L'engagement du Maroc pour le développement avec l'accès du Sahel à l'Atlantique, un tournant stratégique
Le Maroc entreprend une initiative stratégique avec sa politique de promotion et d'encouragement de l'accès des pays du Sahel à l'océan Atlantique, avec le soutien fort du roi Mohammed VI, qui s'inscrit dans son concept habituel de plaidoyer constant en faveur d'une approche de développement dans le traitement des problèmes du Sahel.
- Rencontre à Marrakech
- Communiqué final : des raisons impérieuses
- Une Afrique nouvelle, forte et audacieuse
- Le Sahel a toujours été au cœur de la politique étrangère du Maroc
L'animosité à l'égard de la France dans des pays comme le Mali, le Niger, le Tchad et le Burkina Faso s'est reportée sur le reste des Européens qui sont présents dans ces pays depuis des années dans le but de contribuer à la formation de leurs forces armées et de sécurité et de renforcer les institutions civiles, avec un échec inquiétant après l'intervention russe, avec le soutien de l'Algérie.
Contrairement à la politique de confrontation menée par le gouvernement algérien, l'initiative marocaine s'inscrit dans une perspective de développement économique et social, ce qui représente un tournant stratégique pour la région initié par Mohammed VI en faveur des pays du Sahel.
Rencontre à Marrakech
A Marrakech, la première réunion des ministres des Affaires étrangères du Maroc, du Burkina Faso, du Mali, du Niger et du Tchad a permis de commencer à jeter les bases d'une coopération au développement qui, selon le ministre marocain Nasser Bourita, a été constamment évoquée par le roi Mohammed VI face à la situation au Sahel.
Lors d'une conférence de presse conjointe à l'issue de la réunion ministérielle de coordination sur l'initiative du Roi pour favoriser l'accès des pays du Sahel à l'océan Atlantique, Nasser Bourita a souligné que Mohammed VI a toujours pris des décisions importantes en faveur de ces Etats, notamment l'exonération des droits de douane à l'entrée de leurs produits sur le marché marocain et l'effacement de leurs dettes.
Le ministre a également estimé que l'approche militaire et sécuritaire dans le traitement des problèmes des pays du Sahel est importante, mais reste insuffisante, soulignant que les approches de développement sont à même d'offrir des solutions aux problèmes réels de ces Etats.
Bourita a également souligné que la stabilité des pays de la région doit émaner de leur propre volonté et ne pas être imposée de l'extérieur, notant que le Sahel dispose du potentiel et des ressources humaines pour développer une vision de son avenir.
Organisée à l'initiative du Maroc, cette réunion de coordination a vu la participation du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali, Abdoulaye Diop, du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération régionale et des ressortissants du Burkina Faso à l'étranger, Karamoko Jean Marie Traoré, du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des ressortissants du Niger à l'étranger, Bakary Yaou Sangaré, et du directeur général pour l'Afrique et l'intégration africaine du ministère des Affaires étrangères, des ressortissants du Tchad à l'étranger et de la Coopération internationale, Abakar Kourma.
Communiqué final : des raisons impérieuses
La réunion s'est achevée par l'adoption d'un communiqué final, dans lequel les ministres des affaires étrangères du Burkina Faso, du Mali, du Niger et du Tchad ont exprimé le soutien de leurs pays à l'initiative internationale de Mohammed VI visant à favoriser l'accès des États du Sahel à l'océan Atlantique, qui offre de grandes opportunités pour la transformation économique de l'ensemble de la région.
"De nombreuses raisons substantielles et pragmatiques font de cette initiative royale la promesse d'un tournant stratégique pour nos pays", a déclaré Nasser Bourita à l'ouverture de la réunion de coordination.
La première de ces raisons, a dit le ministre, est la tradition de coopération, d'entraide et de solidarité qui a toujours existé entre le Maroc, les souverains du Maroc et les pays frères du Sahel. A cet égard, il a rappelé que le Roi Mohammed VI a toujours valorisé et promu ces liens, notant que l'Initiative Royale est le prolongement de l'engagement actif et solidaire du Royaume, et du Souverain en personne, avec les pays frères du Sahel.
"Il s'agit simplement et humblement de capitaliser sur une tradition de coopération solidaire, pour démontrer la triple conviction qui sous-tend la Démarche Royale", a expliqué M. Bourita. Pour le Roi, le Sahel n'est pas - et n'a jamais été - une région comme les autres, et encore moins une simple zone de transition entre l'Afrique du Nord et l'Afrique subsaharienne.
La deuxième conviction est que le roi a toujours cru au potentiel des pays du Sahel. "Là où beaucoup voient des problèmes, le Roi voit des opportunités. Là où certains parlent de désespoir, le Roi voit le potentiel, et là où certains optent pour des solutions faciles, le Roi préconise l'utilisation de fonds pour développer de vraies solutions", a déclaré M. Bourita.
C'est pour cette raison, et c'est la troisième conviction, que le roi prône le développement comme la clé pour résoudre les problèmes du Sahel.
Une Afrique nouvelle, forte et audacieuse
Dans cette optique, l'Initiative Royale est "la promesse que le Maroc apportera toute son énergie, mobilisera tous ses efforts et partagera tout son savoir-faire", a-t-il souligné, précisant qu'il s'agit de soutenir les partenaires du Sahel, de libérer l'énorme potentiel de la région et d'accélérer ainsi la croissance et le développement durable et inclusif des économies de la région.
Cette initiative reflète la philosophie de la Vision Royale, exprimée lors du 29ème Sommet de l'UA, pour "l'émergence d'une nouvelle Afrique : une Afrique forte, une Afrique audacieuse qui prend la responsabilité de défendre ses intérêts, une Afrique influente dans le concert des nations".
Dans le même contexte, M. Bourita a souligné que si les forces du mal - terroristes, séparatistes et autres fauteurs de troubles - parviennent à régionaliser leur menace, il n'y a pas de raison que les forces du bien ne puissent pas régionaliser la croissance et le développement de leurs populations.
"C'est l'objectif de l'Initiative Mohammed VI de favoriser l'accès des pays frères du Sahel à l'océan Atlantique. Il serait inconcevable aujourd'hui qu'une région aussi fertile que le Sahel reste enclavée par manque de solidarité ou d'audace", a-t-il soutenu.
En somme, a résumé M. Bourita, l'initiative royale propose de repenser le paradigme et de construire ensemble des solutions créatives et courageuses.
"Au commerce mercantile, le Roi préfère l'investissement qui crée véritablement une richesse partagée et durable. À l'assistance anesthésiante, le Roi préfère les projets structurants et gagnant-gagnant ; et à la force implacable de la sécurité, le Roi mise sur le pouvoir insoupçonné de la formation des esprits", a-t-il conclu.
Le Sahel a toujours été au cœur de la politique étrangère du Maroc
Le Sahel a toujours été au cœur de la politique étrangère du Maroc, qui est un "partenaire fiable" pour les pays de la région, a souligné Bakary Yaou Sangaré, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Nigérians à l'étranger.
"Pour nous, le Maroc est un partenaire fiable qui respecte notre dignité, notre souveraineté et notre indépendance", a déclaré M. Sangaré lors de la conférence de presse.
A cet égard, le ministre a indiqué que les pays du Sahel entendent "tout mettre en œuvre pour tirer le meilleur parti" de cette initiative royale, qui vise à donner un nouvel élan au développement des Etats de la région.
L'Initiative Atlantique du Roi "nous permettra non seulement de développer nos infrastructures, mais aussi de désenclaver nos pays sur le plan interne et international", a-t-il dit.
Cette initiative, qui "vient à point nommé", offre aux Etats du Sahel la possibilité d'écouler leurs produits sur le marché international à moindre coût, selon Sangaré, qui a profité de l'occasion pour remercier le Maroc, "un pays ami non seulement du Niger, mais aussi du Sahel".
