L'Iran prévient qu'il ne négociera pas sur son programme nucléaire sous la pression

Le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araqchi a prévenu jeudi que son pays ne négocierait pas « sous la pression ou l'intimidation » sur son programme nucléaire, après avoir rencontré le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi.
Pour sa part, le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique, Mohammad Eslami, a assuré que la République islamique réagirait « immédiatement » à toute pression étrangère, et Grossi a exhorté à obtenir des résultats dans les négociations pour « éviter la guerre ».
La visite du diplomate argentin intervient une semaine après l'élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, qui, au cours de son premier mandat (2017-2021), a promu une politique de « pression maximale » contre Téhéran, en rétablissant les sanctions et en retirant les États-Unis de l'accord conclu en 2015 entre Téhéran et les grandes puissances sur le programme nucléaire iranien.
L'Iran est « prêt à négocier sur la base de nos intérêts nationaux et de nos droits inaliénables, mais nous ne sommes pas prêts à négocier sous la pression ou l'intimidation », a déclaré sur les médias sociaux Araqchi, qui était en 2015 l'un des principaux négociateurs de l'accord de 2015.
Peu après, lors d'une conférence de presse avec Grossi, Eslami a déclaré que « toute résolution interventionniste [de l'AIEA] dans les affaires nucléaires de la République islamique d'Iran fera l'objet de contre-mesures immédiates ».
Important & straightforward talks with DG @rafaelmgrossi this morning.
— Seyed Abbas Araghchi (@araghchi) November 14, 2024
As a committed member of NPT we continue our full cooperation with the IAEA. Differences can be resolved through cooperation and dialogue. We agreed to proceed with courage and good will.
Iran has never… pic.twitter.com/bwLLzrKzwE
Éviter la « guerre »
Grossi a estimé qu'il était « indispensable d'obtenir des résultats concrets [...] qui montrent que ce travail commun améliore la situation [...] et, en général, nous éloigne des conflits et, en fin de compte, de la guerre ».
« Les installations nucléaires iraniennes ne doivent pas être attaquées », a insisté le diplomate, quelques jours après que le nouveau ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré que la République islamique était « plus exposée que jamais à des attaques contre ses installations nucléaires ».
Rafael Grossi est arrivé à Téhéran mercredi soir et prévoit de rencontrer également le président iranien Masud Pezeshkian, selon l'agence de presse officielle IRNA.
En 2015, l'Iran et plusieurs pays, dont les États-Unis, ont signé un accord à Vienne après 21 mois de négociations. Le texte prévoyait un allègement des sanctions internationales contre l'Iran en échange de garanties que le pays ne chercherait pas à se doter de l'arme nucléaire.
Téhéran nie que son programme nucléaire ait de tels objectifs militaires.
Mais depuis que Trump a retiré les États-Unis de l'accord en 2018, la République islamique a considérablement augmenté son stock d'uranium enrichi à 60 %, pas très loin des 90 % nécessaires pour développer une bombe atomique, selon l'AIEA.
L'accord limitait ce taux à 3,65 %.
C'est dans ce contexte que Grossi est retourné en Iran, après une autre visite en mai.
Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier a fait craindre un accroissement des tensions entre Washington et Téhéran.
« Les marges de manœuvre commencent à se réduire » pour l'Iran, a averti Grossi dans un entretien à l'AFP mardi, ajoutant qu'il était « impératif de trouver des moyens de parvenir à des solutions diplomatiques ».

Des chambres déconnectées
Les Iraniens « disposent d'un nombre important de matériaux nucléaires qui pourraient être utilisés pour fabriquer une arme nucléaire », a déclaré Grossi à la chaîne américaine CNN, mais il a ajouté qu'« à ce stade, ils n'ont pas d'armes nucléaires ».
L'Iran a réduit les inspections de ses installations nucléaires depuis 2021. Les caméras de surveillance ont été éteintes et l'accréditation d'un groupe d'experts a été retirée.
En 1970, l'Iran a ratifié le traité de non-prolifération (TNP), qui l'oblige à déclarer ses matières nucléaires à l'AIEA et à laisser cette dernière les contrôler.
Mais ces dernières années, plusieurs dirigeants iraniens ont publiquement évoqué la possibilité de posséder une bombe atomique comme outil de dissuasion, dans un contexte de forte tension avec Israël.
L'ayatollah Ali Khamenei, au pouvoir depuis 1989 et qui a le dernier mot sur les questions sensibles du pays, a interdit l'utilisation de l'arme atomique dans un décret religieux.