabe et le géant américain

L'Arabie saoudite et les Émirats prennent leurs distances avec les États-Unis

AFP/ MANDEL NGAN - Joe Biden, président des États-Unis

Diverses voix font état d'une distanciation notable entre l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis avec les États-Unis en raison des divergences découlant de la position du gouvernement de Joe Biden sur les questions diplomatiques au Moyen-Orient.  

À cet égard, le Wall Street Journal a rapporté que le président Joe Biden n'a pas réussi à joindre par téléphone le prince saoudien Mohammed bin Salman et le prince héritier d'Abou Dhabi, le cheikh Mohammed bin Zayed al-Nahyan, comme le rapporte Al-Arab.  

Selon le Wall Street Journal, rapporté par Al-Arab, l'objectif de l'appel était de discuter du soutien international à l'Ukraine à la suite de l'invasion de la Russie et d'aborder l'énorme augmentation des prix du gaz. Cet appel de la Maison Blanche serait resté sans réponse de la part des dirigeants saoudiens et émiratis.   

L'objectif des Etats-Unis avec ces contacts était de recevoir un soutien pour leur position contre la Russie et les sanctions contre le pays dirigé par Vladimir Poutine, ce qui signifierait que les Emirats et l'Arabie Saoudite ne respecteraient pas les derniers accords dans le cadre de l'alliance OPEP+, une organisation qui regroupe les principaux pays exportateurs de pétrole ainsi que d'autres nations comme la Russie. Toutefois, selon Al-Arab, Mohammed bin Zayed et le prince Mohammed bin Salman ont confirmé dès le départ que l'accord OPEP+ n'est pas affecté malgré la pression

Mohammed bin Salman aurait critiqué l'administration du président Joe Biden pour l'ingérence présumée des États-Unis dans les affaires intérieures du royaume, laissant entendre que les investissements saoudiens aux États-Unis seraient réduits en conséquence. L'Arabie saoudite n'admet pas aujourd'hui que les États-Unis tentent de donner le ton s'ils ne s'impliquent pas dans certaines affaires pertinentes du Moyen-Orient. Le prince héritier a accordé une interview à The Atlantic dans laquelle il a déclaré qu'il "se moque" que Joe Biden interprète mal ses propos, ce qui laisse un certain sentiment de malaise, car il semble que le président américain n'ait eu aucun contact avec lui, bien qu'il soit à la Maison Blanche depuis plus d'un an, selon les rapports d'Al Arab, jusqu'à cette dernière tentative de conversation téléphonique. Selon les analystes, le manque d'intérêt des États-Unis pour la région ne lie pas le royaume saoudien sur certaines questions liées aux États-Unis.  

Les Émirats arabes unis ont également montré des signes de déviation par rapport à la voie américaine en s'abstenant de voter sur le projet de loi parrainé par les États-Unis aux Nations unies et condamnant l'attaque russe en Ukraine. Dans le second cas, cependant, l'État du Golfe a voté en faveur de la résolution condamnant l'offensive russe. L'ambassadeur émirati aux États-Unis, Yousef al-Otaiba, aurait souligné que les EAU n'ont pas changé de position en tant qu'allié des États-Unis, mais que ces derniers se sont désintéressés de la région du Moyen-Orient pour se concentrer davantage sur l'Asie, en raison de l'intérêt des États-Unis à contrer la grande force de la Chine, leur grand rival économique et géopolitique actuel. Un exemple de ce changement politique est le retrait des États-Unis d'Afghanistan, qui a permis aux Talibans de prendre le pouvoir et a accru l'instabilité politique dans la région.  

Le Yémen et la République islamique d'Iran sont des points de discorde en ce qui concerne les liens diplomatiques entre les deux pays arabes et les États-Unis, comme l'ont souligné divers analystes, selon Al Arab.  

Le gouvernement de Joe Biden a cessé de vendre des armes à la coalition arabe qui combat au Yémen contre les rebelles houthis, une milice chiite soutenue par l'Iran, grand ennemi régional du royaume saoudien, principal symbole de la branche sunnite de l'islam. Une coalition dirigée par l'Arabie saoudite, dont l'Émirat est un membre important, lutte sur le terrain contre le groupe Houthi, qui s'efforce de saper le gouvernement yéménite légalement établi. 

Il convient également de noter que l'Arabie saoudite et les Émirats ont été durement touchés par plusieurs attaques de drones et de missiles menées par les Houthis, soutenus par l'Iran, contre des installations aéroportuaires et pétrolières. Une situation difficile qui nécessite un soutien accru de la part des Etats-Unis, qui s'est émoussé, selon les analystes, comme le note Al-Arab.

L'Iran est également un point de friction car les Etats-Unis pourraient revenir sur le pacte nucléaire avec le régime des Ayatollahs, ainsi que les pays européens concernés, au vu des dernières négociations entre les différentes parties. Cela n'a pas été bien accueilli par l'Arabie saoudite et les Émirats, qui considèrent l'État iranien comme une menace majeure, surtout s'il continue à développer son programme nucléaire.  

L'accord sur le nucléaire iranien de 2015 avait pour objectif de limiter le programme nucléaire perse afin d'éviter qu'il ne débouche sur le développement d'armes, en échange de certains avantages économiques. Mais l'administration de Donald Trump s'est retirée de l'accord en raison de la non-conformité de l'Iran et a imposé des sanctions politiques et économiques. Le gouvernement iranien a réagi en violant certains points de l'accord, notamment ceux relatifs à l'enrichissement de l'uranium. Cette situation a suscité l'inquiétude de la communauté internationale.  

Aujourd'hui, avec l'administration Biden, on assiste à de nouveaux rapprochements avec la République islamique, ce qui inquiète les rivaux régionaux tels que le royaume saoudien et les Émirats. Également chez un autre allié des États-Unis, Israël, qui continue d'avertir du danger que représente l'Iran s'il poursuit son développement atomique. 

Coordinateur pour les Amériques : José Antonio Sierra