L'Iran rompt avec l'AIEA

Centrifugeuses sur le site d'enrichissement d'uranium de Natanz, dans le centre de l'Iran - PHOTO/Atomic Energy Organisation of Iran via AP
La République islamique interdit l'inspection de ses installations nucléaires sans autorisation gouvernementale, suite à la décision du Parlement iranien ratifiée par le président Masoud Pezeshkian 

L'Iran a suspendu sa coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), ce qui signifie que les installations nucléaires nationales ne pourront plus être inspectées par cette agence dépendant de l'Organisation des Nations unies (ONU) sans l'autorisation du gouvernement perse. 

Le Parlement iranien a officiellement décrété cette rupture, qui a été ratifiée par le président iranien, Masoud Pezeshkian. Désormais, la loi stipule que toute inspection future de l'agence de surveillance devra être approuvée par le Conseil suprême de sécurité nationale de Téhéran.

La décision est justifiée par le camp iranien par les attaques d'Israël et des États-Unis contre les intérêts de la République islamique. En effet, le régime de Téhéran accuse l'AIEA d'avoir facilité les attaques israéliennes et américaines contre des installations nucléaires perses. 

« L'AIEA et son directeur général sont entièrement responsables de cette situation sordide », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araqchi, qui a accusé l'agence atomique de l'ONU d'avoir adopté « une résolution politiquement motivée contre l'Iran ».

Le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araqchi signe un document officiel à son arrivée à Riyad, en Arabie saoudite, le 9 octobre 2024 - PHOTO/ SAUDI PRESS AGENCY via REUTERS

Cette dérive dans les relations entre l'Iran et l'AIEA nuit gravement aux négociations internationales sur le programme nucléaire iranien. 

Ces derniers mois, des efforts ont été déployés pour redresser la situation et rétablir le Plan d'action global conjoint (PAIC), dont les États-Unis se sont retirés en 2019. Cet accord avait été conclu en 2015 entre les États-Unis, l'Iran, la Chine, la Russie, la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Union européenne afin de superviser le programme atomique perse dans le but d'éviter une éventuelle utilisation militaire de celui-ci, intention toujours niée par le régime des ayatollahs, qui a toujours préconisé une utilisation civile de son programme nucléaire. 

Après la rupture du PAIC, sous le premier gouvernement américain de Donald Trump, des sanctions ont été prises contre l'Iran, principalement liées au pétrole, principale source de financement perse, et le régime des ayatollahs a réagi par des actions belliqueuses dans la mer Rouge et le détroit d'Ormuz, principale zone de passage du commerce pétrolier mondial. Cette situation a provoqué une grande instabilité internationale. 

Le défi a toujours été d'empêcher l'Iran, pays considéré comme un facteur de déstabilisation au Moyen-Orient, de se doter de l'arme nucléaire, d'où la surveillance constante de ses activités atomiques. Ces derniers mois, des efforts ont été déployés pour relancer l'accord visant à contrôler le programme nucléaire iranien en échange de certaines concessions pour le pays perse. Toutefois, les soupçons persistent, car l'Iran a enrichi de l'uranium à des niveaux qui le placent à deux doigts de pouvoir fabriquer des armes nucléaires.

Circuit secondaire des réacteurs à eau lourde d'Arak - PHOTO/Atomic Energy Organisation of Iran via AP

Dans ce contexte, après la récente escalade des tensions au Moyen-Orient concernant Israël et la guerre à Gaza, avec l'attitude belliqueuse de l'Iran, les États-Unis et Israël ont lancé des attaques contre les principales installations nucléaires iraniennes : Natanz, Fordow et Ispahan. 

La République islamique a longtemps insisté sur le fait que son programme nucléaire était à des fins pacifiques, mais les données recueillies par l'AIEA et les agences de renseignement occidentales jettent un sérieux doute sur les intentions iraniennes.