La Russie a voulu montrer son soutien à Téhéran en recevant la visite de son ministre des affaires étrangères

L'Iran va enrichir son uranium à 60 %, compromettant ainsi le retour au pacte nucléaire

SPUTNIK/ALEXEI DRUZHININ via REUTERS - Le président iranien Hassan Rouhani

Les négociations de Vienne semblent s'essouffler. La détermination de l'administration Biden à reprendre le pacte nucléaire de 2015 avec l'Iran n'a fait que rendre l'atmosphère politique tendue au Moyen-Orient. La Russie, qui participe aux négociations de Vienne, a voulu montrer son soutien à l'Iran par la visite de son ministre des affaires étrangères, Sergei Lavrov, à Téhéran.

Le ministre russe des Affaires étrangères n'a pas manqué l'occasion d'accuser l'Union européenne de saper les efforts de relance de l'accord nucléaire en raison des sanctions qu'elle a imposées à huit militaires et policiers iraniens, ainsi qu'à trois entités pour des violations des droits de l'homme lors des manifestations populaires de 2019.

Ces sanctions imposées par l'UE sont annoncées à un moment crucial pour la réactivation du Plan d'action global conjoint (JCPOA), et ce d'autant plus que c'est l'institution elle-même qui a joué un rôle décisif dans la relance des discussions entre les différents pays signataires du pacte. Bruxelles et Moscou ont travaillé ensemble pour préserver le pacte depuis que l'ancien président américain Donald Trump a décidé de l'abandonner en 2018.

La Russie a ouvertement critiqué l'attitude de l'Union européenne pour ce qu'elle considère comme une grave erreur sachant que des pourparlers aussi sensibles sont en cours alors qu'ils sont prévus à Vienne : "S'il y a un manque de toute sorte de coordination dans l'UE, c'est tout simplement regrettable. Mais si cette décision a été prise délibérément au milieu des négociations qui se poursuivent à Vienne pour sauver le JCPOA, alors ce n'est pas seulement regrettable, c'est une erreur qui est pire qu'un crime", a déclaré sévèrement Serguei Lavrov.

L'Iran, qui a subi il y a quelques jours une attaque contre sa centrale nucléaire de Natanz, a déclaré que cet incident ne remettra pas en cause sa position à la table des négociations face aux États-Unis et a déjà annoncé son intention de commencer à enrichir de l'uranium à 60% en réponse au sabotage.

Le négociateur en chef de l'Iran, le vice-ministre des affaires étrangères Abbas Araghchi, a expliqué que "l'incident de Natanz a renforcé notre détermination à aller de l'avant tant dans le domaine nucléaire que dans les négociations, contrairement à ce que certains peuvent penser", en faisant clairement référence à Israël. Dès le premier instant, l'Iran a désigné l'État juif comme responsable de l'attaque dans le but de nuire aux négociations en cours. Israël a déjà manifesté son mécontentement à l'égard de la décision américaine de reprendre le JCPOA et a exprimé que la meilleure option était la "politique de pression maximale" qui avait été mise en œuvre par l'ancien président américain Donald Trump.

Le "sabotage" de l'usine iranienne de Natanz a causé, selon le chef du Centre de recherche parlementaire, Alireza Zakani, que des milliers de centrifugeuses ont été endommagées et que l'usine sera inutilisable pour le processus d'enrichissement de l'uranium. Cette attaque a été le prétexte idéal pour le pays asiatique de renouveler les machines de cette usine et d'installer 1 000 nouvelles centrifugeuses d'une capacité supérieure de 50 %.

Malgré cette décision du régime des ayatollahs, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s'est dit confiant de "sauver l'accord" et a exhorté les États-Unis à "revenir sans délai à leurs engagements au titre du JCPOA et à lever toutes les sanctions". M. Lavrov a également déclaré qu'il voyait l'Iran ouvert à la négociation et que tout dépendait largement de ce que ferait le pays présidé par Joe Biden.

La décision de l'Iran d'augmenter l'enrichissement de l'uranium n'est rien d'autre qu'une nouvelle mesure de pression pour accélérer les négociations et provoquer les États-Unis à faire le premier pas en levant les sanctions imposées au pays perse. Pendant que les pourparlers se déroulent, la situation au Moyen-Orient se complique, notamment en ce qui concerne les relations entre Israël et l'Iran, qui deviennent de plus en plus tendues, perpétrant des attaques continues comme celle de la centrale de Natanz ou la dernière contre un navire israélien que l'État hébreu attribue à la République islamique.