Le commandant de l'armée nationale libyenne demande le soutien international de l'Egypte pour mettre fin à l'intervention turque en Afrique du Nord

L'Egypte présente une initiative pour la résolution du conflit libyen

PHOTO/ Présidence égyptienne - Le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi reçoit le chef de l'autoproclamé Armée nationale libyenne (LNA), Khalifa Haftar, sur cette photo d'archive du 14 avril 2019

Plus de neuf ans après le début de l'intervention de l'OTAN contre le régime Kadhafi, deux cadres vivent ensemble en Libye : l'un est dirigé par le maréchal Khalifa Haftar et soutenu par la Russie, l'Égypte, les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite ; tandis que le gouvernement de Tripoli, soutenu par les Frères musulmans et reconnu internationalement par les Nations unies, reçoit une aide militaire de la Turquie et du Qatar - qui ne parviennent pas à s'entendre et à contrôler différentes zones d'un État caractérisé par le tribalisme et sa géographie largement désertique. Les événements récents et la présence d'Ankara dans cette région ont provoqué une réaction de l'Égypte qui a présenté ces dernières heures une initiative visant à mettre fin au conflit qui dévaste la nation nord-africaine. 

Le président égyptien, Abdel Fatah al Sisi, a fait cette annonce lors d'une conférence de presse à laquelle assistaient également la présidente du Parlement libyen, Aqila Saleh, et le maréchal Khalifa Haftar, commandant en chef de l'armée nationale libyenne (LNA). Al Sisi a expliqué que cette initiative - qui vise à représenter "équitablement" les trois provinces qui composent la nation nord-africaine - exige "le respect des efforts internationaux et un cessez-le-feu en Libye", une cessation des hostilités qui, selon les mots du leader égyptien, débutera à six heures du matin lundi. 

Le document comprend l'adoption d'une déclaration constitutionnelle qui "régit la prochaine étape en Libye", selon les informations publiées à Al Ain. Lors de son discours, Al Sisi a également souligné que cette mesure oblige toutes les parties étrangères à retirer les mercenaires étrangers en Libye, ainsi qu'à démanteler leurs milices et à leur remettre leurs armes. 

Cette annonce intervient deux jours après que le commandant de l'armée nationale libyenne, le maréchal Khalifa Haftar, ait demandé le soutien international de l'Égypte pour mettre fin à l'intervention turque dans ce pays d'Afrique du Nord. L'escalade militaire dans cet État d'Afrique du Nord s'est intensifiée ces derniers mois suite à un accord signé en novembre dernier entre la Turquie et le gouvernement d'accord national (NAG) basé à Tripoli et dirigé par Fayez Sarraj. En outre, ces dernières heures, le gouvernement d'union nationale a annoncé qu'il était parvenu à défendre son fief et à rétablir le contrôle total sur la capitale du pays, Tripoli.  Dans ce scénario, les combattants fidèles à la GNA ont réussi à reprendre l'aéroport international de Tripoli, qui est désaffecté depuis 2014 et qui est l'une des positions clés pour défendre la ville par l'axe sud.

La GNA reconquiert Syrte 

En outre, des milices soutenues par des mercenaires recrutés par la Turquie ont reconquis samedi la ville stratégique d'Al Wishka et ont atteint le centre de la ville côtière de Syrte, dans le centre de la Libye. Le major Abdelhadi Drah, porte-parole de l'opération "Volcan Ira", a indiqué que ses milices ont également reconquis la ville de Buwairat Hassoon, sur la route entre Syrte et l'oasis de Jufrah.

L'instabilité politique et sociale qui caractérise l'État libyen a conduit ce pays à devenir un foyer d'insécurité pour certains des États voisins. Ce scénario implique également un certain nombre d'acteurs tels que les réseaux de criminalité organisée et les milices armées. Al Sisi a mis en garde contre la gravité de la situation actuelle dans ce pays d'Afrique du Nord, soulignant que "les répercussions de cette crise ne touchent pas seulement la Libye, mais aussi d'autres pays de la région". 

Après plusieurs jours de réunions visant à analyser l'impact du conflit sur l'Etat nord-africain, le président égyptien a déclaré avoir demandé au président du Parlement libyen et à Haftar de rédiger une déclaration qui inclurait une initiative intra-libyenne pour résoudre la crise actuelle. Il a également exprimé son inquiétude quant aux pratiques de certaines milices étrangères sur la scène libyenne.

Al Sisi a présenté cette initiative après avoir rencontré au Palais fédéral Aqila Saleh et le maréchal Haftar, en présence du lieutenant général Mohamed Zaki, le ministre égyptien de la défense, Abbas Kamel, chef des services de renseignement égyptiens, Ali Abdel Al, chef du Parlement égyptien, et Sameh Shoukry, le ministre égyptien des affaires étrangères, selon un porte-parole de cet organisme auprès des médias Al Ain. Jusqu'à présent, Ankara a déployé plus de 11.600 mercenaires syriens dans ce pays d'Afrique du Nord pour gonfler les rangs de l'ANG, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme. Les pertes de combattants syriens en Libye ont augmenté ces dernières semaines en raison du manque d'entraînement et d'armement de ces mercenaires. Le nombre total de pertes parmi les groupes soutenus par la Turquie s'élève maintenant à 351, dont 20 enfants de moins de 18 ans.