L'attentat de Bamako reflète la grande menace djihadiste au Mali et au Sahel
La récente attaque du Groupe pour le soutien de l'islam et des musulmans (GAIM), affilié à Al-Qaïda au Sahel, contre des installations militaires dans la capitale Bamako est un coup dur pour la junte militaire malienne, soulignant une fois de plus la menace djihadiste croissante au Sahel et l'augmentation de l'instabilité.
L'attaque du groupe terroriste contre des casernes de police et un aéroport militaire intervient au moment où l'armée malienne et ses alliés russes, dont le groupe mercenaire Wagner, tentent de reprendre le contrôle de certaines régions du pays d'Afrique du nord.
La junte militaire, qui a pris le pouvoir après deux coups d'État en 2020 et 2021, insiste sur le fait que la situation est sous contrôle malgré la croissance des groupes djihadistes liés à Al-Qaïda et à Daesh dans la région du Sahel depuis des années.
Cependant, comme le souligne à l'AFP l'analyste de Technology Against Terrorism Lucas Weber, le lieu et la nature de l'attaque « démontrent les grandes capacités opérationnelles du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans et l'étendue de sa propagation ».
« C'est aussi une indication de l'ampleur de l'incapacité des services de renseignement et de sécurité du Mali, et de ses alliés russes et régionaux, à détecter et à déjouer les plans avant qu'ils ne soient mis en œuvre », ajoute-t-il. Cette attaque devrait également servir d'avertissement aux pays voisins, car le groupe terroriste est capable de mener des attaques similaires dans les pays voisins.
Les chefs militaires maliens ont lancé une vaste opération dans le nord du pays, où des groupes séparatistes armés et des djihadistes ont perdu le contrôle de plusieurs régions depuis l'année dernière. En juillet, l'armée malienne et ses alliés russes ont cependant subi l'une de leurs plus grandes défaites.
Même les autorités militaires maliennes ont admis avoir subi des pertes humaines « significatives » lors des combats à Tinzouatin, près de la frontière algérienne. Wagner a également confirmé, via un canal Telegram proche du groupe, des pertes dans ses rangs.
En revanche, les séparatistes - essentiellement des Touaregs - ont célébré une « victoire surprenante » et annoncé la mort de dizaines de Russes, tandis que le Groupe pour le soutien de l'islam et des musulmans a déclaré avoir tué 50 Russes et dix Maliens.
Il y a plusieurs années, la force française Barkhane, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et les forces européennes contrôlaient la menace dans le nord du Mali jusqu'à ce que la junte militaire leur ordonne de partir et se tourne vers la Russie pour obtenir son soutien.
Depuis lors, l'armée malienne a connu peu de succès, tandis que les mercenaires russes ont été accusés de crimes contre la population locale.
L'attaque, qui s'est produite en début de semaine, symbolise également la progression des djihadistes vers le sud, l'un de leurs principaux objectifs étant d'atteindre le golfe de Guinée. Pour les groupes terroristes, le nord est leur base et leur refuge, alors qu'ils préparent leur offensive vers le sud.
Le Mali, comme ses voisins le Niger et le Burkina Faso, semble incapable de mettre fin à cette menace. Sur le plan extérieur, les pays occidentaux sont actuellement désignés comme ennemis des autorités et n'ont donc pas les moyens de recueillir des renseignements ou de prendre des mesures susceptibles d'enrayer la progression du djihadisme.
Or, l'expansion du terrorisme au Sahel est un défi non seulement pour la région, mais aussi pour l'Europe. C'est pourquoi la décision du Mali et d'autres gouvernements du Sahel de s'isoler suscite l'inquiétude des puissances occidentales.
En plus de prendre ses distances avec l'Europe, le Mali, comme les gouvernements putschistes du Niger et du Burkina Faso voisins, a annoncé cette année sa sortie de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), créant à la place l'Alliance des États du Sahel (AES), qui est proche de la Russie.