L'Iran va autoriser les inspections de l'ONU sur des installations nucléaires précédemment bloquées
Dans une déclaration commune, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA, par son acronyme en anglais) et l'Iran ont annoncé qu'ils avaient conclu un accord pour que les inspecteurs de l'ONU visitent deux sites nucléaires précédemment bloqués. L'objectif est de vérifier si le programme nucléaire de Téhéran reste pacifique. De cette manière et avec cet accord, un différend international sur le programme nucléaire qui a confronté les puissances mondiales et qui a peu à peu isolé Washington, prend fin. Selon la déclaration, l'Iran « fournit volontairement » l'accès aux sites, et des inspections ont déjà été programmées pour que les spécialistes de l'AIEA puissent effectuer leurs examens.
Cette annonce intervient lors de la première visite en Iran du nouveau directeur général de l'AIEA, Rafael Mariano Grossi, qui a pris ses fonctions en 2019. Grossi s'est entretenu avec le chef nucléaire de la République islamique, Ali Akbar Salehi, à Téhéran et les deux hommes ont convenu d'ouvrir « un nouveau chapitre de coopération ». C'est un signe de l'ouverture du régime islamique sur le contrôle des armes nucléaires.
La confrontation entre le chien de garde nucléaire de l'ONU et Téhéran s'est intensifiée ces derniers mois après que l'AIEA ait demandé à l'Iran d'autoriser ses inspecteurs à pénétrer sur deux sites nucléaires. En juin, le conseil d'administration de l'AIEA a adopté une résolution proposée par les Etats européens, demandant à Téhéran de permettre aux inspecteurs d'accéder à deux sites afin de clarifier si des activités nucléaires non déclarées y avaient eu lieu au début des années 2000.
Le président iranien Hassan Rohani a qualifié les relations avec l'AIEA de « très bonnes » et a déclaré qu'il espérait accroître la coopération avec l'agence. Le dirigeant iranien a également noté que la grande majorité des pays du Conseil de sécurité continue de soutenir l'accord de 2015, et a exprimé l'espoir que « l'unilatéralisme américain » prenne fin, selon l'Agence de presse de la République islamique.
L'agence internationale se concentrera sur les matières et les activités nucléaires relevant de protocoles spécifiques, à la suite du traité de non-prolifération nucléaire de 1968. Et bien que l'AIEA n'ait pas rendu publics les sites inspectés, le journal américain The New York Times, suite à des rapports de responsables des services de renseignement israéliens, a déclaré que l'un des sites à inspecter sera le site de développement d'armes nucléaires d'Abadeh, où des expériences avec des explosifs conventionnels auraient eu lieu.
Jusqu'à présent, l'Iran avait refusé d'accepter les demandes de l'agence, arguant que les activités suspectes dans les usines étaient basées sur des revendications israéliennes. Le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne ont rejeté la décision de Washington de maintenir un embargo sur les armes à destination de l'Iran et de réimposer des sanctions, arguant qu'ils font échouer tous les efforts visant à sauver l'accord nucléaire de 2015, dont Donald Trump s'est retiré en 2018.
Le 15 août, Trump, lors d'une conférence de presse depuis son terrain de golf à Bedminster, dans le New Jersey, a déclaré qu'il était prêt à prolonger l'embargo sur les armes à destination de l'Iran, qui expire le 18 octobre. Mais seuls deux des 15 membres du Conseil de sécurité ont voté en faveur de la résolution américaine, soulignant les divisions entre Washington et ses alliés européens depuis que les États-Unis se sont retirés de l'accord.
L'administration Trump soutient qu'elle a le droit de forcer la réimposition de sanctions par le biais du mécanisme de « snapback » de l'accord. C'est la dernière lettre avec laquelle Washington espère prolonger indéfiniment l'embargo sur les armes contre Téhéran. Le mécanisme de « snapback » permet aux Etats-Unis de profiter de leur participation initiale à l'accord nucléaire iranien entre Téhéran et les grandes puissances en 2015 pour obtenir une réimposition automatique de toutes les sanctions existantes. Comme le souligne l'AFP, bien que Trump ait décidé d'abandonner cet accord en 2018, cette mesure est encore possible en raison de la formulation confuse de la résolution 2 231 qui, il y a cinq ans, s'est avérée être l'une des plus grandes réalisations diplomatiques de l'ère Obama.
Mais avec le changement d'administration américaine, la levée des sanctions en 2015 en échange d'engagements nucléaires iraniens a, selon l'administration Trump, permis à la République islamique de réunir des milliards de dollars qui ont servi à semer « le chaos, le sang et la terreur » dans le pays, au Moyen-Orient et dans le monde entier. Pour sa part, l'ambassadeur de Russie à Vienne (siège de l'AIEA) et représentant permanent auprès des organisations internationales en Autriche, Mikhaïl Oulianov, a célébré sur son compte Twitter cette « percée » entre l'Iran et l'Agence internationale. « C'est une nouvelle preuve que le dialogue est plus productif que la pression. Félicitations aux deux parties », a écrit Ulyanov.