L'Inde fait des progrès décisifs dans la course aux armes hypersoniques
Alors que la compétition mondiale pour les armes hypersoniques s'intensifie, l'Inde a fait un grand pas en avant en achevant récemment le fonctionnement d'un moteur à combustion cryogénique actif. Cette réalisation intervient à peine deux mois après l'essai réussi de son premier missile hypersonique de longue portée développé localement, rapporte l'EurAsian Times.
En novembre dernier, l'Inde a également procédé au lancement d'un missile supersonique à longue portée, capable de transporter des charges multiples sur des distances de plus de 1 500 km.
L'Organisation indienne pour la recherche et le développement en matière de défense (DRDO) a démontré sa capacité à construire une chambre de combustion cryogénique active, une avancée cruciale pour le développement de véhicules supersoniques.
La technologie des armes hypersoniques permet aux pays de combiner vitesse extrême, manœuvrabilité et vol à basse altitude, ce qui les rend beaucoup plus difficiles à détecter et à suivre. Contrairement aux missiles balistiques traditionnels, les armes hypersoniques ne suivent pas une trajectoire prévisible, mais peuvent manœuvrer en vol, ce qui les rend encore plus imprévisibles et meurtrières.
Les missiles de croisière hypersoniques peuvent atteindre des vitesses supérieures à 5 400 kilomètres par heure, soit plus de cinq fois la vitesse du son.
Il existe deux grandes catégories d'armes hypersoniques : les véhicules aériens, qui sont lancés par un missile et planent ensuite vers leur cible, et les missiles à voilure, qui sont équipés de moteurs à grande vitesse ou de moteurs à réaction qui les maintiennent à une vitesse élevée jusqu'à ce qu'ils atteignent leur destination.
Les moteurs à réaction sont une technologie clé pour ce type de missiles. Ces moteurs permettent la combustion à des vitesses supersoniques sans nécessiter de pièces mobiles, ce qui les rend plus efficaces et plus résistants aux exigences extrêmes du vol hypersonique.
À cet égard, le DRDO a annoncé que les essais au sol des moteurs Scramjet ont donné des résultats remarquables, soulignant leur potentiel d'utilisation pratique dans les véhicules hypersoniques.
En outre, l'Inde a mis au point un revêtement céramique à barrière thermique (TBC) avancé, qui offre une résistance thermique exceptionnelle, lui permettant de fonctionner à des températures supérieures au point de fusion de l'acier.
Avec cet essai, l'Inde rejoint un « club d'élite » de pays, dont les États-Unis, la Russie, la Chine et la Corée du nord, qui sont à la pointe du développement de l'armement hypersonique.
Les essais du missile et du moteur Scramjet de l'Inde ont eu lieu juste après que la Chine a dévoilé son nouveau véhicule aérien hypersonique, le GDF-600, lors de son salon aéronautique phare de Zhuhai.
Cette percée est le résultat d'années de recherche et de développement axées sur la création de missiles hypersoniques de pointe.
L'idée de développer un missile hypersonique indien est née en 2007, après l'acquisition par l'armée du système de missiles Brahmos.
En 2009, l'Inde et la Russie ont signé un protocole d'accord qui a jeté les bases du développement du Brahmos-2, un missile qui exploiterait la technologie hypersonique Scramjet pour attaquer des bunkers nucléaires profondément enterrés et d'autres cibles lourdement protégées.
La technologie Scramjet est un élément essentiel des armes hypersoniques. Contrairement aux moteurs classiques à statoréacteur ou subsoniques, le Scramjet utilise la puissance de l'air comprimé à des vitesses supersoniques, combinée à de l'hydrogène.
L'Inde a commencé à tester la technologie Scramjet en 2016. En août de la même année, l'Organisation indienne de recherche spatiale (ISRO) a testé avec succès deux moteurs Scramjet développés localement.
Pour faire progresser ses capacités hypersoniques, l'Inde a procédé, entre 2019 et 2020, à des essais d'un véhicule de démonstration de la technologie hypersonique (HSTDV), également développé localement. Si le test de 2019 a échoué, celui de 2020 a été un succès retentissant, le HSTDV équipé d'un moteur Scramjet ayant maintenu le vol pendant 22 à 23 secondes.
Selon un communiqué du DRDO, la chambre de combustion du moteur Scramjet utilise une méthode avancée de stabilisation de la flamme qui lui permet de maintenir une combustion constante même à des vitesses supérieures à 1,5 kilomètre par seconde.
Pour mettre au point ce système, de multiples méthodes innovantes d'allumage et de capture de la flamme ont été étudiées et testées dans le cadre d'essais rigoureux au sol, ce qui a finalement abouti à la conception optimisée du moteur Scramjet.
Le développement local d'un carburant endothermique pour le moteur Scramjet a constitué une avancée majeure dans ce processus, ce qui n'avait jamais été fait en Inde auparavant, et représente une étape importante dans la recherche et le développement des technologies hypersoniques.
Au niveau mondial, la course aux armes hypersoniques s'intensifie et la Chine s'est imposée comme un leader dans cette technologie, dépassant les États-Unis et la Russie dans le développement d'armes conventionnelles et nucléaires à grande vitesse.
En 2023, l'armée chinoise a testé avec succès son missile balistique à moyenne portée DF-27 à l'aide d'un véhicule aérien hypersonique. Cette avancée a permis au DF-27 de pénétrer facilement les systèmes de défense antimissile.
Selon le rapport sur la puissance militaire chinoise en 2023, publié par les agences officielles américaines, le missile balistique à moyenne portée DF-17, équipé d'un véhicule aérien hypersonique, aura un impact significatif sur la capacité de l'armée chinoise en matière de missiles.
Le DF-17 est capable de transporter des armes nucléaires, mais il est principalement conçu pour des missions conventionnelles. Cette percée, associée aux réalisations de la Chine dans le domaine de la technologie des avions supersoniques, renforce les ambitions de l'Inde en matière de développement d'armes hypersoniques.
De leur côté, les États-Unis intensifient également leurs efforts dans ce domaine. Le mois dernier, le Rapid Capabilities and Critical Technologies Office de l'armée américaine, en collaboration avec les Strategic Systems Programmes de la marine, a réussi un essai en vol de bout en bout d'un missile hypersonique conventionnel.
Le LRHW, également connu sous le nom de Dark Eagle, est le résultat de plus de deux ans d'efforts consacrés au déploiement de cette arme à partir d'un lanceur monté sur remorque. Le missile est spécialement conçu pour contrer les capacités avancées d'anti-accès et de déni de zone, un élément clé de la stratégie de défense de la Chine dans le Pacifique, selon le service de recherche chinois. Selon le service de recherche du Congrès américain, le missile est également conçu pour être utilisé dans le Pacifique.
Contrairement aux programmes chinois et russes, les armes hypersoniques développées par les États-Unis seront équipées de charges utiles conventionnelles et non nucléaires.
Le rapport du Congrès américain, intitulé « Les armes hypersoniques : contexte et questions pour le Congrès », note que les armes hypersoniques américaines sont susceptibles d'être plus précises et techniquement plus difficiles à développer que les systèmes d'armes nucléaires de la Chine et de la Russie.
La Russie a développé son missile balistique intercontinental Sarmat et l'a équipé de l'Avangard HGV, un système capable de transporter des ogives nucléaires.
Dans le même temps, les médias d'État nord-coréens ont fait état de l'essai du missile supersonique Hwasong 16B, que le président Kim Jong Un a qualifié de « pièce essentielle de la dissuasion nucléaire ».