Les Émirats réaffirment l'engagement de l'OPEP+ face aux pressions américaines
Les Émirats arabes unis ont réaffirmé leur soutien total à l'accord de l'OPEP+ sur son dernier accord de production de pétrole, face aux récentes déclarations du président américain Joe Biden, qui a demandé une nouvelle augmentation de la production de pétrole afin de faire baisser les prix des carburants face à la crise déclenchée par l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
L'offensive russe sur le territoire ukrainien a généré une hausse des prix du pétrole jamais vue au cours de la dernière décennie, et il y avait un certain consensus sur l'augmentation de la production pour faire baisser le prix du brut. Le gouvernement de Joe Biden a exercé des pressions en ce sens pour amener les pays producteurs à s'aligner sur sa demande d'augmentation de la production, une ligne qui a également été soutenue par les Émirats ; mais au sein de l'OPEP+, qui comprend les principaux producteurs mondiaux de pétrole brut ainsi que d'autres nations comme la Russie, on a refusé d'aller au-delà de l'augmentation convenue lors de la dernière réunion de l'agence, qui fixait le boom de la production à 400 000 barils supplémentaires par jour, comme le rapporte le Financial Times.
Les pressions exercées par les États-Unis pour modifier la feuille de route de l'OPEP+ ont échoué, comme en témoignent divers médias tels que Al-Arab News et le Financial Times. Dans le cas des Émirats en particulier, Washington voulait rejoindre Abu Dhabi dans sa proposition de produire plus de pétrole pour faire baisser les prix du marché mondial, mais le pays arabe a souligné son engagement envers les pactes de l'OPEP+, quelle que soit la position des États-Unis.
Suhail al-Mazrouei, le ministre de l'Énergie des EAU, a réaffirmé l'engagement des EAU envers la production de l'OPEP+ après que l'ambassadeur des EAU à Washington, Yousef al-Otaiba, ait déclaré que son pays voyait d'un bon œil l'augmentation de la production de pétrole. Arab News a noté que les États-Unis ont tenté d'utiliser le déplacement de l'ambassadeur pour montrer que l'État du Golfe adhérait à leurs exigences, mais les EAU ont clairement indiqué que leur désir d'augmenter leur quota de pétrole coïncidait avec la ligne américaine et n'était pas une décision prise sous la pression du géant américain, et que les EAU continuaient à respecter l'accord OPEP+.
Les observateurs considèrent la détermination d'Al-Mazrouei comme un message clair indiquant qu'Abou Dhabi est très attaché à l'OPEP+ et qu'il ne devrait pas agir à l'encontre de la ligne fixée par l'organisation des principaux producteurs de pétrole du monde et en marge d'un allié solide comme l'Arabie saoudite.
Cela coïncide avec les derniers rapports de médias tels que le Wall Street Journal, qui indiquent que Joe Biden a tenté de s'entretenir par téléphone avec Mohammed bin Zayed, prince héritier d'Abu Dhabi, et Mohammed bin Salman, prince héritier d'Arabie saoudite, afin de recueillir un soutien en faveur des sanctions imposées à la Russie pour l'invasion de l'Ukraine et également pour faire face à la hausse des prix du carburant due à la crise énergétique qui a éclaté. Mais elle n'a finalement pas trouvé de réceptivité en raison du fossé diplomatique qui s'est creusé entre ces deux pays arabes et les Etats-Unis en raison de divergences sur la politique menée par le gouvernement de Joe Biden au Moyen-Orient, comme le souligne le média Al-Arab.
L'Arabie saoudite et les Émirats sont en désaccord avec les orientations de Joe Biden sur des questions très importantes telles que la guerre au Yémen et l'accord nucléaire avec l'Iran.
Le gouvernement américain a perdu un certain intérêt pour le Moyen-Orient et, dans le cas de la guerre au Yémen, il a réduit les ventes d'armes à la coalition arabe qui combat les rebelles houthis au Yémen, dirigée par le Royaume d'Arabie saoudite avec le soutien des Émirats arabes unis.
Le Royaume et l'Émirat subissent également de lourdes attaques de drones et de missiles de la part de la milice Houthi, soutenue par la République islamique d'Iran, grand représentant de la branche chiite de l'islam, par opposition à la branche sunnite, principalement parrainée par l'Arabie saoudite. Pendant ce temps, les rebelles houthis continuent de se battre pour saper le gouvernement légitime du Yémen et un soutien militaire américain plus important fait défaut.
D'autre part, il y a la question de l'accord nucléaire avec l'Iran, un pays qui a été pointé du doigt par plusieurs analystes pour avoir déstabilisé la région du Moyen-Orient en raison de son ingérence dans les affaires des autres États par le biais de groupes chiites, tels que les Houthis au Yémen et le Hezbollah au Liban. Les États-Unis ont fait des ouvertures au régime des Ayatollahs pour revenir sur l'accord nucléaire signé en 2015, qui limitait le programme atomique iranien. La dernière administration américaine de Donald Trump s'est retirée de l'accord, arguant que le pays perse ne respectait pas l'accord, et a imposé des sanctions. L'Iran a répondu en ne respectant pas des points importants de l'accord, tels que les niveaux d'enrichissement de l'uranium.
Des pays comme l'Arabie saoudite et Israël considèrent l'Iran comme une grande menace s'il développe son programme nucléaire, et la possibilité d'un retour au pacte nucléaire par les États-Unis et divers pays européens suscite de grandes inquiétudes quant à la possibilité qu'il puisse se doter d'armes nucléaires, ce que Téhéran nie.
Ces changements de politique américaine au Moyen-Orient ont déconcerté l'Arabie saoudite et les Émirats, d'où la distanciation politique actuelle, comme l'ont souligné des médias tels que Al-Arab.
Les États-Unis tentent d'axer davantage leur politique étrangère sur l'Asie afin de faire face à la montée en puissance de la Chine, tant sur le plan politique qu'économique, qui fait de ce pays le principal rival des Américains dans la compétition géopolitique actuelle. Ce scénario réduit l'intérêt de l'Amérique pour le Moyen-Orient, ce qui pourrait être très préoccupant pour le Royaume d'Arabie saoudite et l'Émirat.
Coordinateur pour l'Amérique : José Antonio Sierra.